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Les emojis, un langage universel? 

Chaque année, de nouveaux emojis apparaissent alors que d’autres cessent d’être utilisé, suivant les mouvances de la société. S’il permet souvent d’enrichir nos échanges numériques, ce nouveau langage qu’on croirait universel peut aussi créer certaines incompréhensions. 

Avec leurs petits visages expressifs, les emojis permettent de mettre des émotions où parfois les mots manquent, souligne Emmanuelle Parent, Directrice générale et cofondatrice du Centre pour l’intelligence émotionnelle en ligne (CIEL). Ainsi, si on est trop gêné de dire à quelqu’un qu’on l’aime ou d’avouer qu’on est triste, des emojis de cœur ou de bonhomme en larme peuvent nous faciliter la tâche. 

En phase avec leur temps 

D’un point de vue sociétal aussi, les emojis suivent ce qu’on a besoin d’exprimer.  

« Au fur et à mesure de l’arrivée de nouvelles idées sociales, de nouveaux sujets qui prennent d’assaut l’actualité, des emojis inédits vont voir le jour », explique Emmanuelle Parent.   

En fonction de certaines discussions qui ont cours dans la société, des nouveautés apparaissent. On peut penser par exemple à l’emoji qui ne se présente ni de manière masculine ou féminine, à celui d’une famille interraciale et même à celui d’un homme enceint. 

Pour ce qui est de suivre l’actualité, des sites web comme emojipedia.org vont recenser la popularité des emojis de la même manière que fonctionne Google Trends. Ainsi, on peut voir par exemple que pendant la pandémie, les emojis du vaccin, du virus, du bonhomme avec un masque ont explosé en popularité.  

Attention au quiproquo  

Mais comme le langage emojis est un langage en constante évolution, dont les codes ne sont pas compris de la même manière par tout le monde, ils peuvent créer des situations embarrassantes. 

On n’a qu’à penser au cas récemment médiatisé de l’agriculteur dont le simple emoji du pouce en l’air a été considéré comme un accord à une transaction importante alors que ce n’était pas du tout son intention.  

Ce cas n’en est qu’un parmi un grand lot de possibles incompréhensions. Roxanne Nadeau, gestionnaire de marketing numérique, évoque quelques scénarios possibles: « D’abord, comme il y a de plus en plus d’emojis de visage, quelqu’un peut aller vite, ne pas faire attention au détail du visage et se tromper dans son envoi. Exemple : l’emoji de la personne qui s’endort peut ressembler à celui de la personne qui pleure. On pourrait donc écrire un commentaire de condoléances à quelqu’un et mettre un visage endormi. Oups… ». 

Il faut aussi penser à l’appareil qu’on utilise, avertit l’experte. Car les emojis ne s’affichent pas exactement de la même manière d’un type d’appareil à l’autre. Par exemple, « l’emoji avec les dents serrées a l’air plus inquiet sur iPhone que sur Android ». D’autres emojis n’apparaissent tout simplement pas sur certains appareils. « Ça peut changer la connotation d’une conversation. » 

Creuser l’écart générationnel 

Emmanuelle Parent qui, avec son organisme le CIEL, donne beaucoup d’ateliers à des jeunes sur la communication en ligne, remarque que les emojis peuvent souligner de manière frappante les différences générationnelles. 

Ainsi, certains emojis sont plus utilisés par les baby-boomers, d’autres par les millénariaux, puis d’autres encore par la génération Z.  

Emmanuelle Parent raconte une expérience personnelle : « J’annonce à ma mère que je pars en voyage. Elle me répond avec un pouce. Je me dis qu’elle s’en fout, car moi c’est le sens que je donne à cet emoji de pouce. Quand je lui en parle pour lui dire que sa réaction est poche, elle me dit que non, son intention était plutôt d’exprimer qu’elle était très contente pour moi ». 

Le pouce est loin d’être le seul emoji dont l’utilisation diffère selon les générations. Selon ce que des jeunes lui ont dit durant ses ateliers, « mettre un emoji du bonhomme qui rit avec des larmes aux coins des yeux, c’est boomer. Si un jeune trouve quelque chose drôle, il met une tête de mort ou à la limite un bonhomme qui pleure ».  

Ceci dit, si on envoie une tête de mort à son parent, il est à parier qu’il ne comprendra probablement pas qu’on est en train de rire. 

Autre exemple, un jeune ne va jamais utiliser l’emoji du bonhomme sourire s’il est content car cet emoji est considéré « creepy », alors que pour d’autres il exprime juste le bonheur. 

Développer son propre langage 

Il n’y a aucune règle par rapport à l’utilisation de ces emojis. Il s’agit plutôt de normes apprises et répétées instinctivement, souligne l’experte. « C’est quand on va échanger avec quelqu’un d’autre, d’un autre groupe, qui a un langage emoji différent, qu’on va réaliser qu’on a développé des codes. » 

Mais avec les algorithmes des réseaux sociaux, qui créent des bulles, on va plus souvent être exposé à des gens qui communiquent d’une façon similaire à la nôtre, donc avec les mêmes emojis.  

Pour éviter des incompréhensions, surtout quand on échange sur des sujets sensibles, ou avec des gens qui ne sont pas des proches, Emmanuelle Parent estime qu’il vaut la peine de partager ses questionnements quand on n’est pas sûr de ce que notre interlocuteur veut dire plutôt que de présumer automatiquement de l’intention derrière son choix d’emoji. 

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