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Nickel: la santé des citoyens ou l’essor économique?

Les citoyens de Limoilou suivent de près le dossier sur le nickel. Photo: Google Street View

COLLECTIVITÉ. Plus que jamais, le dossier nickel ravive le malaise entre le choix de la santé des citoyens versus le développement économique. À deux jours de l’entrée en vigueur de la nouvelle norme sur le nickel, le maire de Québec Bruno Marchand s’est montré ferme sur ses intentions dans ce dossier. 

«Le gouvernement a fait son choix, et ce n’est pas le choix que l’on souhaitait. En ce moment, on a aucune information sur comment faire respecter la norme et comment on la mesure.»

Un manque flagrant d’informations

Le maire continue de penser qu’il faudra ajouter davantage de capteurs pour obtenir un portrait réaliste de la quantité de nickel dans l’air. Il souhaite obtenir des mesures, particulièrement dans les zones résidentielles. «Ça prend plusieurs stations à Beauport, Limoilou, Vieux-Québec, et dans tous les endroits, a-t-il insisté. Selon la direction du vent, on sera capable de mesurer en temps réel les dépassements.» En augmentant le nombre de capteurs et en obtenant des mesures rapidement, il est d’avis que la population pourra être mieux informée, et qu’il sera possible de punir les contrevenants.

Le ministre Charrette défend sa position

C’est le ministre de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques, Benoit Charrette, qui est responsable de la norme. Rien n’indique qu’il changera son fusil d’épaule dans ce dossier, malgré des données de la Direction de la santé publique de la Capitale nationale confirmant que l’air dans le quartier Limoilou contient quatre fois plus de concentration de nickel. «C’est une démarche qui a été accomplie sur plusieurs années, accompagnée par la Direction nationale de santé publique, qui cautionne la conclusion des études. Je m’en remets à ces experts-là. C’est des années d’études qui ont été validées et contre-validées.»

Qui profite de la hausse?

Le ministre Charette a confirmé que la hausse favorisera la stratégie visant l’électrification du Québec, un enjeu économique majeur dans les prochaines années. «Pour le Québec, le nickel est un élément important de la stratégie Batterie, notamment pour tout le volet de l’électrification des transports, a-t-il mentionné. Donc oui, on a un milieu économique qui se développe autour de cette filière-là.»

Alors que choisit-on, santé ou économie? Selon le ministre, la question n’est pas là. «Si on avait eu des questionnements ou des doutes sur la santé des gens, on n’aurait pas modifié la norme. C’est une simple mise à jour de notre réglementation pour qu’elle soit en phase avec les connaissances que nous avons.»

De son côté, le maire Bruno Marchand reste lui aussi sur ses positions. «Je ne sais pas ce qui va convaincre le ministre, a-t-il rétorqué. Il me semble que les démonstrations ont été éloquentes. Il n’en demeure pas moins que même si on hausse la norme, ce avec quoi on n’est pas d’accord, et qu’on n’est pas capable de mesurer, d’informer les citoyens et de punir les contrevenants, on a un christie de problème. On s’attend à ce que le ministre dépose quelque chose de solide et concret là-dessus.»

Un mépris total

Le député de Québec solidaire, Sol Zanetti, n’a pas mâché pas ses mots à ce sujet. «Le ministre a pris une décision sans avoir toutes les informations en main. Le Collège des médecins dénonce cette décision-là, et la liste des gens qui dénoncent cette décision dans la communauté scientifique est énorme. Il n’y a aucune acceptabilité sociale pour ça. Le ministre priorise l’intérêt des minières par rapport à la santé des citoyens. Il y a un vice qui a été dénoncé par la communauté scientifique, qui est scandaleux pour les citoyens et on dénonce ça. C’est un manque de respect envers les institutions démocratiques. C’est un mépris total pour l’acceptabilité sociale et la santé des gens.»

«On n’abandonnera pas. Continuez de vous battre, on va se battre avec vous autres. On va prendre nos responsabilités et les imposer aux autres.»

– Le maire Bruno Marchand

Le maire de Québec, lui, souhaite que le ministère prenne des engagements rapidement. «La norme arrive en vigueur jeudi. Ce n’est pas normal qu’on n’ait pas l’état des lieux sur comment on va faire pour mesurer, identifier et punir.»

Des citoyens désillusionnés?

Questionné à savoir s’il y a un enjeu de démobilisation des citoyens en raison du sentiment d’impuissance qu’ils peuvent vivre face au manque d’écoute de la part du gouvernement, le maire s’est fait rassurant. «On n’abandonnera pas. Continuez de vous battre, on va se battre avec vous autres. On va prendre nos responsabilités et les imposer aux autres. Le statut quo ne peut pas demeurer.»

Avec la collaboration de Benjamin Aubert.

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