Agriculture de détails: économiser temps et argent
MARAICHER. Nombreux producteurs locaux de la Côte-de-Beaupré ont déjà entamé le virage vers une agriculture de proximité, leur permettant d’avoir un meilleur contrôle sur leur production.
À la ferme du Bon Temps à Saint-Joachim, un kiosque est installé en bordure de rue depuis quatre générations, raconte la propriétaire des lieux, Isabelle Martineau. «Depuis que je suis toute petite, je vois les gens venir ici pour acheter fruits et légumes, relate-t-elle. Ça fait partie de moi.» Plutôt que de vendre ses produits à des grossistes, elle préfère se tourner vers la vente de paniers de famille. «Nous avons environ 200 paniers en vente aussi bien l’été que l’hiver», estime-t-elle.
Pas question pour l’agricultrice de jeter aux ordures ses fruits et légumes qui ne répondent pas aux normes de l’industrie, les légumes «pas d’classe» comme elle aime les appeler vont plutôt être vendu à prix modique ou transformer dans des recettes qu’elle vend sur place. «Je sens que ma clientèle est déjà conscientisée à cet aspect du travail», assure-t-elle.
L’économie est double pour Isabelle Martineau, comme elle peut prévoir le nombre d’espaces dont elle a besoin pour sa production. «Je ne gaspille ni le légume, ni l’espace nécessaire pour le faire pousser, révèle-t-elle.
L’agriculture de proximité donne un sens au travail de la propriétaire de la ferme du Bon Temps, pour qui le contact client est aussi important que le travail au champ. «Ça permet de vivre avec la communauté, estime-t-elle. Aujourd’hui, on perd peu à peu le contact avec la terre. Je me donne pour mission de préserver ce lien-là.»
De l’épicerie aux détails
Il y a deux ans, les propriétaires de la Ferme du Petit-Pré à Château-Richer travaillaient encore avec des grossistes pour certaines de leurs variétés de légumes, explique l’un des propriétaires, Éric Letarte. «Les grossistes, ils sont heureux quand ça marche, mais pas quand ça ne marche pas», affirme-t-il. Le travail devenait lourd avec ces marchands, qui négociaient à la baisse leur prix coûtant. «J’ai déjà dû vendre des fraises à perte, raconte-t-il. C’était ça ou les jeter.»
L’entreprise familiale, composée des frères Éric et Bruno Letarte et de leur conjointe, Isabelle Dubé et Francine Jobidon, a vu ses pertes considérablement diminuées depuis qu’ils ont concentré leurs activités sur l’agriculture de détails. «Désormais, nous semons seulement ce que nous évaluons pouvoir vendre, explique Isabelle Dubé. Avant, je pouvais semer des champs entiers de fèves ou de maïs sucré, mais les grossistes ne voulaient pas l’acheter. Au moins on le savait d’avance, nous n’étions pas obligés de les récolter, on ne faisait que les tondre et les jeter.»
Pour elle, la proximité qu’elle développe avec ses clients permet d’avoir une meilleure rétroaction sur leurs produits. «Nous savons plus vite ce qu’ils aiment, en plus de recueillir certaines demandes de produits de leur part et de les ajouter à notre variété.»
Québec Hebdo