COMMUNAUTÉ. Adaptation, réduction des symptômes, intégration sociale: la liste des bienfaits que procure un chien d’assistance psychologique pour son maître vivant avec un trouble de santé mentale est longue. Pourtant, le risque de se voir refuser l’accès à des espaces publics reste encore bien présent.
Des histoires de refus d’accès à des commerces, Geneviève Baron-Courcy en a entendu plus d’une. La fondatrice de l’entreprise Bienfaits Canins, qui émet des certifications à des chiens d’assistance, indique que le recours à ces animaux pour pallier un handicap psychologique est un outil complémentaire efficace pour les propriétaires de ces chiens, et que l’accès aux commerces est nécessaire.
Il peut s’agir de personnes vivant avec un choc post-traumatique, un trouble de santé mentale ou une personne autiste. «Le droit est protégé par la Charte des droits et libertés de la personne, l’article de loi 10, qui stipule que la personne accompagnée d’un chien d’assistance détient le droit, comme toute autre personne, d’utiliser ou d’avoir accès aux biens ou aux services offerts au public qui y sont disponibles, sans discrimination», explique-t-elle.
Le chien est un moyen complémentaire aux traitements traditionnels recommandés. Il correspond ainsi à un moyen pour pallier un handicap puisqu’il permet de compenser des incapacités, comme c’est le cas des limitations physiques avec l’utilisation d’un fauteuil roulant ou de prothèses.
Manque de connaissances
Il existe plusieurs entreprises et organismes qui font la certification de chiens d’assistance, toute race confondue. «Ces chiens sont identifiés avec un foulard, une lettre d’accès et une carte à leur collier, indique Geneviève Barron-Courcy. Les handicaps psychologiques ne sont pas visibles, et parfois, les propriétaires de commerces se permettent de refuser l’accès, ou même, de poser des questions sur la santé des maîtres, qui se voient obligés de justifier leur handicap et leur situation.»
La peur du refus et la justification peuvent, à eux seuls, entraîner une montée d’anxiété chez les bénéficiaires, qui vivent déjà avec des symptômes limitants. «On a développé des petites cartes pour sensibiliser les propriétaires d’entreprises, et qui expliquent le rôle du chien. De cette manière, les propriétaires n’ont pas à expliquer leur problématique invisible.»
Critères sévères
Le candidat doit notamment avoir un diagnostic émis par un professionnel de la santé et être suivi par une équipe traitante pour avoir un chien d’assistance. Geneviève Matte vit avec un border Colley pour apaiser son quotidien. «Il m’aide à gérer mon anxiété. C’est un chien d’alerte médical, qui détecte mon taux de cortisol. S’il sent une éventuelle crise d’anxiété ou une baisse de pression, il appuie son nez sur ma jambe avant que je chute. Il porte sur lui mes informations en cas d’urgence. L’avoir avec moi est rassurant. S’il m’arrive quelque chose, il sera là pour moi.»
«Il faut ignorer les chiens d’assistance si vous en voyez un, sinon il cesse d’être au travail pour son maître.»
-Geneviève Matte, propriétaire d’un chien d’assistance
La femme de Charlesbourg dénonce les jugements de clients dans les commerces sur les races de chiens, qui sont minutieusement choisies en fonction du besoin et du mode de vie de la personne. «Les gens sont habitués de voir des chiens Mira, mais les propriétaires de chiens choisissent la race en fonction de leurs besoins. Si une personne a besoin d’une pression rassurante en cas de malaise, elle choisira un chien plus lourd.»
L’ignorance
Si vous croisez un chien d’assistance, qu’il soit en formation ou certifié, le mieux est de l’ignorer. «Par exemple, les personnes agoraphobes sont déjà en état de surstimulation lorsqu’ils sont en public, explique Geneviève Matte. S’ils doivent gérer les questionnements et les regards, c’est très anxiogène!»