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85% des Québécois ressentent de l’anxiété face à leur situation financière

Face à un contexte économique des plus incertains et à un taux d’inflation qui ne cesse d’augmenter, de plus en plus de Québécois souffrent d’anxiété financière. La grande majorité de la population, soit 85%, ressentirait cette anxiété. Elle prendrait une forme modérée à extrême chez près de la moitié des Québécois (42%) et toucherait davantage les populations vulnérables. C’est ce que montre le nouvel indice d’anxiété financière développé par Centraide, en collaboration avec Léger et l’ACEF de Laval.

Ce nouvel indice permet de suivre l’évolution des préoccupations des Québécois au sujet de leur situation financière tout en comprenant l’impact de cette anxiété financière sur la population, notamment sur les populations vulnérables. La première édition de l’indice d’anxiété financière Centraide montre un score de 38,8 sur 100, soit une anxiété financière relativement légère des personnes interrogées.

Pour le président-directeur général de Centraide du Grand Montréal, Claude Pinard, cet indice vient valider le constat de ses équipes sur le terrain.

Ça vient confirmer avec du data très solide ce qu’on voit sur le terrain et la nécessité de travailler sur les causes de la pauvreté et pas seulement sur les effets.

Claude Pinard, président-directeur général de Centraide du Grand Montréal

Pour établir un portrait des plus complets, l’indice prend en compte la situation financière de chaque répondant et l’évolution qu’il projette pour cette dernière. Il considère aussi le niveau de connaissances financières et les préoccupations relatives à différents aspects financiers.

Afin de suivre l’évolution de la situation, l’indice sera mesuré deux fois par année, et ce, pendant trois ans. La prochaine édition de cet indice sera disponible au printemps prochain.

D’ici là, Claude Pinard se dit inquiet face à la menace d’une possible récession, phénomène qui entraînerait un ralentissement de l’économie québécoise et qui accentuerait l’anxiété financière chez les populations les plus vulnérables.

Le président-directeur général de Centraide du Grand Montréal, Claude Pinard ; Gracieuseté Centraide

Les populations vulnérables surreprésentées

L’indice d’anxiété financière de Centraide montre aussi l’impact d’une telle situation économique sur les populations les plus vulnérables. Les ménages avec un revenu familial annuel inférieur à 40 000 $, les femmes, mais aussi les chefs de famille monoparentale ou encore les personnes ayant une limitation fonctionnelle souffriraient d’anxiété financière sévère à extrême.

«Les personnes les plus vulnérables qui ont été les plus touchées pendant la pandémie sont les mêmes personnes qui sont les plus touchées pendant l’inflation actuelle et qui sont également les plus anxieuses», explique Claude Pinard.

Parmi ces populations se retrouvent aussi les personnes n’ayant pas de diplôme d’études postsecondaires. Le lien étant direct entre le niveau d’études et le revenu futur d’une personne, il est ainsi important de soutenir la persévérance scolaire, rappelle Claude Pinard. L’indice de Centraide dresse un constat alarmant sur la jeunesse. Près de 55% des 18 à 34 ans souffriraient d’anxiété financière modérée à extrême.

«On doit focaliser sur la littératie financière et s’assurer qu’on crée de jeunes citoyens qui connaissent la question des finances et qui sont à l’aise d’en parler, car le taux d’anxiété montre qu’ils sont même nerveux de regarder leur relevé bancaire, explique-t-il. Il faut s’assurer d’appuyer les jeunes pour qu’ils restent le plus longtemps à l’école.»

Un réseau communautaire à bout de souffle

Face à un tel constat, Centraide rappelle l’importance qu’ont les organismes communautaires qui viennent en aide à ces personnes plus en proie à l’anxiété économique. Ceux-ci ont à peine le temps de se remettre de la pandémie qu’ils doivent désormais répondre à une demande grandissante dans un contexte économique qui augmente les inégalités.

«Sur le terrain, il y a définitivement des organismes communautaires qui sont fatigués, qui ont travaillé très fort pendant la pandémie, qui n’ont pas pu se remettre et qui sont immédiatement tombés dans l’inflation, explique Claude Pinard. Ces organismes font aussi face à de nouvelles clientèles, dont beaucoup de travailleurs pauvres qui doivent avoir recours à des services en sécurité alimentaire pour nourrir leur famille.»

Selon lui, il est plus que nécessaire de revoir la façon dont est financé le réseau communautaire. Pour Claude Pinard, il est temps qu’un financement plus pérenne remplace les financements par projet et que l’expertise des organismes communautaires soit mieux reconnue.

«Le communautaire, quand ça va mal, il ne ferme pas, et quand [les organismes] ont une clientèle, ils adaptent leurs services. J’ai déjà vu une banque alimentaire qui offrait des services en santé mentale. L’idéal serait d’avoir du financement à long terme et d’arrêter d’avoir du financement par projet. Il est temps qu’on reconnaisse le travail du communautaire», conclut-il.

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