Depuis dimanche dernier, Héma-Québec a mis fin à une procédure d’évaluation d’admissibilité au don de sang discriminant particulièrement les hommes homosexuels.
Plutôt que de déterminer l’admissibilité d’un homme au don de sang par son appartenance à un certain groupe considéré à risque, ce sera une évaluation personnalisée des comportements de la personne qui déterminera si elle peut donner du sang.
Actuellement, l’organisme refuse systématiquement le don de sang provenant des hommes qui ont eu une relation sexuelle avec un autre homme au cours des trois derniers mois. Il s’agit d’une forme assouplie en 2019 d’un vieux règlement datant de 1992.
La crise du VIH
En 1992, le règlement qui venait d’être instauré prenait la forme d’un refus systématique du don de sang par les hommes homosexuels. Il s’agit d’un règlement qui vient en réponse à la crise du virus de l’immunodéficience humaine (VIH) qui se répandait particulièrement parmi les hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes. Le but était d’éviter d’avoir du sang contaminé de VIH dans les réserves destinées aux personnes en besoin de transfusions.
Considérant que ce sont les relations sexuelles anales qui représentent un risque et non l’homosexualité masculine, tel que le rapporte une revue scientifique de l’Agence canadienne de santé publique du Canada, plusieurs groupes et personnes ont critiqué l’aspect stigmatisant et discriminant de ce règlement.
Vers une déstigmatisation
Un premier assouplissement voit le jour en 2015, alors que le Canada demande désormais aux donneurs masculins de ne pas avoir eu de relations sexuelles avec un autre homme au cours des cinq dernières années. En 2019, on demande cette abstinence pour les trois dernières années.
En rompant avec l’ancienne méthode d’évaluation basée sur l’appartenance à une orientation sexuelle, le changement dans la méthode d’évaluation, qui a pris forme le 4 décembre chez Héma-Québec, reflète mieux notre compréhension scientifique nuancée de la diffusion du VIH.
La nouvelle façon de faire permettra aussi à plus de personnes de donner du sang, ce qui devrait augmenter les réserves de sang en plus de cesser de contribuer à la stigmatisation d’un groupe opprimé.
Cette nouvelle méthode basée sur une évaluation personnalisée des comportements sexuels d’une personne est déjà appliquée dans certains pays, notamment au Royaume-Uni.