En ce 12 août, l’heure est venue de vous ruer dans votre librairie favorite pour y dégoter un (ou plusieurs, c’est à votre guise!) bouquin(s) signé(s) de la plume d’auteur.trice.s d’ici, dans la foulée de la désormais traditionnelle journée Le 12 août, j’achète un livre québécois, qui en est déjà à sa neuvième édition.
En manque d’idées pour sélectionner le bon titre à vous mettre sous la dent? L’équipe de journalistes et collaborateur.trice.s des sections Culture et Inspiration de Métro vous offre quelques suggestions d’ouvrages parus récemment.
Et vous, que lisez-vous en ce 12 août?
Douce retraite bouleversée au refuge
Référant habituellement à un endroit calme et paisible, le roman Le refuge donne une tout autre signification à ce repère voulu réconfortant. Dans son récit, Alain Beaulieu en fait le théâtre d’une histoire empreinte d’émotions fortes et de suspense. Le couple de sexagénaires qui s’y aventure pour vivre une douce retraite verra son existence bouleversée à jamais.
Antoine et Marie ont choisi de vendre leur maison en ville pour s’installer à demeure dans un chalet sans eau courante ni électricité qu’ils appellent leur refuge. Ils y coulent des jours tranquilles jusqu’à ce que tout bascule à la suite d’un braquage à domicile, par une nuit sans lune de juin. À partir de ce moment, le couple aura à négocier avec la honte des gestes irrémédiables posés et la crainte que ses secrets soient révélés.
Bien que victimes, tous deux voient leur moralité et leurs valeurs mises à rude épreuve. Aspect digne de mention, l’originalité de la trame narrative des évènements partagée en toute complémentarité entre la femme et le mari. Chacune des voix plonge le lecteur au coeur de leur drame respectif. Impossible de ne pas espérer, au fil des pages, l’émergence de la vérité et de ne pas ressentir la souffrance des personnages qui voient s’envoler leur belle sérénité.
«Le projet consiste à forer ce qui, à l’intérieur des personnages, s’est disloqué après que cet évènement a rompu l’unité fondamentale et constitutive de leurs personnalités», résume l’auteur. Alain Beaulieu est écrivain, enseignant, chercheur en création littéraire à l’Université Laval et directeur de la collection Alinéa chez Druide. Lauréat à deux reprises du Prix de création littéraire Ville de Québec–Salon international du livre de Québec, il a aussi été cité pour divers prix littéraires provinciaux et nationaux.
Publié aux Éditions Druide
- François Cattapan, journaliste
Histoires analogues, de Michel-Olivier Gasse (2022)
Dans Histoires analogues, le mélomane raconte, de son ton désinvolte et poétique à la fois, teinté d’autodérision et franchement sympathique, des souvenirs liés à des disques qui ont croisé sa route et l’ont marqué. Éternellement.
Comme When the Devil’s Loose, d’A. A. Bondy, qui l’a accompagné à travers le parc de La Vérendrye, direction Val-d’Or, où l’attendait sa blonde avant que le couple emménage ensemble à Montréal; sa petite Olive qui réclame Tu ne mourras pas de Maude Audet à l’heure du dodo; Love & Hate de Michael Kiwanuka, qui sublime un épisode d’une série sur le déclin.
Même en parlant d’artistes extrêmement nichés, jamais Michel-Olivier Gasse ne pontifie; c’est un gars passionné qui transmet son amour. Et, justement, en dévorant ces tranches de vie tenant sur quelques pages chacune, nous envahit cette ivresse que nous procure la découverte d’un album dont on sait qu’il se posera en nous pour toujours.
Publié aux Éditions Station T
- Caroline Bertrand – Journaliste Culture et Inspiration
Faire ses recherches, de Tristan Péloquin (2022)
De QAnon à la mort de Bernard Lachance, en passant par les nombreuses luttes intestines des «éveillés» autoproclamés, l’auteur fait un survol complet des événements survenus dans la «complosphère».
Mais Tristan Péloquin va également au-delà du portrait des Stéphane Blais et autres Daniel Pilon de ce monde. Avec des analyses pertinentes, il nous aide à mieux comprendre comment ce mouvement souvent farfelu a pu prendre une telle ampleur, que ce soit par les algorithmes des réseaux sociaux ou par les discours de Trump.
Faire ses recherches ne fera pas découvrir de nouveaux faits aux gens déjà bien au courant de la pensée conspirationniste, mais pourra en allumer plusieurs sur le phénomène.
Publié aux Éditions Québec Amérique
- Constance Cazzaniga – Journaliste Inspiration
La saga SNC-Lavalin – Un thriller géopolitique, de Vincent Larouche (2021)
Contrairement à ce que son contenu laisse croire, ce livre n’est pas un roman. Tous les faits, aussi abracadabrant qu’ils puissent paraître, sont véridiques et vérifiés. On y apprend tout ce qu’il y a à savoir sur l’une des pages les plus honteuses de l’histoire des multinationales québécoises: la saga SNC-Lavalin.
Les 243 pages de l’ouvrage permettent de plonger en profondeur dans les plus lourds secrets du fleuron québécois de l’ingénierie. Grâce au témoignage inédit de l’un des hommes les plus puissants des hautes sphères de l’entreprise, il est possible de comprendre où toute cette histoire a débuté.
Embauche de mercenaires, prostitution, immenses pots-de-vin, trucage de livres; tous les moyens étaient bons pour obtenir de lucratifs contrats d’infrastructure chez SNC-Lavalin. L’enquête de trois équipes de spécialistes venus de Suisse, du Canada et des États-Unis a même réussi à démontrer des liens avec certains des dictateurs les plus craints du monde arabe.
Depuis Montréal, les têtes dirigeantes de la multinationale ont mis sur pied un réseau tentaculaire dont les dividendes aboutissaient en vaste majorité dans les paradis fiscaux.
Comme Vincent Larouche le rappelle à quelques reprises dans son livre en citant le détective Lester Freamon de la série américaine The Wire: «Si vous suivez la drogue, vous attrapez des toxicomanes et des dealers. Si vous commencez à suivre l’argent, vous n’avez aucune f*cking idée d’où ça va vous mener.»
Paru aux Éditions La Presse
- Vincent Desbiens – Journaliste
Dans l’univers des Narpins. On a perdu la coupe!, de Isabelle Tremblay (2022)
Le roman de près de 300 pages est écrit en gros caractères et il entraîne l’enfant dans l’univers des Narpins, des créatures fantastiques qui ne peuvent pas être vues par tous. L’apparence des Narpins peut même varier selon l’individu. Ces petites bêtes ont le pouvoir de créer des paréidolies, une illusion que l’on peut retrouver dans la nature. Par exemple, lorsque vous imaginez la forme d’un éléphant dans les nuages, il s’agit d’une paréidolie.
Dans ce premier tome, on suit l’histoire de la jeune Olivia, une des rares personnes à pouvoir voir les Narpins, et de son meilleur ami Frigule. Ce dernier est champion en titre du grand festival annuel de son peuple, mais la coupe qui lui a été remise disparaît quelque temps avant la nouvelle édition du festival, ce qui met en péril sa participation.
Madame Tremblay explique qu’elle a imaginé l’univers avec ses deux filles de 6 et 9 ans, et qu’elle souhaite, à moyen terme, développer du matériel pédagogique en lien avec cette nouvelle série attachante.
Publié aux Éditions Pratico-Pratiques
- Benjamin Aubert – Journaliste
Michel Roberge fait cuisiner ses personnages
Une autre idée originale de l’auteur Michel Roberge vient de paraître. Après avoir laissé sa vie entre les mains d’un dangereux tueur en série dans un précédent récit, voilà qu’il propose un répertoire des recettes favorites de quelques-uns des acteurs issus de son imaginaire.
Le livre Polars & boustifaille ‐ Mes personnages cuisinent avec vous donne la parole à certains des protagonistes principaux, secondaires et figurants créés dans ses trois premiers romans Zébrures écarlates, Chronomeurtres et J’ai tué mon auteur. «J’ai convaincu 20 d’entre eux de se raconter, de partager leurs coups de coeur culinaires et de les cuisiner en compagnie des lecteurs», raconte le romancier de Sillery.
Cette fiction présente une quarantaine de recettes d’entrées, de plats principaux et de desserts. Une occasion propice pour en connaître davantage sur celles et ceux qui évoluent dans l’univers littéraire de Michel Roberge autour d’une bonne bouffe. Le tout est complété par une recension non exhaustive des auteurs qui, comme lui, ont accordé une place importante aux plaisirs de la table dans leurs récits.
Paru aux Éditions Noir Québec
- François Cattapan, journaliste
Match, de Lili Boisvert (2022)
Plus on avance dans notre lecture, plus nos rictus se mêlent à des haussements de sourcils et on ne veut que prendre la protagoniste Émilie par les épaules, la secouer et lui crier «Sors-toi de là!». Pourtant, plusieurs pourront certainement se reconnaître dans ce personnage et le rapport dysfonctionnel qui existe entre elle et son amoureux.
Match se dévore d’un trait et résonnera auprès de toutes les générations, même celles qui n’ont pas connu l’amour au temps des applications de rencontres, car il est surtout question, dans cette œuvre, d’un sujet qui restera d’actualité tant qu’il y aura de la vie sur Terre: celui des relations humaines.
Paru chez VLB Éditeur
- Naomie Gelper – Journaliste Culture
Lettre à Benjamin, de Laurence Leduc-Primeau (2021)
À travers ses mots, Laurence raconte leur histoire d’amour et leur histoire de haine: Benjamin était malade, incapable d’atteindre un bonheur stable, et Laurence, malgré ses essais, n’a pu le sauver. Elle lui en veut, s’en veut, et sa solitude accompagnera vos pensées longtemps.
Paru aux Éditions La Peuplade
- Arianne Lebreux-Ebacher – Journaliste Culture et Inspiration
Un recueil de nouvelles inspirées de l’horoscope
Avec Horoscopiques, Gilles Pellerin publie son septième recueil de nouvelles depuis 1982. Toujours aussi en verve, l’auteur renoue avec les courtes histoires en prenant pour appui les 12 signes du zodiaque.
Ainsi, chacun d’eux sert de prétexte à une nouvelle mettant en scène des personnages légèrement décalés, dont on ne saurait dire s’ils sont franchement agaçants, attachants ou carrément drôles. Chose certaine, le genre d’écriture est particulièrement bien servi, confirmant la réputation de l’auteur, maintes fois récompensé.
Nouvelliste, essayiste et romancier, Gilles Pellerin a obtenu sa maîtrise en Littérature française à l’Université Laval et a enseigné la littérature au Cégep Garneau de 1990 à 2019. Aussi auteur de trois anthologies et d’un essai sur le «petit genre», il a par ailleurs tâté du roman, de l’essai et de la correspondance. Traduit en plusieurs langues, il est membre de l’Académie des lettres du Québec.
Paru aux Éditions L’Instant Même
- François Cattapan, journaliste
Une chose étrange et gentille (et invisible), de Vincent Lambert (2021)
Rempli d’images et de réflexions justes, le recueil est le cadeau parfait pour l’ado dans votre vie ou pour l’adulte que vous êtes, et qui saura se retrouver dans ces pages. «La vérité est que j’étais / dans l’existence / comme dans un nuage / un nuage en train de fabriquer la foudre», écrit le poète. Un beau rappel que la poésie n’appartient pas qu’aux vieux sages, mais aussi (et surtout!) aux jeunes tourmentés, pleins d’énergie et de créativité.
Paru aux Éditions La courte échelle
- Zoé Magalhaès – Cheffe de section et journaliste Inspiration
Mélasse de fantaisie, de Francis Ouellette (2022)
En compagnie de Frigo, sympathique itinérant connu de tous et véritable mémoire vivante du quartier, que l’on salue comme «s’il était le maire de la ville», le narrateur revisite les lieux marquants de son enfance, des HLM de la rue Poupart à la taverne Chez Ti-Père Norman, en passant par les hangars de tôle, les ruelles de «garnotte» et les tracks de chemin de fer, qui esquissent le paysage de ce quartier populaire. Au sein de ce Faubourg marqué par la pauvreté et la violence évolue une faune hétéroclite dont Francis Ouellette brosse le portrait dans une prose imaginative, racontant les hauts et les bas «des ouvriers, des bums et des écorchés» qui tentent de survivre tant bien que mal, et dont le destin acquiert des dimensions épiques sous la plume de l’auteur.
N’esquivant pas la part de souffrance qui a été la sienne, tout en mettant en relief la beauté quasi tragique de la communauté du Faubourg, Francis Ouellette livre ainsi, avec Mélasse de fantaisie, un récit des origines audacieux, transmutant la matière brute des souvenirs d’enfance pour créer une fabuleuse fresque sociale et révéler du même coup un véritable talent de conteur.
Paru aux Éditions La Mèche
- Valérie Mailhot – Réviseure
Une fille et une balle papillon, de Richard Labbé (2022)
Serveuse au petit Café Sarducci du Vermont, Molly Monroe, 22 ans, se cherche. Elle veut devenir «quelqu’un», accomplir quelque chose de passionnant et, pourquoi pas, tirer quelques millions de son éventuel projet.
Mais quoi faire? Frappée d’une illumination, elle décide un bon matin que c’est sur un terrain de baseball que se tracera sa destinée… sans trop se formaliser du fait qu’elle n’a sensiblement jamais joué au baseball. Et alors?, répliquera-t-elle à ses proches sceptiques, dont son père, Paul, et son amoureux, Éric, décontenancé de voir soudainement sa douce se transformer en guerrière de la balle papillon. Car c’est bien ce lancer difficile que Molly aspire à maîtriser, une partie à la fois, pour toucher gloire et fortune.
Ce premier roman fort sympathique du journaliste sportif Richard Labbé, sorte de Ligue en jupons québécoise, emprunte le ton d’une comédie romantique américaine ou d’une chick lit et s’avère mignon et rigolo dès le départ. Comme l’entourage de Molly, on ricane un peu de son ambition à vouloir défoncer les barrières d’un coup de gant, en se doutant bien que, dans les romans, tout est possible!
Paru aux Éditions HUGO & CIE
- Marie-Josée R. Roy – Cheffe de section et journaliste Culture
Les trésors du site Cartier-Roberval racontés
Récemment, la Société historique du Cap-Rouge (SHCR) a reçu un important coup de pouce dans sa mission de préserver la mémoire locale. En effet, les archéologues Richard Fiset et Gilles Samson viennent de publier un livre sur leurs recherches et découvertes menées dans les hauteurs en bordure du fleuve. L’ouvrage s’intitule Le premier chapitre de l’histoire du Québec: Le site Cartier-Roberval un trésor archéologique.
Dans son descriptif, on indique que «ce livre dévoile pour la première fois au grand public les résultats d’une mission archéologique au coeur de l’histoire du Québec. Les fouilles du site Cartier-Roberval reflètent seize années de réflexion et de travail continu. On y apprend la résilience des premiers Français qui ont voulu s’établir en Amérique à travers un savoir-faire technologique et un environnement qui s’avéra fort différent de leur France natale. Ils ont aussi eu recours à un système de défense adapté contre des ennemis potentiels et ont noué les premiers liens d’amitié et vécu leurs premières querelles avec les Amérindiens, les hôtes du pays».
Lancé début juin et présenté dans le cadre de l’activité DécouvrArts, l’ouvrage aborde également les efforts d’adaptation et la volonté de s’établir en Amérique. Jusqu’à présent, le site a livré un portrait de la présence de l’élite dirigeante avec ses biens de luxe remontant à l’époque de la noblesse française du roi François 1er (1494-1547). Les auteurs comparent son importance au sein du patrimoine mondial aux réputés sites de La Isabella en République dominicaine (fondé par Christophe Colomb), de l’Anse-aux-Meadows à Terre-Neuve (établi par les Vikings) et du galion basque à Red Bay au Labrador.
Il est possible de se procurer le livre auprès de la Société historique du Cap-Rouge: 418-641-6380 ou info@shcr.qc.ca ou http://shcr.qc.ca/.
- François Cattapan, journaliste