INVESTIGATION. La fuite dans la mort de Martin Carpentier avec ses deux filles, qui a bouleversé le Québec en entier à l’été 2020, aurait pu se terminer autrement. Dans son triple rapport rendu public, la coroner Sophie Régnière conclut que le drame était évitable. Elle estime que des problèmes de communication et de logistique ont nui au déroulement des opérations menées dans le secteur de Saint-Apollinaire.
De fait, dès les premiers instants suivant l’accident sur l’autoroute 20, le soir du 8 juillet, et l’abandon du véhicule par les occupants, les patrouilleurs de la Sûreté du Québec (SQ) travaillaient en mode délit de fuite. Ce n’est que plusieurs heures plus tard, voire le lendemain matin, qu’ils sont passés en mode disparition d’un individu accompagné de deux enfants. Cela a retardé le recours à des effectifs spécialisés pour retrouver le suspect Martin Carpentier et les petites Romy 6 ans et Norah 11 ans.
Aurait-on pu déployer davantage de partenaires au cours de ces premières heures? La soussignée répond par l’affirmative. «Plusieurs partenaires ont soulevé notamment que leur assistance n’avait été sollicitée que plusieurs jours plus tard par la SQ. Il est certain que la mobilisation de ces forces supplémentaires (agents de la faune, pompiers, bénévoles formés en recherche et sauvetage, etc.) dès le début des recherches terrain aurait peut-être pu faire une différence», note la coroner dans son rapport.
Confidentialité néfaste
Idem, si les hôpitaux et le corps médical ne s’étaient pas réfugiés derrière le principe de confidentialité. Les policiers auraient ainsi pu savoir que les trois blessés potentiels dans l’accident de la route ne se trouvaient pas aux urgences. Les recherches se seraient alors concentrées dans les boisés environnants. La traque se serait également accentuée en apprenant ce qui est su aujourd’hui, soit que le père se trouvait dans un état dépressif et psychotique pouvant s’avérer dangereux pour autrui.
Bref, une succession d’incertitudes et de manquements, qui ont largement ralenti la bonne marche des opérations. En conséquence, la SQ a retenu la transmission d’un avis de recherche aux médias qui aurait grandement bénéficié d’une diffusion à heure de grande écoute dès le lendemain matin 9 juillet. Cela a aussi reporté le déclenchement de l’alerte AMBER près de 24 heures après les évènements initiaux, avec la triste conclusion survenue le 11 juillet 2020
Recommandations
Parmi les recommandations de Me Régnière, elle suggère aux ministères de la Santé, de la Sécurité publique et de la Justice d’améliorer leur collaboration. En ce sens, ils gagneraient à élaborer une directive exceptionnelle permettant le partage d’informations confidentielles dans un contexte d’urgence.
La coroner recommande également la création par la SQ d’une unité de coordination consacrée aux disparitions. Le tout assorti d’une obligation pour tous les services policiers de signaler les disparitions à cette unité centralisée.
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