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Votre enfant est-il vraiment difficile?

Les pleurs sont un signe de détresse émotionnelle chez l’enfant. /123RF

Parentalité. On entend souvent les parents se plaindre que leur enfant est difficile, qu’il fait des crises. Et pourtant, selon le psychologue et professeur émérite associé à l’École de psychologie de l’Université Laval, Richard Cloutier, une minorité d’enfants ont vraiment un tempérament difficile. Mais beaucoup d’enfants ont des parents qui les encadrent mal.

Quand un parent dit de son enfant qu’il est difficile, c’est qu’il a attribué à l’enfant une part de responsabilité dans les crises. «Vous le diagnostiquez comme étant difficile. La notion d’enfant difficile c’est le réflexe parental d’apposer une étiquette à leur enfant.»

Selon le psychologue, les enfants qui ont un tempérament difficile, donc qui sont plus irritables de naissance, sont rares. La notion de tempérament fait référence au bagage héréditaire, alors que la personnalité réfère à l’histoire personnelle ajoutée au tempérament.

«Si l’enfant se manifeste par un débordement émotionnel, et que vous lui apposez cette étiquette, il va peut-être vous donner raison en devenant ce personnage. Notre idée de nous-même, notre estime de soi, est le reflet de ce que l’environnement nous renvoie dans notre enfance. Donc si tu entends à répétition que tu es un enfant difficile, ça va devenir ton modèle mental», expose le Dr. Cloutier.

Le langage et les émotions

Avant l’apparition du langage, donc avant l’âge de 3 ans, il est plus difficile pour l’enfant d’exprimer ses états d’âme et ses émotions comme la colère et la frustration. Donc, souvent, c’est par les pleurs qu’il va s’exprimer lorsque la marmite déborde. «Ça fait partie de la vie!

À partir de 3 ans, il pourra faire ses demandes verbalement, s’exprimer. On observe qu’il y a moins de gestes impulsifs à partir de cet âge lors d’épisodes de colère.»

La clé se trouve dans la dynamique que le parent établit avec son enfant, à savoir ce qui est acceptable ou pas. Certains sont interventionnistes obsessifs, alors que d’autres laissent tout tomber. «Notre norme en tant que parent peut jouer beaucoup sur l’existence d’un problème. Il existe une différence marquée d’une famille à l’autre, selon qu’elles soient plus ou moins strictes. L’enfant apprend à composer avec ça.»

Comment agir?

Le psychologue croit que la première chose à faire pour un parent est de se questionner.

Est-ce que c’est moi ou c’est vraiment mon enfant qui déborde? L’idée est de chercher à comprendre ce qui se passe, et éviter de penser que le parent a raison en partant.

«Un enfant fatigué, qui a faim, qui vit des tensions, compte tenu de sa propre norme, va être dans un concept plus favorable à disjoncter. C’est ce que j’appelle la tempête parfaite. Un enfant sensible, irritable, que l’on met dans une situation interminable ou désagréable, c’est évident qu’il y aura une explosion possible. Surtout s’il ne doit pas toucher à rien, ou attendre longtemps. Certaines familles sont souvent proches de la tempête parfaite parce que la gouverne et l’anticipation n’ont pas lieu. Le parent est fatigué lui-même, surchargé et n’a pas beaucoup d’aide, ou de ressources. Ça peut sauter facilement. »

Des outils pour diminuer le risque

Si l’on ne comprend pas la cause du débordement émotionnel et que ça survient souvent, c’est plus préoccupant. La crise peut devenir une stratégie payante pour l’enfant s’il obtient ce qu’il veut avec cette méthode. «Il ne faut pas que la crise soit payante, mais il ne faut pas non plus penser que tous les enfants mentent ou manipulent», croit le Dr. Cloutier qui est un grand adepte des stratégies parentales de prévention.

Penser que nous ne devons pas changer nous-même pour accommoder la sécurité de nos enfants, cela revient à dire que nous sommes un parent qui ne fera pas de compromis, et ça, ça part mal. «Le bon parent c’est celui qui gère avec l’estime de tout le monde, il n’y a pas de perdant, pas d’humiliation. L’enfant a besoin d’être sécurisé, consolé, au terme de la crise. La majorité des familles réussissent avec ce genre de stratégie. Sinon, il ne faut pas hésiter à consulter. Vivre avec cela pendant des années ce n’est pas une solution», termine le spécialiste.

Comment s’y prendre?

«Le tempérament de notre enfant fait partie du bagage avec lequel il faut composer. Certains parents ont des tempéraments explosifs. Il faut être un modèle de calme soi-même de calme et non pas en monter le ton et ce faisant, mettre de l’huile sur le feu de la crise..»

-Richard Cloutier, Ph.D., psychologue

 

 

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