Alors que plus de 72 000 enfants sont inscrits à la Place 0-5, le chef par intérim du Parti libéral du Québec (PLQ) Marc Tanguay a réitéré lundi sa demande au gouvernement de prolonger le congé parental de six mois pour les parents qui cherchent toujours une place en garderie subventionnée pour leur enfant d’ici la fin de 2023. Le PLQ avait énoncé cette demande pour la première fois en mars 2022.
La ministre caquiste de la Famille Suzanne Roy affirmait le 16 février dernier que 33 000 enfants étaient officiellement en attente d’une place en garderie subventionnée. Un reportage de Radio-Canada avait toutefois révélé que la nouvelle méthode de calcul du gouvernement ne tiendrait compte que des enfants qui auraient dû avoir une place avant le 31 août 2022. Plus de 39 000 enfants se seraient depuis inscrits et attendent également une place d’ici la fin de l’année en cours.
L’article de Radio-Canada précise cependant que ces deux totaux n’incluent pas les enfants encore dans le ventre de leur mère, dont les parents se sont inscrits sur la liste d’attente, ainsi que les enfants qui sont déjà en service de garde mais qui attendent une place dans un autre établissement.
«Alors que des milliers de familles sont en attente d’une place en service de garde et vivent avec un réel stress financier, la CAQ dissimule les chiffres pour se donner une bonne image», déplore le chef de l’opposition officielle, Marc Tanguay.
Ce dernier soutient que des milliers de parents attendent des places promises par le gouvernement caquiste et qu’il leur sera impossible de retourner sur le marché du travail une fois leur congé parental terminé, faute de place en garderie pour leur enfant.
«Un des parents – souvent la mère –, ne peut pas retourner au travail une fois le congé parental terminé parce qu’il n’y a pas de place en service de garde. Ils doivent donc repousser leur retour, mais sans avoir de revenus. Le prolongement du congé parental pourrait au moins les aider à payer leurs factures. Et concernant les tout-petits, l’objectif d’agir tôt est complètement raté. C’est inacceptable!», lance le chef libéral.
La ministre réplique
En entrevue à LCN lundi après-midi, la ministre de la Famille Suzanne Roy a rappelé que le gouvernement caquiste a créé, au cours de la dernière année, 7000 places en garderies subventionnées, ce qui constituerait un record des 15 dernières années.
«Il n’y a aucun enfant qui est laissé de côté, a assuré la ministre. On travaille à la création de places. Oui, il y a des enfants qui n’ont pas de place aujourd’hui, mais des enfants dont la maman a accouché auront besoin d’une place dans 15 mois… On a 28 femmes enceintes qui se sont inscrites et quand on fait le calcul des places dont on a besoin, on tient compte de cela. On fait aussi une opération de conversion pour les enfants qui sont dans des garderies non subventionnées, pour pouvoir les transformer en garderies subventionnées», a-t-elle souligné.
Questionnée quant à la méthode de calcul du gouvernement caquiste, le ministre a avancé que les 39 000 demandes additionnelles non comptabilisées dans la liste d’attente officielle seraient en fait des demandes «à venir» et qu’on ne peut ainsi les additionner aux 33 000 demandes pour un total de plus de 72 000.
«En date du 31 août, on avait 33 000 enfants. Il y a 39 000 qui étaient des demandes à venir. On ne peut pas additionner. Par exemple, on en a 55 000 par année qui quittent le réseau des CPE pour s’en aller à la maternelle 4 ou 5 ans. Sur les deux années, il va y en avoir 110 000 qui vont sortir du réseau des services de garde. Alors, c’est complexe, mais on en tient compte, je peux vous en assurer, dans le calcul des places qu’il faut créer et des places qu’il faut convertir», a-t-elle ajouté.
Ma Place au travail
Créé en mars 2021, le regroupement Ma Place au travail dénonce depuis la pénurie de places en garderie qui empêche des milliers de personnes de retourner travailler. Toujours sur les ondes de LCN, lundi, la porte-parole de l’organisme, Marilyn Dion, a déploré que de nombreuses éducatrices «quittent le bateau» en ce moment.
«On a du personnel de soutien qui choisit le milieu scolaire au lieu d’aller en services de garde parce que les conditions sont meilleures. Et là, en plus, on se rend compte que probablement, les chiffres sont encore plus élevés. Quand on parle [d’un manque de] 17 000 éducatrices, c’était basé sur 33 000 enfants. Mais combien manque-t-on réellement d’éducatrices?», se demande Mme Dion.