Dans le cadre de leur 14e bilan annuel, les directions de la protection de la jeunesse souhaitent sensibiliser la population aux réalités reliées à l’adolescence, une traversée en eaux vives faite de doutes, de remises en question et d’une quête identitaire. Pour la Capitale-Nationale, 23% des signalements concernent des adolescents âgés de 13 à 17 ans.
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Il peut parfois être difficile pour un parent de départager ce qui relève d’un comportement normal d’adolescent de ce qui relève d’un trouble du comportement. Une chose est certaine, pendant cette période tumultueuse, les adolescents ont besoin de règles claires et d’un cadre adapté à leurs besoins, explique Louise Belzile, éducatrice spécialisée au centre de réadaptation pour jeunes filles, L’Escale.
La direction de la protection de la jeunesse souligne toutefois certains indices qui doivent être pris au sérieux, comme le fait de ne pas réussir à se faire d’amis, une baisse significative des résultats scolaires, des problèmes de consommation ou d’absentéisme à l’école.
Les adolescents confiés à la DPJ peuvent être des enfants victimes de maltraitance ou d’exploitation qui peinent à grandir, des jeunes qui présentent des problèmes de santé mentale ou de toxicomanie, des ados dont le parcours est marqué par un manque de soins, de stabilité, d’encadrement ou d’affection.
En centre
Pour Louise Belzile, travailler avec les adolescentes en centre de réadaptation permet de semer de petites graines qui vont permettre à ces jeunes filles de trouver un équilibre dans leur vie. Il faut dire que la clientèle des centres de réadaptation est souvent plus difficile. Pour elle, l’important est de dissocier l’adolescente de ses comportements.
«Dans la vie, on ne part pas tous au même niveau. Chaque trait de personnalité, chaque trait de caractère ont un impact sur les différents choix que tu fais dans ta vie. Mon choix d’intervenir au niveau de la protection de la jeunesse, c’est pour faire une petite différence dans la vie de ces enfants-là», explique-t-elle.
Mme Belzile est davantage touchée par les jeunes qui sont en centre de réadaptation en raison de comportements liés à un besoin d’être reconnu, d’être aimé. «Il arrive qu’un parent ne soit pas en mesure de répondre aux besoins de son enfant, pas parce qu’il ne l’aime pas ou qu’il n’a pas de volonté, mais plutôt parce qu’il n’est pas disponible sur le plan personnel», explique-t-elle.
Dans le milieu de vie
Jennifer Drolet est travailleuse sociale à l’évaluation et à l’orientation des services. Son travail est d’intervenir auprès des familles et des jeunes quand un signalement est retenu.
L’un des buts de l’évaluation est de déterminer quel est le meilleur milieu de vie pour l’enfant. S’il ne peut rester dans son milieu familial, la travailleuse sociale essaie de trouver quelqu’un près de lui qui peut l’héberger. Si ce n’est pas possible, elle se tourne vers des organismes communautaires, des familles d’accueil ou, en dernier recours, un centre de réadaptation. Évidemment, l’objectif est de garder l’enfant dans son milieu familial, dans la mesure du possible.
«Ce sont des jeunes qui ont une sensibilité palpable. Ils ont tous un parcours différents, mais ils sont attachants et sont remplis de potentiel. Ce ne sont pas des jeunes qui n’ont pas de volonté. Quand nos interventions amènent du positif, c’est très touchant», d’ajouter Jennifer Drolet.