MONTRÉAL — Le premier ministre Philippe Couillard s’est adressé à la communauté anglophone de Montréal, dimanche, pour les inciter à ne pas se laisser tenter par la Coalition avenir Québec (CAQ).
THE CANADIAN PRESS/Jacques Boissinot
«Nous sommes le seul parti vraiment et clairement fédéraliste», a déclaré en anglais M. Couillard, lors d’un discours d’une trentaine de minutes devant environ 300 membres de la communauté anglophone réunis au cégep Dawson.
«Est-ce qu’on a déjà entendu (François Legault) dire qu’il est un fier Canadien? Eh bien, moi je le suis.»
En novembre 2016, au terme d’un congrès de son parti, François Legault s’était pourtant dit «fier d’être Canadien», même s’il avait rejeté l’étiquette de «fédéraliste». Dans l’article 1 de la constitution de la CAQ, le parti prône le maintien du Québec au sein du Canada.
Bien que M. Couillard ait aussi fait des reproches au Parti québécois (PQ), la majorité des attaques du premier ministre ciblaient la CAQ et son chef, François Legault, «cet ancien ministre du PQ», a-t-il dit.
Il a rappelé que la CAQ voulait relancer le débat sur les signes religieux et abolir les commissions scolaires, un enjeu cher à la communauté anglophone.
Le premier ministre a aussi pourfendu la proposition caquiste qui consiste à faire passer un test de valeurs aux futurs immigrants — les libéraux l’ont surnommé le «test d’expulsion».
«À ma connaissance, c’est le seul parti politique en Amérique du Nord qui défend une politique si rétrograde», a-t-il lancé.
Cet événement a été peu publicisé par le parti, mais il était de grande envergure. En plus du premier ministre, il y avait plusieurs membres de son conseil des ministres, dont le ministre des Finances, Carlos Leitao, et la ministre responsable des Relations avec les Québécois d’expression anglaise, Kathleen Weil. Tous ces ministres sont députés de circonscription comptant une bonne part d’électeurs anglophones.
Après le discours du premier ministre, les participants à l’événement ont aussi pu échanger avec M. Couillard et ses ministres, mais cette rencontre était à huis clos.
Interrogé sur ses nombreuses attaques à l’endroit du chef caquiste, M. Couillard a expliqué qu’il fallait «appeler un chat un chat.»
«Je fais juste nommer les choses. M. Legault a l’occasion de défendre ses politiques, moi je défends les miennes, c’est normal», a-t-il soutenu.
Couillard tend la main à la communauté
Le premier ministre Couillard a d’ailleurs admis qu’il avait probablement sous-estimé la grogne de certains Québécois anglophones, qui jugent que le gouvernement libéral les tenait pour acquis.
«Pendant un certain temps, nous n’avons pas mesuré correctement la situation. J’en prends la responsabilité personnelle. Je pensais que c’étaient des voix marginales de la communauté. J’avais tort», a-t-il confié en point de presse.
«Je veux qu’ils sachent que je me soucie de leurs enjeux, parce que ce sont des enjeux québécois.»
M. Couillard a d’ailleurs vanté sa décision de nommer une ministre, Kathleen Weil, responsable des Relations avec les Québécois d’expression anglaise, et de créer le Secrétariat aux relations avec les Québécois d’expression anglaise.
«Le secrétariat existera toujours, maintenant, sauf si un parti décide de l’abolir. Le financement, s’il change, c’est pour augmenter, pas pour baisser», a-t-il assuré.
Vicky Fragasso-Marquis, La Presse canadienne