La nouvelle vision de la Capitale-Nationale présentée mardi par le ministre Jonatan Julien s’articule autour de trois grands axes, mais surtout autour de la «collaboration». Ce mot, M. Julien l’a utilisé à de nombreuses reprises lors de son allocution devant les gens d’affaires de la région.
Si du propre aveu du ministre, la nouvelle vision «ne réinvente pas la roue», le besoin de rappeler que la collaboration est importante a été accru par la pandémie, estime M. Julien. «Il y a eu deux ans de pandémie qui ont rendu la collaboration difficile parce qu’on a été isolé. Sans ça, on ne pourra pas y arriver. Quand il y a une communauté, qui malgré des différends, travaille ensemble et est soudée, ça fait en sorte que c’est certain qu’on va gagner», a-t-il mentionné tout en se gardant de dire s’il avait trouvé que des liens avaient été brisés à son arrivée dans son rôle de ministre responsable de la région de la Capitale-Nationale.
Selon le député de Charlesbourg, cette collaboration sera démontrée jeudi alors qu’il procédera à une annonce en compagnie de son homologue responsable de la région de Chaudière-Appalaches, Bernard Drainville, ainsi que des maires de Québec et Lévis, Bruno Marchand et Gilles Lehouillier. Impossible toutefois de connaître le thème de cette annonce conjointe puisque tous les intervenants concernés sont demeurés très mystérieux lorsque les journalistes ont tenté d’en savoir davantage.
Plus d’immigrants et projet-pilote
Bien que la vision comprenne aussi des actions en matière de culture et de qualité de vie, c’est l’enjeu de la main-d’œuvre qui retient davantage l’attention. Comme il l’avait mentionné la semaine dernière lors du Forum économique sur la main-d’œuvre, le ministre Julien a réitéré son engagement de doubler le nombre d’immigrants qui viendront s’installer dans la région au cours des cinq prochaines années. «Sur le seuil de 50 000 immigrants [qu’on reçoit dans la province], on en reçoit présentement environ 2500. On pense être capable de passer à 4500-5000 sur cinq ans. J’ai aussi des projets avec [la ministre de l’Immigration] que je ne dévoile pas aujourd’hui», a-t-il laissé entendre.
Un nouveau projet-pilote en partenariat avec l’Université Laval a aussi été annoncé. Financé à la hauteur de 408 000$ sur trois ans, celui-ci permettra à des étudiants étrangers à la maîtrise de venir faire des stages rémunérés «dans les domaines où la région connaît un manque criant de ressources». «Il y aura une expérience d’emplois avec des entreprises de Québec et éventuellement, ces gens-là pourront devenir des résidents permanents de notre belle région s’ils le souhaitent. Et on va tout faire pour qu’ils viennent s’installer ici!», a précisé M. Julien.
Des événements à l’année et qualité de vie
Souhaitant faire en sorte que Québec «continue de rayonner et demeure un phare culturel en Amérique» et dans l’objectif d’augmenter l’affluence touristique de «près de 35 % d’ici 2040», le ministre désire que la région soit festive douze mois par année «de Portneuf à Charlevoix». Concrètement, il vise à attirer des visiteurs lors de période un peu moins sollicitée actuellement. «On veut développer des événements à des moments où on en a moins vers la fin de l’été, au début de l’automne ou dans les quelques zones creuses pendant l’hiver», a illustré le maire de Québec, Bruno Marchand, en citant le Marché de Noël allemand comme un exemple d’événement qui n’existait pas il y a quelques années et qui est venu combler un vide en décembre. En ce sens, le gouvernement du Québec allouera un financement à la Commission de la Capitale-Nationale afin que celle-ci «anime» ses différents parcs de la région.
Finalement, Québec s’engage aussi à «stimuler la vitalité des commerces de proximité, favoriser l’accessibilité des espaces verts et encourager la mobilité et le développement durable» afin de conserver une bonne qualité de vie dans la région.
Les réactions
Quand [M. Julien] parle de collaboration, il est sincère. C’est ce qu’on sent derrière les portes closes. C’est ce qu’on vit depuis plusieurs mois à travailler avec lui. Il a de l’ambition. Il y a aussi de bonnes annonces pour Québec. Il a parlé de la phase 4 de la promenade Samuel-De Champlain, et on y croit. Je pense qu’on peut l’intégrer à quelque chose de plus structurant dans ce secteur de la ville.
Bruno Marchand, maire de Québec
C’est très positif, autant les objectifs en matière d’immigration que l’idée de réinvestir dans les grands événements. On connaît un peu les origines politiques de M. Julien, j’avais l’impression d’entendre la vision de M. Labeaume. Je trouve que c’est très rafraîchissant dans le sens qu’il y a un nouveau leadership, qu’il y a une présence et que M. Julien a la volonté de faire. C’est plaisant! Seul petit bémol, on est content d’entendre un engagement ferme pour la phase 4 de la promenade Samuel-De Champlain, mais à nos yeux, c’est indissociable de la conversion de Dufferin-Montmorency en boulevard urbain.
Claude Villeneuve, chef de l’opposition officielle à l’Hôtel de ville de Québec