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Le défi de l’instant présent pour Céline Maltais-Robitaille

Bien avant Twitter existait le haïku. Poème d’origine japonaise, il cherche à évoquer un moment, une image, une anecdote, une émotion en moins de 17 syllabes. Autant dire que celui qui s’y adonne devient un expert du bref et de l’art de la suggestion, à l’égal d’un photographe des mots. C’est précisément ce défi qui motive Céline Maltais-Robitaille, qui en publiait récemment un recueil, Poupées gigognes, illustré par sa petite-fille Marie-Pierre Tremblay.

Le titre de l’œuvre contient à lui seul tout un condensé de significations que l’auteure de Charlesbourg a cherché à traduire. Il s’inscrit notamment sous le signe de la mondialisation, provoquant la rencontre entre une forme poétique japonaise et des poupées russes. Le phénomène contemporain d’entassement dans les villes est pour sa part représenté dans ces poupées qui s’emboîtent: «Notre planète terre / rétrécit / poupées gigognes». Mais, plus proche de la poète, c’est surtout l’idée des générations, d’une filiation de femmes qui est mise en valeur, jusque dans la participation de sa petite-fille au recueil.

Ses petits-enfants figurent d’ailleurs parmi ses sources d’inspiration. «Semeur / de bonheurs / l’enfant». Plusieurs des instants poétiques les saisissent en pleine action, la fracture de l’un au football, les joues boueuses de l’autre au soccer. L’île aux Coudres, un lieu cher à Céline Maltais-Robitaille, transporte jusqu’aux lecteurs les parfums de sa flore et l’éclat de sa nature. Une nature qui se trouve largement immortalisée dans les pages du recueil, au même titre que le quotidien, l’amour et les souvenirs.

Nostalgiques, les Poupées gigognes de Céline Maltais-Robitaille? Peut-être un brin, mais le sourire retrouve de sa vigueur à la lecture des senryûs, ces haïkus humoristiques qui plaisent particulièrement à la poète. «La cane / suivie de huit canetons / bruit de freins». L’humour est aussi subtil que ces poèmes qui se déclinent sans fracas, avec juste assez de mots pour suggérer tout un monde.

Amour de la poésie

Lorsqu’on lui demande ses poètes fétiches, Céline Maltais-Robitaille répond sans trop d’hésitation: Gaston Miron, Félix Leclerc et Gilles Vigneault, «des pionniers au Québec». Leurs poèmes et chansons auront bercé son propre imaginaire, au point où elle leur aura emprunté certains thèmes de prédilection, dont l’amour.

On en trouve d’ailleurs la trace dans l’ensemble de ses écrits. Outre Symphonie des mots, paru en 1989 mais à titre plus personnel, Céline Maltais-Robitaille a publié Silence plein de mots (1999), La mer, l’amour, les mots (2005) et, le dernier en liste, Poupées gigognes (2012), qui se retrouvent tous trois en bibliothèque. Une belle réalisation pour celle qui n’écrivait ni poésie ni récits avant de devenie membre de la Société littéraire de Charlesbourg en 1987.

Poupées gigognes est offert à 12 $. On peut en acheter une copie en appelant Céline Maltais-Robitaille au 418 623-5621.

Membre du Groupe Québec Hebdo

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