Avez-vous remarqué, lors de vos déplacements sur l’avenue Royale à Château-Richer, des panneaux le long de route? Ce projet créé et réalisé par Jean-Luc Milot, un citoyen retraité passionné d’histoire, s’étale en fait sur 11km en 37 panneaux généalogiques racontant l’histoire des familles souches de la municipalité, de 1634 à environ 1710.
Ces panneaux affichent l’histoire de la colonisation française sur la Côte-de-Beaupré, plus spécifiquement dans la Seigneurie de Beaupré. Ce nouvel attrait touristique permettra aux gens de découvrir où habitaient leurs ancêtres sur l’avenue Royale. Il est à noter que les panneaux ont été posés majoritairement sur les terres ancestrales mêmes des gens qu’ils affichent, avec l’accord des propriétaires actuels.
«On y fait donc la liste des noms de ces premiers colons qui sont venus s’établir sur la Côte-de-Beaupré. Il ne faut pas oublier que ces gens étaient majoritairement mariés, donc on y mentionne le nom de ces femmes qui ont eu un rôle important non seulement dans la mise en place de cette colonisation, mais aussi par le fait qu’elles ont eu beaucoup d’enfants», raconte avec passion Jean-Luc Milot qui a mis trois ans pour la réalisation de ce projet.
Les panneaux comportent au final plusieurs centaines de noms qui sont encore bien présents dans notre société québécoise, par exemple: Cloutier, Gagnon, Allard, Jobidon, Lavallée, Fortin, Trépanier, Drouin, Gravel, Bélanger, Thibault, Dussault, Cauchon, Marois, Morin, Lemieux, Goulet ou Dumais, pour ne nommer que ceux-là.
Jean-Luc Milot a tout un tas d’anecdotes historiques intéressantes à raconter, donc celle-ci à propose de l’origine du nom Dussault. «C’était certainement un certain Toussaint Toupin qui habitait sur la terre qui longeait la rivière du Sault à la Puce. Au début de la colonisation, on parlait de lui en disant: Toussaint Toupin du Sault à la Puce. Ensuite c’est devenu: Toussaint Toupin du Sault. Pour devenir: Toussaint Toupin dit Du Sault. Et aujourd’hui, tous les Dussault du Québec sont ses descendants. On voit donc que dans la généalogie les changements de noms se font parfois pour des raisons géographiques.»
Notre histoire
À l’époque, le territoire de la Seigneurie de Beaupré s’étendait de la rivière Montmorency à la rivière du Gouffre de Baie-Saint-Paul. C’était donc la plus grande Seigneurie de la Nouvelle-France. Les premiers seigneurs étaient au nombre de huit, puis, Monseigneur de Laval a acheté la Seigneurie de Beaupré et la Seigneurie de l’ile D’Orléans, qu’il a ensuite vendues pour acheter la Seigneurie de l’ile Jésus… qui s’appelle aujourd’hui Laval.
Les premiers colons qui sont venus s’établir sur la Côte ont donc eu un impact important sur ce qu’est devenu le Québec d’aujourd’hui. La richesse généalogique de ces panneaux ne s’arrête pas aux simples noms de ces colons. M. Milot a poussé ses recherches pour trouver le nom de toutes les femmes de ces hommes, mais également pour savoir lesquelles de ces femmes étaient des Filles du roi, détail aussi indiqué sur les panneaux.
C’est grâce à une recherche faite par Raymond Gariépy, un notaire de L’Ange-Gardien, décédé il y a quelques années, de tous les contrats notariés de Nouvelle-France de 1634 à 1992 que notre historien amateur a pu répertorier cette numérotation.
«Son livre a été une référence précieuse pour faire ces recherches généalogiques. J’ai aussi eu l’aide du Dr Julien Poitras, qui a fait l’illustration des panneaux. Et, Michel Baril qui a passé sa vie dans les musées, m’a grandement aidé pour identifier quelles informations devaient apparaitre sur les panneaux et de quelle façon», a tenu à remercier le créateur, entre autres personnes l’ayant épaulé dans ce projet d’envergure.
Château-Richer est l’une des paroisses les plus anciennes de la région et sa colonisation remonte aux environs de 1636 quand environ 80 familles sont arrivées sur place. Ce serait un dénommé Olivier Le Tardif qui est considéré comme l’un des véritables fondateurs. Le nom de la ville est apparu vers 1692: paroisse de la Visitation de Notre-Dame de Château-Richer, pour devenir, le 4 mai 1968, la ville de Château-Richer. On remercie M. Milot pour ce travail d’envergure.
Gino Chouinard, maire de Château-Richer