La température n’influence pas la prolifération d’algues bleues
Bien que les épisodes d’apparition des algues bleues dans les lacs se manifestent surtout par temps chaud, en été, la chaleur n’y serait pour rien. En effet, la température de l’eau n’est pas un facteur clé dans le développement de ces cyanobactéries potentiellement toxiques.
La démonstration en a été faite par des chercheurs de huit pays, dont Sylvia Bonilla, professeure invitée au Département de biologie de l’Université Laval et professeure à l’Universidad de la República en Uruguay, ainsi que le professeur Dermot Antoniades, du Département de géographie et du Centre d’études nordiques de l’Université Laval. Pour y parvenir, ils ont analysé des données provenant de 464 lacs en Amérique.
«Ces plans d’eau sont répartis le long d’un gradient nord-sud de 14 000 km, depuis la Terre de Feu en Argentine jusqu’à l’Île d’Ellesmere au Nunavut. Ils sont situés dans des zones où le climat va d’équatorial à polaire», précise le professeur Antoniades. Les détails de cette découverte ont été publiés dans la revue Harmful Algae.
Les chercheurs ont tenté d’établir des corrélations entre la biomasse des cyanobactéries dans ces lacs et différents facteurs environnementaux. Leurs conclusions? «Il n’existe aucune association nette entre la latitude de ces lacs, leur position le long d’un gradient climatique et la biomasse des cyanobactéries qui y vivent. La température en soi n’influence pas la biomasse des cyanobactéries», résume Dermot Antoniades.
Le coupable est le phosphore
Les analyses ont plutôt révélé que le principal facteur qui explique les variations dans la biomasse des cyanobactéries dans les Amériques est la concentration de phosphore dans les eaux du lac. L’abondance de l’azote a également un effet, mais il se manifeste surtout dans les lacs dont la profondeur est de moins de 3 mètres.
«Sous nos latitudes, les floraisons de cyanobactéries surviennent l’été entre autres parce que c’est le moment de l’année où les apports en nutriments provenant du ruissellement naturel, des sédiments lacustres et des activités humaines sont les plus grands, explique-t-il. Peu importe la chaleur, en absence de phosphore et d’azote, il n’y aura pas de floraison de cyanobactéries. À l’inverse, elles peuvent proliférer sous des climats très froids», précise le chercheur.