Alors que le gouvernement caquiste s’apprêterait à faire marche arrière sur sa réforme du Programme d’expérience québécoise (PEQ) réalisée en 2020, le Parti libéral du Québec (PLQ) déplore que cette révision «bâclée» ait contribué à «une fuite de talents importante» depuis trois ans.
Dans un article paru mercredi, Radio-Canada révèle que devant une diminution importante du nombre d’étudiants étrangers souhaitant demeurer au Québec, la ministre de l’Immigration, Christine Fréchette, compterait alléger les critères d’accès au PEQ, essentiellement pour les diplômés étrangers francophones.
Les détails de cette nouvelle réforme du PEQ devraient être annoncés dans les prochains jours, précise-t-on dans l’article, et d’autres programmes d’immigration pourraient également être revus.
Une «improvisation très coûteuse»
Dans un communiqué paru mercredi, le porte-parole libéral en matière d’immigration, de francisation et d’intégration, Monsef Derraji, a soutenu que ce recul envisagé par le gouvernement caquiste est une «démonstration de son côté brouillon et de l’improvisation dont il fait preuve depuis son arrivée au pouvoir».
Le PLQ propose par ailleurs le retour dans sa forme précédente intégrale du programme dans son volet «Travailleurs étrangers», où une «chute inquiétante» de requérants a été constatée entre 2021 et 2022.
Des milliers d’étudiants étrangers parlant le français ont été formés ici, mais ont déjà quitté le Québec pour aller s’établir dans une autre province, soutient également M. Derraji.
«Après trois ans, force est de constater que le PEQ à la sauce Jolin-Barrette est un échec retentissant. Par sa faute, nous avons été victimes d’une fuite importante de talents francophones qui ont quitté le Québec après avoir été formés ici. Le recul de la CAQ, aujourd’hui, serait certes une bonne nouvelle mais ses choix idéologiques auront déjà coûté très cher à nos entrepreneurs et à toute l’économie québécoise», affirme-t-il.
Un «fiasco épouvantable», selon le PQ
Questionné pour savoir si la réforme du PEQ réalisée en 2020 avait été une erreur du gouvernement caquiste, le porte-parole péquiste en matière d’immigration, de francisation et d’intégration, Pascal Bérubé, a répondu que la manière dont la révision avait été menée par le ministre d’alors, Simon Jolin-Barrette, était un «fiasco épouvantable».
«D’ailleurs, c’est le fruit d’une bataille de l’avoir fait reculer. Mais le programme demeure important. On a besoin de ces étudiants dans les collèges, partout au Québec. On doit réussir à aller chercher des étudiants francophones, tenter de les intéresser à demeurer après leurs études. Donc, on est du côté de faire des propositions pour que ça fonctionne», a-t-il souligné.
«Une excellente nouvelle»
De son côté, le porte-parole solidaire en matière d’immigration, Guillaume Cliche-Rivard, a tenu à rappeler que Québec solidaire «se bat pour que la CAQ recule sur la réforme du PEQ depuis des années».
«C’est une excellente nouvelle que le gouvernement entende enfin raison! Le PEQ était une voie rapide pour les immigrants francophones, diplômés et travailleurs temporaires, avec une expérience de vie au Québec, en français. Le réformer a eu des conséquences désastreuses: tous les groupes et les experts peuvent en témoigner!», a-t-il fait valoir dans un courriel à Métro.
M. Cliche-Rivard mentionne également attendre «avec impatience» l’annonce du gouvernement quant aux détails de la nouvelle réforme à venir et dit souhaiter voir la ministre Fréchette saisir l’occasion pour rétablir le volet du PEQ consacré aux travailleurs.
La CAQ réagit
Le cabinet de la ministre Fréchette a réagi à cette nouvelle, mercredi avant-midi, indiquant que les étudiants internationaux, particulièrement ceux qui parlent français, sont une richesse pour le Québec et qu’une annonce quant au PEQ serait faite «en temps et lieu».
La réforme de 2020
Rappelons que les conditions d’accès au PEQ, un populaire programme qui s’adresse aux travailleurs étrangers temporaires ou aux étudiants étrangers diplômés du Québec, avaient été durcies par le ministre de l’Immigration d’alors, Simon Jolin-Barrette, en 2020.
On avait ajouté, en 2020, dans les critères d’accès la condition d’avoir réalisé une expérience de travail dans un domaine ciblé de 12 à 18 mois selon la formation initiale. Toujours selon Radio-Canada, ce critère serait revu à la baisse dans le volet réservé aux diplômés. Québec souhaiterait désormais faciliter l’accès au PEQ, mais seulement pour les étudiants francophones ou diplômés dans un programme en français.
En trois ans, le nombre d’étudiants étrangers ayant soumis une demande de sélection permanente a diminué de 60%, passant de 5465, en 2020, à 2268, en 2022.