Les ménages qui habitent des secteurs densément peuplés et défavorisés sur le plan socioéconomique ont été plus durement touchés lors des premières vagues de la pandémie, rapporte une équipe de recherche de la Direction de la santé publique du CIUSSS de la Capitale-Nationale et de l’Université Laval dans la revue BMC Public Health.
«L’association entre les disparités socioéconomiques et l’incidence cumulative de la COVID-19 était observable dès la première vague de la pandémie, et elle s’est accentuée lors des vagues subséquentes», signale le responsable de l’étude, Slim Haddad, de la Faculté de médecine de l’Université Laval, du Centre de recherche en santé durable VITAM et de la Direction de la santé publique du CIUSSS de la Capitale-Nationale.
Selon les analyses de l’équipe, les populations désavantagées sur le plan socioéconomique couraient 3,6 fois plus de risques d’habiter dans les secteurs où la fréquence cumulative des cas de COVID-19 était la plus élevée. À l’inverse, les populations ayant les plus hauts revenus étaient deux fois moins à risque de résider dans des secteurs les plus durement frappés par la pandémie.
«Plusieurs facteurs peuvent expliquer cette association, avance la première auteure de l’étude, Gabrielle Lefebvre, de la Direction de la santé publique du CIUSSS de la Capitale-Nationale. Par exemple, les personnes désavantagées sur le plan socioéconomique occupent plus souvent des emplois essentiels comme préposés aux bénéficiaires ou employés dans des magasins d’alimentation, ce qui augmente leur risque d’exposition à la COVID-19 ou limite leur capacité de se protéger de la maladie. De plus, les quartiers où se concentrent les personnes défavorisées sont plus densément peuplés et les logements comptent plus d’occupants, ce qui favorise la contagion.»
Les quartiers inégaux devant la pandémie
L’équipe de recherche arrive à ces conclusions après avoir mis en parallèle des données du Recensement de 2016 et des données sur l’incidence cumulative des cas de COVID-19 entre mars 2020 et novembre 2021 dans 1206 secteurs de la ville de Québec et des MRC environnantes.
Les cartes qui résultent de ces analyses montrent une hétérogénéité spatiale relativement élevée entre les quartiers de la ville de Québec de même qu’entre les secteurs de la Capitale-Nationale situés au nord du fleuve. Les secteurs les plus touchés sont situés dans les quartiers centraux de Québec.
« Contrairement à ce que certains ont laissé entendre pendant la pandémie, la COVID-19 n’est pas un grand démocrate qui frappe sans égard à la situation socioéconomique des gens, commente Slim Haddad. La pandémie a plutôt amplifié les disparités sociales en santé en touchant davantage les personnes pauvres, les personnes immigrantes, les minorités et les personnes plus vulnérables en raison de leur santé ou de leur statut social. Il faudra tenir compte de ces disparités et de ces vulnérabilités dans les interventions en santé publique si une nouvelle vague de COVID-19 ou une autre pandémie devait se produire. »
Les autres auteurs de l’étude parue dans BMC Public Health sont Mélanie Saint-Onge et André Dontigny, de la Direction de la santé publique du CIUSSS de la Capitale-Nationale, et Dominique Moncion-Groulx, étudiant au Département de géographie de l’Université Laval.