L’entreprise de dermocosmétiques basée à l’espace d’innovation Chauveau, Omy Laboratoires, connait une croissance fulgurante depuis sa fondation, en 2018. Sa directrice générale et cofondatrice, Andrea Gomez, en a fait elle aussi du chemin depuis sa Colombie natale pour arriver à la tête d’une compagnie qui accumule les distinctions depuis sa création.
Après à peine quatre ans d’existence, Omy se prépare à faire sa place sur le très convoité marché américain. «On est actuellement en négociation avec des investisseurs en capital de risque afin de se donner tous les moyens de percer parmi les gros joueurs de l’industrie là-bas», lance d’emblée la femme d’affaires de 31 ans.
Intégration accélérée
À son arrivée au Québec avec sa famille en 2007, jamais Andrea Gomez n’aurait pensé prononcer ces mots. Elle a grandi en voyant son père opérer tant bien que mal son entreprise de logiciels informatiques en Colombie. «Je le voyais aller, à travailler très fort pour nous faire vivre et à devoir se battre avec sa clientèle, souvent de grosses entreprises, pour se faire payer. Je me disais que jamais je ne voudrais avoir ma propre compagnie», raconte-t-elle.
Même si elle avait voulu dire cette phrase en mettant les pieds au Québec, la cofondatrice d’Omy n’aurait pas pu le faire, parce qu’elle ne connaissait rien au français. «C’était un gros choc culturel pour moi quand on a déménagé ici.»
Andrea Gomez a tenu à remercier son père pour l’avoir poussée à s’intégrer dès son arrivée à Sainte-Foy. «Il m’a inscrite dans une école secondaire francophone et a refusé que je prenne part à des cours de francisation avec d’autres immigrants, se souvient-elle. L’école lui a fait signer une lettre qui le tiendrait responsable de mes potentiels échecs scolaires! Ça m’a forcée à me débrouiller pour apprendre la langue rapidement, sans pouvoir me faire d’amis avec qui parler en espagnol.»
Le champ des possibles
Après ses études en gestion de commerce au collégial et un baccalauréat en administration des affaires, la jeune femme qui a récemment accouché de jumeaux a amorcé sa carrière chez Revenu Québec. Le jour, elle était gestionnaire de projets et le soir, elle se consacrait à sa passion en tant que cosméticienne dans une pharmacie. Andrea Gomez a d’ailleurs passé des entrevues pour être représentante de produits cosmétiques chez L’Oréal. On lui avait toutefois fermé la porte.
Lors d’un évènement de réseautage à l’Université Laval en 2017, Andrea Gomez entend entre les branches qu’une jeune chimiste travaille elle aussi à créer un produit dermocosmétique qui permettrait de régler tous les problèmes de peau d’une personne. Elle a donc fait la rencontre de son «coup de foudre professionnel», la présidente et cofondatrice d’Omy Laboratoires, Rachelle Séguin.
«C’est la femme de ma vie», plaisante la cheffe d’entreprise hispanophone. Depuis 2018, les deux partenaires s’affairent à offrir des produits qui répondent aux besoins de toute leur clientèle de manière personnalisée.
En se remémorant le chemin parcouru depuis sa chambre d’adolescente, Andrea Gomez pense à un moment charnière. «Je me souviens le jour où j’ai annoncé à ma mère que j’avais quitté mon emploi chez Revenu Québec pour me lancer en affaires. Elle pleurait beaucoup. Elle me disait « tu dois penser à ta sécurité en tant que femme, tu ne veux pas avoir à courir après l’argent ».
«C’est là que j’ai réalisé à quel point je suis contente d’avoir atterri au Québec, conclut-elle. En venant ici, j’ai vu que les femmes pouvaient avoir le contrôle sur leur carrière. Qu’elles ont la possibilité de foncer et d’aspirer à de grandes choses.»