ENTREVUE. Lancée par la designer propriétaire Nancy Ricard, au sortir de sa formation spécialisée à l’école De Rochebelle vers la fin des années 1990, l’entreprise d’ameublement et de services de décoration Un Fauteuil pour Deux célèbre cette année 20 ans d’existence.
Après deux décennies de projets chics réalisés et de trouvailles originales dénichées, la femme d’affaires n’a rien perdu de sa passion et de sa vivacité. Celle qui demeure branchée sur son industrie et qui agit en précurseur des tendances continue d’arpenter avec curiosité les grands salons du design. Son désir et principale marque de commerce de sa galerie-boutique déménagée sur le boulevard Laurier à Sainte-Foy: ramener des meubles et accessoires déco uniques pour personnaliser le décor de ses clients.
Cinq questions à Nancy Ricard
Quelle appréciation faites-vous de l’évolution du monde du design depuis le début des années 2000?
«Il y a eu beaucoup de mouvement depuis 20 ans. Ce n’était pas un métier très connu encore à l’époque. Avec le temps, on a vu les gens s’ouvrir aux beautés et aux produits de l’étranger, grâce aux voyages et aussi à Internet. Parfois, cela peut cependant créer de la confusion, car devant l’abondance certains perdent leurs repères. Il faut user de beaucoup de psychologie pour soumettre des concepts, tout en respectant les goûts des clients. L’objectif reste de faire en sorte que les gens soient bien chez eux.»
Où trouvez-vous l’essentiel de votre inspiration?
«Moi, je suis zéro techno, mais davantage dans ce qui est tangible. J’aime voir de mes yeux et toucher de mes mains les choses. Il faut donc que je sorte et que je voyage dans les salons et que je m’inspire des meilleurs, surtout en Europe. Ses références ainsi que mon amour de la mode se retrouvent inévitablement dans mes plans de design.»
Couleurs, textures et styles, est-ce que comme en mode tout finit par revenir en design?
«Oui, c’est sûr. Tout revient, mais autrement, de façon revisitée. Il arrive même que des clients me donnent un mandat en insistant pour tout changer. Souvent, j’arrive à les convaincre qu’il vaut la peine de préserver un élément du mobilier, parce qu’on va lui donner une deuxième vie dans le nouveau décor. Je ne suis pas du genre à prôner le rejet des témoins du passé. Toutefois, il faut quand même trouver une façon de le revamper pour l’adapter. Bref, ce n’est pas intégral, mais on ne réinvente pas la roue.»
Quelle est votre pièce favorite dans la maison ou le condo et comment a-t-elle évolué?
«J’aime toutes les pièces, mais j’ai possiblement deux préférées. D’une part, la cuisine est probablement celle qui a le plus évolué. C’est le lieu de rassemblement par excellence depuis que l’intérêt s’est développé pour la bonne bouffe et les bons moments passés ensemble. L’îlot central y est devenu incontournable et, pour mon volet designer, c’est autour de celui-ci qu’il y a le plus grand potentiel de création. D’autre part, pour mon volet boutique de mobiliers et accessoires déco, le salon reste l’endroit par excellence pour développer des agencements axés sur le confort et la détente.»
À l’ère des préoccupations climatiques, comment intégrer ce souci pour l’environnement dans l’aménagement intérieur?
«Excellente question et je me considère bien placée pour y répondre, parce qu’on me reproche parfois d’importer mes produits de très loin. Par contre, il faut considérer que lorsqu’on achète des meubles de qualité et qu’ils sont bien intégrés au décor, on ne s’en lassera pas. On va les garder longtemps et on ne polluera pas l’environnement en les remplaçant au bout de trois à cinq ans, parce qu’ils sont désuets ou plus à notre goût. Mieux vaut économiser et opter pour de la qualité que d’acheter pour jeter. J’ai même des clients qui lèguent leurs meubles, ce qui rassure mon souci écologique.»
Québec Hebdo