DOSSIER. Les détenteurs de casier judiciaire n’ont pas tous purgé une peine de prison, mais ils subiront tous des impacts, note David Henry de l’Association des services de réhabilitation sociale du Québec.
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«Après, c’est de te refaire. C’est de dire, est-ce qu’il y a quelqu’un qui va m’engager?», témoigne l’ex-agente correctionnelle Valérie Fouquet, qui a purgé cinq mois d’emprisonnement avant de recevoir une nouvelle peine de 240 heures de travaux communautaires. «Quand je suis allée [postuler] et que je parlais de mon histoire, le monde était plus réticent», juge celle qui vient néanmoins de trouver un emploi qui lui plait au terme de recherches entamées au début de l’année.
Les retours en emploi rapides ne sont pas exceptionnels après une courte peine, commente David Henry, mais ils sont souvent l’apanage de ceux qui font le mieux valoir leurs atouts professionnels, note Martine René de l’organisme d’aide à l’emploi La Jonction. «Si on fait valoir ses atouts et qu’on montre qu’on s’est repris en main, le casier judiciaire aura moins de poids», fait-elle valoir.
Les défis peuvent être néanmoins plus grands pour ceux qui ont été incarcérés plus longtemps, témoigne Caroline Pelletier de l’Aumônerie communautaire de Québec. «Réapprendre à vivre en société, parce qu’en prison il faut s’adapter à une autre réalité pour survivre» est le défi de plusieurs ex-détenus qu’elle et ses bénévoles côtoient.
Ouverture
Pour adapter ses services aux divers besoins des personnes judiciarisées, l’organisme La Jonction collige des informations sur l’«ouverture» des employeurs de Québec. Cela a notamment permis à Martine René de constater que les employeurs de Québec ont été plus nombreux à vérifier les antécédents judiciaires des postulants dans les 10 dernières années.
Certains domaines d’emploi demeurent difficiles d’accès, comme la santé et l’éducation, alors que la construction reste l’un des secteurs les plus ouverts. La Jonction constate en revanche que l’accès aux emplois ouvriers tend à se détériorer, entre autres au sein des entreprises exportatrices.
Discriminer un chercheur d’emploi en raison de son casier judiciaire est interdit si l’infraction commise n’a aucun lien avec l’emploi, mais il y a place à interprétation selon les domaines, conclut Martine René.
Québec Hebdo