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Dons d’organes: une famille sur quatre refuse le prélèvement consenti

Sous le choc d'un décès subit, les familles non informées des volontés du défunt sont encore nombreuses à refuser le prélèvement des organes. Photo: gracieuseté - TQ

DOSSIER. Statistique étonnante pour ne pas dire préoccupante, un don potentiel d’organes sur quatre se trouve bloqué par la famille. Le refus survient donc encore dans 26% des cas, malgré le consentement préalable du défunt. Ces revirements à l’encontre des volontés exprimées confirment l’importance de discuter de son vivant avec ses proches de l’intention de sauver des vies en donnant ses organes.

À l’heure actuelle, le refus des familles au don constitue la principale cause de perte de donneurs d’organes potentiels. Une situation frustrante pour les médecins et les receveurs en attente, mais compréhensible en raison du peu de temps pour intervenir alors que les familles sont en état de choc. C’est pour cette raison que Transplant Québec a profité de la récente Semaine nationale du don d’organes et de tissus, pour inviter les Québécois à faire connaître leur volonté à leurs proches.

«Il importe de respecter la volonté des gens de faire don de leurs organes. On ne peut cependant être insensibles à la douleur des proches déstabilisés émotivement par le décès inattendu d’un être cher. Ils doivent assimiler une somme considérable d’informations dans un délai très court. De plus, on leur demande de se prononcer sur le sujet qui n’a peut-être jamais été évoqué par le défunt ou même discuté lors des rencontres familiales», reconnaît le directeur général de Transplant Québec, Louis Beaulieu.

Directeur médical à Transplant Québec, Dr Matthew Weiss rappelle que c’est de son vivant qu’il faut faire part de ses volontés. Une fois dans le coma, c’est trop tard. Photo gracieuseté – TQ

Bien qu’il y ait eu consentement, les équipes médicales s’assurent d’avoir l’accord des proches du donneur avant d’enclencher le prélèvement d’organes. Devant la souffrance, les réserves et les réactions imprévisibles des membres d’une même famille, il devient difficile pour les cliniciens impliqués de ne pas tenir compte du refus des proches. Même si ça va à l’opposé des volontés exprimées par le défunt. Et le recours judiciaire pour faire valoir son choix initial n’est pas une option qui correspond aux valeurs de compassion et de respect du milieu médical.

«Pour empêcher pareille dilemme, il est important d’exprimer nos volontés à nos proches. Parce qu’une fois dans le coma, ce n’est plus possible et la famille se trouve confrontée à prendre une décision douloureuse dans un moment chargé d’émotion. C’est une franche discussion qu’il faut avoir quand on est en vie et sain d’esprit. En clarifiant la situation de son vivant, on évite de confronter nos proches aux tabous qui persistent sur le sujet», renchérit le Dr Matthew Weiss, directeur médical à Transplant Québec.

Volonté trop secrète

Selon un récent sondage, une grande majorité des Québécois (92%) se disent favorables au don d’organes. Toutefois, seulement une personne sur deux (50%) songe à discuter en famille de son intention d’être donneur. Cela explique en bonne partie pourquoi le taux de refus des familles demeure élevé. Ignorant la volonté du défunt, les proches sont davantage portés à refuser le don.

«Ça vaut la peine de prendre le temps d’en parler avec nos proches pour préparer le terrain et les soulager de cette décision importante au moment du deuil. Après tout, si la famille était avisée et que la volonté de donner ses organes était sue, bien peu de gens iraient contre l’intention signifiée d’une personne chère», insiste Dr Weiss.

Façons de consentir au don d’organes

  • En signant l’autocollant au dos de sa carte d’assurance maladie.
  • En s’inscrivant au Registre des consentements au don d’organes et de tissus de la Régie de l’assurance maladie du Québec (RAMQ).
  • En s’inscrivant au Registre des consentements au don d’organes et de tissus de la Chambre des notaires du Québec (testament).

Lire aussi les trois autres textes de ce dossier:

Pour plus d’informations et s’inscrire à l’un des registres: https://ditesle.ca/fr.

Aperçu des rares causes de décès permettant d’envisager un potentiel don d’organes. Tableau gracieuseté – TQ

Métro Média

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