ANALYSE. Après les perturbations inédites qui ont affecté le marché du travail en 2020, la région de Québec a renoué avec la croissance en 2021. Elle a connu sa meilleure performance annuelle en plus de 10 ans malgré cette autre année marquée par les restrictions sanitaires. Toutefois, ce rebond de l’emploi constitue un rattrapage par rapport à la chute observée l’année précédente et un retard persiste en comparaison avec l’année record de 2019.
C’est ce qui ressort du Bilan et perspectives 2021-22 portant sur le Marché du travail dans la Capitale. L’exercice de Québec International constate aussi que la rareté de main-d’œuvre est demeurée d’actualité presque tout au long de la pandémie. D’une part, le phénomène est observable dans les données. Québec a clôturé l’année 2021 avec le plus faible taux de chômage d’un océan à l’autre (4,2%) et le nombre de postes vacants n’a cessé de croître. D’autre part, la rareté de main-d’œuvre est vécue par les entreprises, alors qu’un récent sondage révélait que près de neuf employeurs sur 10 indiquent avoir éprouvé de la difficulté à recruter de la main-d’œuvre en 2021.
Ce bilan 2021, brosse un portrait des industries, des professions ou des catégories de travailleurs qui ont «gagné» ou qui ont «perdu» du terrain cette année et depuis le début de la crise. Par ailleurs, l’analyse pose un regard sur l’incidence du vieillissement de la population sur la participation au marché du travail. C’est bien connu, le vieillissement exerce une pression à la baisse sur le taux d’activité de la région et il restreint son bassin de main-d’œuvre potentiel. En 2021, le nombre de personnes quittant le marché du travail surpasse celui des personnes y entrant et cela continuera d’être ainsi jusqu’en 2029.
Perspectives
La région de Québec a conclu l’année 2021 avec un bilan mitigé. Dans les circonstances, l’emploi a renoué avec la croissance malgré les bouleversements engendrés par la pandémie qui a persisté. Bien que le choc pandémique se soit résorbé, la comparaison avec l’année record de 2019 reste défavorable.
Les deux dernières années n’ont pas enrayé la rareté de main-d’œuvre vécue par les entreprises, comme en témoignent la plupart des indicateurs. Cela demeurera le cas en 2022, alors que les résultats du Sondage Conjoncture 2022 révélaient que le recrutement et la rétention de la main-d’œuvre sont les principales inquiétudes des entrepreneurs sondés (56%). Néanmoins, dans ses prévisions pour 2022, le Conference Board du Canada estime que l’emploi dans la région augmentera de 2,5%, soit davantage que l’accroissement moyen (+1,3%) inscrit lors des cinq années précédant la pandémie (2015-2019).
Le vieillissement de la population est sous-jacent à de nombreux défis auxquels notre société devra s’adapter y compris la rareté de main-d’œuvre. Celui-ci soulève des questions quant au potentiel de croissance du marché du travail de Québec dans les prochaines années, alors que le nombre de personnes quittant le marché du travail devrait surpasser celui des personnes y entrant jusqu’en 2029.
Ce phénomène ne pourra être renversé, toutefois, il a l’avantage d’être prévisible dans le temps et laisse donc la place à des ajustements pour atténuer ses répercussions. Parmi les solutions, on retrouve le maintien en emploi des travailleurs plus âgés et l’inclusion des segments de la population sous représentés comme les immigrants. L’augmentation de la productivité est également une option à envisager.