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La chaîne de ventre, la tendance aux multiples facettes

La chaîne de ventre «Medusa», une création de WellDunn.

La chaîne de ventre «Medusa», une création de WellDunn.

Avant tout un accessoire traditionnel africain symbolisant la féminité, la chaîne de ventre connaît un retour populaire depuis l’été dernier. Que ce soit pour embellir ses courbes, reconnecter avec son corps ou encore célébrer l’amour de soi, ce bijou (souvent) fait à la main est un ornement aux multiples facettes qui peut être porté par tous.tes. 

On l’a vue à plusieurs reprises sur Rihanna, Beyoncé ou encore des personnages de la série à succès Euphoria: la chaîne de ventre, qu’elle soit faite de perles de verre enfilées ou encore d’acier inoxydable, est le nouveau bucket hat

Châtelaine Gastin, qui fabrique ce type de bijou à la main et en vend sur Gytana, sa boutique en ligne créée en 2015, confirme l’engouement récent. «Depuis un mois ou deux, il y a beaucoup d’activité sur mon site malgré le fait que je ne fais aucune promotion», explique celle qui revient d’un congé de maladie.

Puisque les recherches comprenaient surtout des mots comme «perles de corps» et «chaînes de corps», Châtelaine (la femme, pas le magazine) a décidé de se concentrer sur la confection de ce type de bijou au redémarrage de ses activités. 

Maëlla Colas, propriétaire de la boutique en ligne LëaM, observe également une «forte demande» pour les perles de taille depuis qu’elle a commencé à en vendre il y a deux ans. «J’ai reçu un message d’une personne de mon réseau me demandant si j’étais capable de faire des perles de taille. […] Je suis partie de là, puis j’ai décidé d’en faire plus et de les commercialiser», mentionne-t-elle.

La créatrice va même jusqu’à dire que les chaînes de ventre sont maintenant ses bijoux les plus populaires. «J’ai commencé à recevoir un volume élevé de commandes en peu de temps», se rappelle-t-elle. 

Selon le chargé de cours à l’École supérieure de mode de l’ESG ­UQAM ­Philippe ­Denis, ce n’est pas la première fois que la chaîne de ventre vit son moment de gloire. «On a eu une première vague au début des années 2000, puis un retour vers 2014-2015 et là ça revient à nouveau», souligne-t-il. 

En effet, Dominique Dunn, qui a fondé l’entreprise de bijoux WellDunn en 2011, mentionne qu’elle créait davantage de chaînes de corps en 2015. Plus récemment, des bijoux de corps faits à la main dans son atelier du quartier Rosemont composent sa dernière collection. «Ça faisait quelques années que la tendance des chaînes de corps était moins présente parce qu’on était plutôt dans le bijou minimaliste. C’est peut-être l’effet post-pandémie où les gens veulent plus s’exprimer et osent aller vers des pièces plus éclatées», mentionne-t-elle. 

Dominique Dunn

Une tradition africaine

La toute première fois que Maëlla Colas a entendu parler des bijoux de taille, c’était il y a 20 ans et par une amie d’origine sénégalaise. «Elle était partie rendre visite à sa famille et elle a rapporté des chaînes de taille perlées comme cadeau», précise-t-elle. 

En effet, Philippe Denis explique que cet accessoire est une tradition de l’Afrique de l’Ouest qu’on retrouve principalement au Sénégal. Il n’existe aucune machine pour créer le modèle original, c’est-à-dire des perles enfilées sur un fil de coton. «Il y a cette valorisation du fait main. Ça vient contrecarrer le fait industriel qu’on a beaucoup décrié dans les dernières années», poursuit-il. 

Or, cette tradition s’est quelque peu perdue à travers le temps. «De génération en génération, on a un peu oublié ses racines», poursuit M. Denis. 

C’est d’ailleurs en puisant dans ses origines africaines que Châtelaine Gastin, dont le père est égyptien et libanais, a eu vent des perles de corps et de leurs bénéfices. «C’est quelque chose qui était utilisé en Afrique depuis longtemps pour beaucoup de choses, entre autres mesurer son tour de taille et sa posture», explique-t-elle. 

Pour tous les corps

Si le bijou de taille est souvent porté comme symbole de féminité et de sensualité, Philippe Denis fait une mise en garde: «La chaîne oblige à avoir une certaine posture, à s’apercevoir qu’on a quelques kilos en trop, à faire attention. Alors est-ce qu’on est vraiment dans ce désir de prôner une diversité dans la beauté de la forme des corps? J’ai un doute.» 

Ce sacre de l’authenticité, de trouver une certaine beauté dans la diversité, est à double tranchant. On en vient à un certain stade où l’estime de soi doit être réalisée à tout prix.

Philippe Denis, chargé de cours à l’UQAM

Mais Maëlla Collas est catégorique: les chaînes de ventre sont pour tous les types de corps. «Beaucoup de femmes ont tendance à penser que les chaînes de ventre et les perles de taille sont réservées aux femmes minces, qu’il faut un ventre plat pour les porter. C’est absolument faux», déclare celle qui s’est longtemps empêchée d’en avoir. «Que vous soyez une taille 4 ou une taille 24, vous pouvez toujours les porter», réitère-t-elle. 

Aucun préjudice non plus du côté de Châtelaine Gastin, qui pense que tout le monde a le droit de porter une chaîne de taille. «Si quelqu’un veut juste avoir un outil pour perdre du poids, c’est correct. Si c’est quelqu’un qui veut juste décorer son corps, qui s’aime et qui veut promouvoir l’amour-propre, pas de problème», fait-elle valoir.

LëaM par Maëlla Colas: rendez-vous sur sa boutique en ligne.

WellDunn par Dominique Dunn

Gytana par Châtelaine Gastin: rendez-vous sur sa boutique en ligne.

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