L’humain derrière l’uniforme
ENTREVUE. La série Police en service, diffusée depuis janvier par Télé-Québec, présente une facette peu connue des policiers du Service de police de la Ville de Québec. Ancré dans la réalité, cette docusérie va bien au-delà de l’uniforme en s’intéressant particulièrement à ce qui se passe dans la tête de chaque policier lorsqu’il sort d’une intervention.
Catherine Proulx qui réalise cette série, tournée entre les mois de juin et le début novembre 2020, n’en est pas à ses premières armes dans le métier. «J’ai réalisé plusieurs épisodes de la série De garde 24/7 à Télé-Québec, un docu-réalité sur le personnel soignant de l’hôpital Maisonneuve-Rosemont. Après avoir complété la 4e saison, je me demandais quel autre univers nous plongerait au cœur d’histoires aussi intenses? Qui d’autre travaille à part les infirmières et les médecins aussi proches de la population? C’est là que j’ai pensé aux policiers.»
«Les policiers baignent dans beaucoup de détresse humaine. Je m’en doutais, mais jamais à ce point-là. C’est lourd et compliqué par moment. À la longue, cela doit être difficile de ne pas se faire une carapace et de ne pas devenir blasé.»
-Catherine Proulx
Le travail sur le terrain n’a pas débuté du jour au lendemain, note la réalisatrice. «Il y a eu 40 jours de tournage environ plus du temps d’observation sans caméra pour se familiariser et tisser des liens de confiance. C’est ce qui a fait qu’on a pu aussi s’approcher des policiers et ne pas nuire au travail. Il fallait que tout le monde soit à l’aise.»
Secondée par la productrice Nadia Ruel, Catherine Proulx mentionne que la collaboration a été excellente avec les policiers qui se sont portés volontaires pour participer à cette série. «Ils avaient compris ce qu’on voulait faire. Les policiers ne courent pas après les caméras. Les patrouilles de soir se déroulent parfois dans des conditions de travail difficile avec beaucoup d’interventions en santé mentale.»
Le tournage a permis de constater que les policiers doivent, par moment, se couper de leurs émotions, car ils ont accès à beaucoup de noirceur de la société contrairement à d’autres répondants. «Ils ne voient pas souvent le côté lumineux, car ils sont dans l’urgence, dans la crise et l’action. Ils sont continuellement dans l’inconnu. Chaque policier doit s’adapter et créer très rapidement une barrière psychologique entre ce qui vient de se passer et ce qui se passera ensuite. Il ne peut pas arriver à un événement en étant teinté du précédent.»
Patrouille multi
Implantée depuis mai 2020, les constables attitrés à la patrouille multi s’occupent principalement des problèmes liés à l’itinérance. «Ce sont des gens qui connaissent beaucoup d’insécurité, il y a parfois de petites infractions, mais jamais rien de grave», commente Frédéric Giguère qui cumule 21 ans d’expérience comme policier.
Formée de cinq équipes, composées chacunes de deux policiers, elles patrouillent quotidiennement la 3e Avenue, le secteur de Lauberivière, la rue Saint-Jean, la Grande-Allée et la rue Cartier. «On s’occupe d’eux, car nous n’avons pas un de répression. On les accompagne en proposant à certains de les amener vers des ressources qui peuvent les aider.»
Ces interventions quotidiennes permettent aussi de développer une certaine complicité. «On vient à les connaître. Nous, on n’est pas les méchants, car on ne donne pas de contraventions.» Il remarque que l’itinérance a tendance à se déplacer vers le secteur de Beauport. L’agent Giguère mentionne que la patrouille multi occupera l’édifice FX Drolet une fois que la centrale de police sera déménagée vers le nouveau bâtiment.