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Le PLQ en élection: se redéfinir pour survivre

La cheffe du Parti libéral du Québec, Dominique Anglade, lors du dévoilement de sa plateforme électorale.

Elizabeth Pouliot, collaboration spéciale

Comme les quatre dernières années ont été marquées par une défaite écrasante, une course à la chefferie peu populaire, une pandémie qui monopolisait toute l’attention et des tentatives de redéfinition identitaire pour l’instant non fructueuses, quels sont cet automne les défis électoraux du Parti libéral du Québec (PLQ)?

À la fois à cause d’une exaspération des électeurs après presque 15 ans de pouvoir sans interruption et d’une montée spectaculaire et inattendue de la Coalition avenir Québec (CAQ), le PLQ a été battu à plate couture en 2018, passant de 41,5% du vote en 2014 à 25%.

«Une des plus sévères défaites de son histoire», note Guillaume Rousseau, professeur à l’Université de Sherbrooke et directeur des programmes de droit et politique appliqués de l’État. «Une spécificité du PLQ, c’est d’être là depuis le début de la fédération canadienne. De voir une défaite si grande, ça marque vraiment le début d’années difficiles.»

Une période difficile

Suite logique d’un revers aussi important, la course à la chefferie qui s’en est suivi n’a aidé en rien le parti, croit Justine Lalande, doctorante en communication sociale et publique à l’UQAM et membre du Groupe de recherche sur la communication et la politique. «Parce qu’on a un intérim qui ne nous permet pas d’adopter des positions fortes, ni de prendre une direction. De plus, ça crée de la division à l’interne du parti.»

Guillaume Rousseau ajoute: «La course a été plutôt ratée. Mme Anglade n’a pas eu une opposition vraiment très forte, qui aurait permis une vraie course à la chefferie, avec beaucoup d’idées.» La pandémie est ensuite arrivée comme un raz-de-marée, noyant les propos des partis d’opposition pour un temps. La députée de Saint-Henri – Saint-Anne a donc ensuite tenté de repositionner son parti de centre droit vers la gauche, en mettant par exemple de l’avant l’écologie avec le projet ÉCO, qui a manqué de visibilité. Les tensions au sein du PLQ ont aussi amoché le parti, comme le bras de fer entre Gaétan Barrette et Marie Montpetit.

À noter qu’au sein du parti, neuf libéraux (incluant Marie Montpetit, devenue indépendante) ont choisi de ne pas se représenter pour un autre mandat, dont Lise Thériault, Christine St-Pierre, Pierre Arcand et Hélène David. De grosses pointures quittent donc le navire. Justine Lalande note : « Ce sont tous des gens qui ont au-dessus de 62 ans. C’est un peu normal qu’ils veulent quitter. Et avec les élections à date fixe, on a le temps de planifier sa sortie maintenant. Je ne verrais pas ça comme un désaveu du parti.»

Plusieurs départs
Neuf personnes élues à Montréal sous la bannière libérale en 2018 ne se représentent pas: Pierre Arcand, David Birbaum, Hélène David, Carlos Leitao, Marie Montpetit, Paule Robitaille, Christine St-Pierre, Lise Thériault et Kathleen Weil.

Quant à Philippe J. Fournier, chroniqueur au magazine L’Actualité et créateur de la plateforme de projection électorale Qc125, il croit tout de même que ça peut influencer le vote de l’électeur moyen : « Être un candidat sortant, généralement, a son avantage. Le nom et le visage sont connus, et les électeurs ont plus tendance à retourner vers cette personne. C’est vrai statistiquement, on l’observe dans les chiffres. »

Montréal n’est pas acquis

Néanmoins,  des sièges de l’ouest de l’île sont presque garantis pour les libéraux malgré le départ de plusieurs candidats. Par contre, d’autres plus au centre et plus au nord de la métropole sont loin d’être gagnés, croit Philippe J. Fournier. «De Dorval jusqu’à Sainte-Anne-de-Bellevue, il n’y a pas vraiment de sièges en danger pour les libéraux. Quant à Maurice-Richard, Verdun et même Saint-Henri–Sainte-Anne, le comté de Dominique Anglade, il suffirait que Québec solidaire ou la CAQ grimpe un peu, et soudainement ces comtés changeraient de couleur.»

Pour ce spécialiste de la politique québécoise, le défi principal du PLQ en vue des prochaines élections est de survivre, tout simplement. Malgré la ferveur libérale dans l’ouest de Montréal et à Laval, le vote francophone, lui, s’est effondré, tout comme les appuis régionaux, semble-t-il.

Pour Justine Lalande, spécialiste des communications, le défi du PLQ est de se redéfinir en tant que parti et de se concentrer sur les candidatures: «Les libéraux ont perdu leur pouvoir d’attraction. Ils ont actuellement [une soixante-dizaine] de candidats annoncés sur 125, c’est très peu.» Pour ce qui est du professeur de droit et politique Guillaume Rousseau, le PLQ a devant lui deux scénarios possibles: un plan A, dans lequel il réussit à fédérer tous les mécontents de la CAQ et à remporter l’élection; et un plan B, qui est d’au moins survivre comme opposition officielle en mobilisant la base et en se positionnant contre le nationalisme de la CAQ.

En somme, plutôt habitué à se battre contre le Parti québécois et son projet d’indépendance, le PLQ ne semble pas encore avoir trouvé comment se défendre devant la CAQ, qui a pris sa place comme parti fédéraliste et de l’économie. «Le PLQ, c’est un parti de pouvoir et non pas de contestation, c’est à la fois sa force et sa faiblesse», conclut Guillaume Rousseau.

Le défi, c’est de survivre en 2022, d’espérer que les appuis de la CAQ s’effriteront dans le deuxième mandat et que le PLQ puisse être la solution de rechange pour 2026.

Philippe J. Fournier, Créateur de la plateforme de projection électorale Qc125

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