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«La SAQ, c’est pas une pharmacie», plaide la nouvelle DG d’Éduc’alcool

La directrice générale d'Éduc'alcool invite à une consommation modérée à l'année plutôt que des pauses sporadiques, comme le Défi 28 jours sans alcool.
La directrice générale d'Éduc'alcool invite à une consommation modérée à l'année plutôt que des pauses sporadiques, comme le Défi 28 jours sans alcool. Photo: Dusan Stankovic/iStock

Le plus récent sondage d’Éduc’alcool démontrait une hausse de la consommation excessive d’alcool pendant la pandémie au Québec. Même si elle ne sonne pas l’alarme, la nouvelle directrice générale de l’organisme, Geneviève Desautels, déplore que plusieurs lèvent encore le coude pour soulager leur anxiété pandémique.

«Les mesures sanitaires font particulièrement mal au niveau de la santé mentale. Et là, on va sur notre feed et on se dit: “Mon Dieu qu’il y a du monde qui s’ouvre des bouteilles. Pourquoi je ne le ferais pas moi aussi?”», constate Geneviève Desautels, à qui Métro a parlé quelques jours après son entrée en poste.

Une bouteille de vin débouchée un mardi à midi, un gin-tonic le mercredi, la bière du jeudi semblent redevenir la norme dès que les autorités sanitaires resserrent la vis. C’est ce qui contribue aux excès, au développement d’une accoutumance puis à la dépendance, s’inquiète Anne Elizabeth Lapointe, directrice de la Maison Jean Lapointe.

C’est quoi une consommation excessive?

Dès qu’on dépasse les normes véhiculées par Éduc’alcool, soit 2 verres par jour et 10 par semaine pour les femmes, et 3 verres par jour et 15 par semaine pour les hommes.

Dans son dernier rapport annuel, la SAQ enregistrait 222,3 millions de litres d’alcool vendus en 2020-2021, soit une hausse de 2,2%.

Si cette augmentation peut paraître minime, il faut se rappeler que les ventes d’alcool dans les commerces comme les restaurants ont fortement diminué en raison des fermetures successives.

On achète donc désormais soi-même son alcool pour le consommer à la maison plutôt qu’au bar ou au restaurant. Et on en achète aussi plus à la fois pour «faire des réserves», note le rapport. Le panier moyen d’achats a ainsi augmenté de près de 50%.

Mais Mme Desautels se veut rassurante. «Ce sont les gens qui sont fâchés par les mesures qui vont s’exprimer davantage sur les réseaux sociaux [par rapport à leur consommation]. Les sondages montrent aussi que la majorité des Québécois consomment comme d’habitude, c’est juste qu’ils sont plus silencieux.»

Geneviève Desautels a succédé à Hubert Sacy à la direction générale d’Éduc’alcool.

«La seule chose dont il faut se soucier actuellement, ce sont les gens qui consomment tous les jours ou consomment seuls alors qu’ils ne le faisaient pas avant», ajoute-t-elle.

En mode solution

La nouvelle directrice générale d’Éduc’alcool affirme ne pas vouloir s’attaquer directement à l’alcoolisme pandémique, mais plus largement à la pérennité des saines habitudes de vie dans des contextes de grands changements.

«Je veux qu’on soit outillé pour passer à travers d’autres types d’événements moins le fun pour que l’alcool ne soit pas un moyen de s’automédicamenter. […] La SAQ, c’est pas une pharmacie.»

Au cours de son mandat, elle s’est d’ailleurs donné pour mission de solidifier les acquis d’Éduc’alcool, mais surtout de s’attaquer à la consommation à la source en ciblant les jeunes.

Sur sa (longue) to-do list: le programme À toi de juger qui sera intégré au cursus des élèves de 5e année à la 5e secondaire afin qu’ils comprennent les effets chimiques de l’alcool et soient plus éclairés sur leurs choix. La formation sera également offerte en ligne.

Une mise à jour des contenus du site Web de l’organisme ainsi que des formations dans les bars (Action-Service et Tableau de bar) sont également au menu.

Pour cibler la jeunesse, Geneviève Desautels compte pousser Éduc’alcool dans la modernité. L’organisme aura-t-il bientôt un compte TikTok? «Peut-être», nous dit-elle. Il a même été question d’un kiosque Éduc’alcool dans le métavers de Facebook!

«On s’adresse déjà aux jeunes différemment [à coups de mèmes humoristiques notamment]. On ne veut pas démoniser l’alcool, les moraliser sans non plus banaliser la consommation, explique-t-elle. Je veux faire mieux, mais différemment.»

Avec Zoé Magalhaès

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