À l’assaut des flammes
INTERVENTION – Le cœur historique de Québec recèle de joyaux architecturaux, datant pour certains du XIXe siècle. Mais cette configuration d’anciens bâtiments, collés les uns aux autres et érigés dans des ruelles, est un vrai défi lorsque les pompiers du Service de protection contre l’incendie de la Ville de Québec doivent intervenir. Le capitaine Jean-François Daigle, coordonnateur aux communications, médias et éducation du public, présente la réalité et les contraintes de ces hommes et de ces femmes du feu.
Québec Express : Quelles sont les principales difficultés pour une intervention dans le Vieux-Québec ?
Jean-François Daigle : Les rues étroites, les bâtiments collés et surtout, nous avons la problématique de véhicules mal stationnés. Il faut respecter les interdictions de stationnement, notamment aux intersections des rues pour permettre aux véhicules de pompiers de tourner et de passer.
L’hiver, avec l’accumulation de neige, un véhicule stationné empiète plus sur la route. Le conducteur devra encore plus manœuvrer et il perd du temps pour intervenir.
Les fils électriques, comme ceux par exemple du quartier Saint-Jean-Baptiste qui passent devant les fenêtres des bâtiments. En cas d’incendie, nous demandons la collaboration d’Hydro Québec pour couper le courant et isoler la rue où nous intervenons. Mais c’est sûr qu’en cas de danger immédiat pour la vie, nous demandons à Hydro Québec un délestage à distance du quartier au complet, comme lors d’une intervention sur la rue Saint-Olivier, le 30 mars dernier. Le feu était au 3e étage et risquait de se propager. Tout le quartier Saint-Jean-Baptiste a été privé d’électricité.
QE : Quels sont les outils dont disposent les pompiers pour intervenir dans ces rues ?
J-FD : Depuis plus d’un an, les casernes 1 et 2, situées dans Saint-Jean-Baptiste et dans le Vieux-Québec, ont chacune un camion échelle à timonier. Il nous aide grandement dans les rues étroites, car il est manœuvré par deux conducteurs, un à l’avant et l’autre en arrière. Cette manœuvrabilité accrue nous permet de passer partout. Mais ce camion est large et lorsque l’échelle est sortie, il est nécessaire de stabiliser le camion en sortant des vérins.
Les camions d’intervention des pompiers de la Haute-Ville sont plus courts que les autres pour mieux se manœuvrer. Le parechoc est aussi plus court. Que ce soit pour l’accès à La Citadelle qui est en zigzag, la rue Signaï, la rue Sainte-Ursule, etc. ces camions peuvent intervenir partout sans difficulté.
Tous ces équipements nous permettent d’être bien équipés pour œuvrer dans Québec.
QE : Comment évaluer le temps nécessaire pour intervenir en cas de sinistre ?
J-FD : Les conducteurs font de la reconnaissance des lieux. Cela permet de soulever des problématiques et sert également de pratique en cas d’intervention. Les conducteurs connaissent bien leur secteur. Lors d’une intervention, le conducteur sait déjà le parcours à prioriser. Se promener ainsi dans les rues est le secret pour manœuvrer le véhicule et acquérir de l’expérience sur le terrain.
QE : Quels sont les quartiers les plus difficiles d’accès ?
J-FD : Saint-Jean-Baptiste, le Vieux-Québec, la côte de la Fabrique ou encore les ruelles en arrière des bâtiments de la Basse-Ville. Pour autant, on finit toujours par accéder sur les lieux d’un sinistre.
Le Service de protection contre l’incendie de la Ville de Québec en chiffres
102 pompiers sont en devoir en tout temps sur le territoire
78 % du nombre total d’interventions requérant le déploiement de minimum 4 pompiers ont été effectués, en 2012, en moins de 5 minutes
98 % l’ont fait en moins de 10 minutes
16 casernes sont réparties sur le territoire
465 employés travaillent au sein du SPCIQ 9 267 appels ont été enregistrés en 2012
Le Québec Express, membre du groupe Québec Hebdo