NOËL. «Dans la période des Fêtes, je ne me sens pas capable de refuser des demandes. J’ai le goût de le faire et je trouve l’œuvre magique», raconte celui qui personnifie le père Noël dans Neufchâtel, Gaston Renaud. Depuis l’âge de 17 ans, il enfile le costume rouge et blanc chaque mois de décembre afin de faire rêver les jeunes et moins jeunes.
«De voir la réaction que ça peut créer autant chez l’enfant que l’adulte et d’embarquer dans cette joie, le père Noël, c’est la féérie», commente le résident de Neufchâtel. Dès ses premières présences sous les traits du père Noël, il a eu la piqûre pour ce contact privilégié avec l’enfant ou l’adulte qu’il rencontre. Cette féérie qui se crée lui donne le goût de poursuivre, malgré la chaleur des habits, les longues journées et les autres aléas incombant du rôle de l’important personnage.
Plusieurs souvenirs ressurgissent à l’évocation du passé que ce soit l’arrivée en camion de pompiers à Lac-Saint-Charles, l’achat de son premier costume au magasin Allard sur la rue Saint-Paul et sa première expérience comme père Noël en carriole avec la Chambre de commerce de Loretteville.
Chaque année, Gaston Renaud est attendu d’une adresse à l’autre. Les soirées sont chargées puisque le travail est saisonnier. «Le père Noël est sentimental parfois lorsqu’il entend les différentes demandes, témoigne M. Renaud. Des enfants te demandent des jouets, mais aussi un petit frère ou une sœur, la guérison, l’acceptation d’un divorce ou un nouveau chum pour un parent. Le père Noël reçoit beaucoup de confidences. Il faut être discret.» Parfois, l’homme barbu se permet de glisser un «aie confiance!», une parole qui réconforte les cœurs ayant eu leur lot de malheurs.
Il se souvient de ses enfants lui racontant la visite de l’homme à la barbe blanche qu’il avait manquée. Pendant ce grand moment, Gaston Renaud était toujours mystérieusement absent et pourtant, il savait intérieurement ce que ses bouts de choux allaient lui dire. Aujourd’hui, ils ont grandi et l’histoire se répète avec les petits-enfants. Ces derniers reçoivent l’appel du Pôle Nord annuellement.
Le personnificateur a célébré ses 77 ans le 18 décembre dernier. Malgré les printemps qui s’accumulent, il n’est pas prêt à dire adieu à ce passe-temps des Fêtes. «C’est pour cela que mon costume a été renouvelé. Je suis prêt et motivé à poursuivre. Si j’ai la santé pour le faire, ça fait tellement plaisir de le faire. Le père Noël est en moi», raconte-t-il.
En 2000, il a pris sa retraite après avoir été policier dans différents services de police notamment à Loretteville et enquêteur au gouvernement. Depuis maintenant une quinzaine d’années, M. Renaud et sa conjointe, Murielle Renaud-Auclair, affichent des petites annonces afin de visiter des garderies et des maisons privées pendant la période des Fêtes. «Depuis que Murielle a embarqué dans le rôle personnifié, c’est encore plus intéressant. C’est un projet de couple», confie-t-il.
Le tandem continue à rencontrer bénévolement des admirateurs du père Noël. Après deux présences à la résidence Katarina, ils ont visité le Centre hospitalier de soins de longue durée Chauveau cette année.
Jusqu’à 2008, le père Noël invitait les gens à donner généreusement aux portes de l’église Saint-André en décembre dans le cadre de la campagne de paniers de Noël d’Amélie et Frédérick, Service d’entraide. Dorénavant, c’est le vrai Gaston Renaud sans costume qui recueille les denrées. «En vieillissant, il va arriver que tu sentes que c’est plus difficile physiquement, reconnaît-il. Ce qui encourage, c’est la canne [de dons] qui se remplit.»
Généreux et passionné à longueur d’année
«J’ai fait de la livraison. De remplir le frigo vide, voir le rayonnement de la pauvreté dans ton propre milieu, ça réveille les sens et ça donne le goût de t’impliquer à nouveau», constate-t-il. L’implication bénévole n’a pas seulement lieu en période des Fêtes. Les besoins sont constants, peu importe le moment de l’année.
En mai, il a reçu une visite bien spéciale. Deux parents ayant besoin d’aide ont fait appel à lui. Leur fils atteint de leucémie était hospitalisé à l’établissement Sainte-Justine à Montréal. En raison des séjours répétés à la Maison Ronald McDonald et les frais divers élevés, une campagne a été organisée pour la famille.
Les Chevaliers de Colomb Charles-Neuf ont mis sur pied un souper et une soirée de théâtre avec la Troupe des aînés de Charlesbourg. Plus de 300 personnes ont contribué permettant de donner à la famille du jeune Thomas de Neufchâtel une somme de 2600$.
«Il y a toujours quelque chose à faire», fait-il valoir. Récemment, c’était au tour de la fabrique Saint-André. Le souper spaghetti des Chevaliers de Colomb du secteur a permis d’amasser 1300$.
Sa définition d’un père Noël
«Pour moi, c’est un grand ami qui a pour rôle de répandre la joie, la paix et l’amour.»
«Il doit toujours être prêt à contourner la vérité parfois avec des curieux qui pourraient tout dévoiler sur le personnage.»
«Il n’y a pas d’école de formation, mais il y a des règles strictes: une bonne écoute, de la patience, une facilité d’approche et bien comprendre la demande de cadeaux.»
Pour entrer en contact avec le tandem des Fêtes: grma10570@gmail.com
L’Actuel, membre du Groupe Québec Hebdo