Utilisation concluante du procédé Phoslock au lac Bromont
ENVIRONNEMENT. Dans sa lutte contre les épisodes d’algues de surface causés par les cyanobactéries qui affectent plusieurs plans d’eau chaque été au Québec, le lac Bromont a opté pour le Phoslock. Mis à l’essai pour la première fois dans la province, le procédé a connu un succès qui pourrait éventuellement être reproduit sur un lac apparenté en dimensions comme celui de Saint-Augustin.
(Photo gracieuseté – Ville de Bromont)
Bien que les résultats demeurent préliminaires, l’application du produit australien réalisé l’automne dernier dans le lac Bromont semble tenir ses promesses. Au cours des mois d’octobre et novembre 2017, ainsi que d’avril et mai dernier, les experts ont épandu 175 tonnes de cette substance élaborée pour emprisonner le phosphore au fond de l’eau. La solution a été préconisée au terme de longues recherches menées par le Service aux collectivités de l’Université du Québec à Montréal (UQÀM).
Selon Maria Hernandez, coordonnatrice en urbanisme et environnement à la Ville de Bromont, les résultats pour le premier été s’annoncent très encourageants. «Tout n’est pas parfait, note-t-elle. C’est à long terme qu’on va pouvoir mesurer les effets concrets du Phoslock. Néanmoins, auparavant, l’apparition d’algues se produisait parfois aussi tôt qu’en juin. Or, malgré l’été caniculaire qu’on a connu, seulement quelques rares efflorescences de cyanobactéries sont survenues tard vers la fin août.»
Des prélèvements effectués chaque semaine depuis le début du traitement ont permis de chiffrer l’amélioration de la qualité de l’eau. Les microbiologistes ont constaté que la concentration de phosphore dans le lac a reculé de 122 à 25 microgrammes par litre. De plus, des mesures prises par l’Association de conservation du bassin versant du lac Bromont (ACBVLB) démontrent que la clarté s’établit désormais à 2,8 mètres.
(Photo Métro Média – Alain Couillard)
Produit novateur utilisé pour la première fois au Québec, le Phoslock fera l’objet d’un suivi attentif. Ayant pris des années à convaincre, le ministère de l’Environnement a exigé une analyse rigoureuse du procédé sur cinq ans. La vigile réalisée par l’ACBVLB sera doublée d’analyses physico-chimiques mensuelles de spécialistes de l’UQAM.
Investissement majeur
Le coût de l’opération Phoslock s’élève à 650 000$ pour une première application. La facture a été entièrement assumée par la Ville de Bromont. Il est possible qu’une nouvelle intervention soit requise dans trois à cinq ans, en fonction de la réaction du lac et de la réduction des autres sources potentielles de phosphore.
«Bloquer les sédiments au fond de l’eau n’est pas la seule solution au problème des algues bleu-vert. Il faut continuer à sensibiliser la population et travailler sur plusieurs fronts afin de revenir à une situation optimale. En ce sens, il est nécessaire de limiter l’apport externe de résidus de phosphore par les activités agricoles, l’érosion, les fosses septiques ou le déboisement», énumère Mme Hernandez.
(Photo gracieuseté – Ville de Bromont)
Différentes actions seront d’ailleurs mises en branle chaque année dans le cadre d’un plan directeur 2017-27. Il est notamment question de favoriser la renaturalisation des berges, afin de préserver cette seconde chance de survie du lac. Pour Bromont, qui tire de grands avantages économiques des activités de villégiature autour de son plan d’eau réputé en Estrie, il s’agit d’une opportunité majeure à ne pas rater. La ville ne peut se permettre d’y interdire la baignade et la navigation à plusieurs reprises chaque été.
Cyanobactéries vs Phoslock
-Les experts ont établi que les sédiments à haute concentration de phosphore accumulés au fond du lac sont les principaux responsables des efflorescences de cyanobactéries aussi appelées algues bleu-vert.
-Le Phoslock est une substance composée de granules d’argile (bentonite), auxquelles sont chimiquement fixé du lanthane. Déversé dans les eaux, ce métal non toxique se dépose au fond comme une chape qui emprisonne le phosphore.
(Photo Métro Média – Archives)
À lire la réaction du Conseil de bassin du lac Saint-Augustin (CBLSA).
Métro Média