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Énergies fossiles: la fin des «subventions inefficaces», mais des exemptions qui inquiètent

Le ministre canadien de l'Environnement, Steven Guilbeault.

À peine dévoilé, le plan pour mettre fin aux «subventions inefficaces aux combustibles fossiles» du gouvernement fédéral soulève des préoccupations. En cause, les exemptions accordées à l’industrie des combustibles fossiles, qui provoquent l’inquiétude de la classe politique et des groupes environnementaux.

Dès aujourd’hui, les subventions qui «avantagent de manière disproportionnée le secteur des combustibles fossiles, [qui] soutiennent uniquement des activités liées aux combustibles fossiles et [qui] favorisent la consommation de combustibles fossiles» ne pourront plus être octroyées. Il s’agit d’un «premier pas important», selon l’organisme Équiterre, mais qui reste entaché par une série d’exemptions qui «verrouillent l’avenir énergétique dans les projets d’énergies fossiles».

En effet, six catégories d’exemptions permettront d’octroyer des subventions à l’industrie des combustibles fossiles. Parmi ces subventions, il y en a une qui «permet des réductions importantes des émissions nettes de gaz à effet de serre (GES) au Canada ou à l’échelle internationale en accord avec l’article 6 de l’Accord de Paris» et une autre qui «encourage la participation économique des Autochtones à des activités liées aux combustibles fossiles».

«Ce sont des portes de sortie sur lesquelles l’industrie mise énormément pour maintenir le statu quo dans la production d’hydrocarbures, déclare le directeur des relations gouvernementales d’Équiterre, Marc-André Viau, par communiqué. Nous continuerons de faire pression sur le gouvernement pour le sensibiliser à l’importance de ne pas compenser financièrement l’industrie pour ses échecs et s’assurer que celle-ci respecte ses obligations environnementales.»

L’organisme Greenpeace salue lui aussi la fin des subventions inefficaces, mais alerte le gouvernement quant aux exemptions qui pourront être accordées à l’industrie des combustibles fossiles, comme pour les technologies de captage du carbone.

«Nous souhaitons aussi rappeler au gouvernement fédéral qu’il n’y a pas de subventions “efficaces” pour les combustibles fossiles à une époque où les catastrophes climatiques et les profits de l’industrie pétrolière battent des records», affirme le stratège principal en énergie chez Greenpeace Canada, Keith Stewart, dans un communiqué.

Le gouvernement fédéral ne doit en aucun cas céder au lobby de l’industrie qui réclame de nouvelles subventions, telles que pour des projets d’exportation de gaz fossile sous couvert de supposés crédits.

Keith Stewart, stratège principal en énergie chez Greenpeace Canada

Le Nouveau Parti démocratique (NDP) a tout de suite fait savoir son mécontentement face au plan de subventions aux énergies fossiles du Parti libéral.

«Il est clair que cette annonce ne répond pas à l’urgence du moment, alors que les catastrophes climatiques mettent en péril tout ce à quoi nous tenons», a souligné la porte-parole du Nouveau Parti démocratique (NPD) en matière de changements climatiques et d’environnement, Laurel Collins. Elle fustige aussi les exemptions accordées.

Le NPD entend continuer à faire pression sur Ottawa pour obtenir «l’élimination immédiate des subventions aux énergies fossiles que les libéraux ont laissées de côté». Il souhaite aussi tout faire en son possible pour qu’un plan voie le jour d’ici la fin de l’année pour mettre fin au financement public du secteur des énergies fossiles.

La porte-parole en matière d’environnement du Bloc québécois, Monique Pauzé, rappelle aussi à Ottawa que «tout investissement dans les énergies fossiles doit cesser» et dénonce des exemptions qui profiteront à l’industrie des énergies fossiles.

«Les libéraux de Justin Trudeau nous mentent éhontément lorsqu’ils parlent de “subventions efficaces” au secteur pétrolier, déclare Monique Pauzé. Cela n’existe pas et relève de la fiction. Avec autant d’exemptions, le pétrole et le gaz continueront d’être grassement subventionnés au Canada.»

Le ministre de l’Environnement et du Changement climatique, Steven Guilbeault, a quant à lui félicité son gouvernement de devancer de deux ans son engagement.

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