Construire la ville sur la ville
URBANISME – Une cinquantaine de personnes ont récemment participé à une conférence sur la densité urbaine, organisée par les conseils de quartier Montcalm, Saint-Jean-Baptiste, Vieux-Québec et Vieux-Moulin. Animée par Rémi Morency, architecte urbaniste, cette soirée a permis de mieux comprendre les réalités de chacun afin de donner une vision identitaire aux quartiers.
Les conseils de quartier souhaitent embellir leur lieu de vie tout en favorisant un développement harmonieux, respectueux du patrimoine bâti de la ville, de ses grands espaces et des multiples vies de quartier qui s’y abritent. Comment y parvenir en tenant compte des contraintes des architectes et des urbanistes?
«La question de la densité urbaine durable n’est pas réglée. La conférence de M. Morency nous a permis, entre les différents conseils de quartier, de nous donner un vocabulaire commun, explique Mireille Bonin, membre du conseil de quartier Saint-Jean-Baptiste. La transparence est essentielle en matière de développement si l’on veut obtenir une acceptabilité sociale des projets.»
Cette conférence intervient après la mise en place du plan de mobilité durable où il est question «d’améliorer les transports en commun et en même temps, des décisions sont prises pour agrandir les autoroutes. C’est incohérent», poursuit-elle.
Changer la vision des gens
Pour les citoyens de ces quartiers, il est essentiel de trouver un moyen pour changer le regard sur la qualité de vie. «Tout ne se réduit pas à la voiture. La densité ne doit pas être considérée comme une vertu. Il va falloir être capable de s’entendre pour répondre aux besoins des citoyens, c’est-à-dire, diminuer l’étalement urbain, augmenter l’offre de transports en commun afin d’améliorer le cadre de vie des personnes qui y habitent et développer une trame urbaine qui soit plaisante à voir pour tous», détaille Mme Bonin.
Actuellement, les membres des différents conseils de quartier sont à l’heure du constat. «Ça va prendre, de la part des citoyens, de la Ville et des promoteurs, une compréhension pour voir que la densité est différente d’un endroit à un endroit. Ça nous prend un rêve de société. Pourquoi au nom de l’étalement urbain et de la densification doit-on sacrifier les terrains de Sainte-Foy et Sillery? Pourquoi délaisse-t-on les terrains sur Henri-Bourassa ? Comment densifier Saint-Jean-Baptiste alors qu’il s’agit d’un des quartiers les plus denses?», interroge-t-elle.
Autant de questions auxquelles les conseils de quartier veulent apporter des réponses pour offrir un meilleur cadre de vie afin de conserver le sentiment d’appartenance à un quartier. «Les quartiers sont différents les uns des autres. La densification ne peut être faite à la pièce. Les quartiers doivent être habités avec cohérence. L’activité commerciale est nécessaire pour structurer un espace sain. Il faut donc requalifier l’espace public», poursuit-elle.
À la question où densifier, elle répond : «Il reste des friches partout en ville comme le long d’Henri-Bourassa ou du boulevard Hamel. Il faut donc pouvoir s’adapter au changement et accepter de modifier notre patrimoine. Il faut être ouvert au changement», conclut-elle.
Le Québec Express, membre du Groupe Québec Hebdo