Exclusif: Suzanne Harton lance un cri un cœur. La mère de Marie-Renée Baillargeon, présumée victime d’un agresseur sexuel, ne veut plus garder le silence. Elle livre ici un témoignage bouleversant.
C’est dans sa salle à manger que Suzanne Harton parle des épreuves que vit sa fille, Marie-Renée Baillargeon. Cette dernière affirme avoir été agressée, de février à juin 1999, par un avocat connu de Québec. Depuis, elle tente de se faire entendre.
Suzanne Harton confie avec prudence ses états d’âme. Elle revient sur sa séparation d’avec le père de ses quatre filles dont Marie-Renée est la plus jeune.
Nous sommes en 1995, en avril plus précisément, lorsque Mme Harton avise son ex-mari de leur séparation. En juin, les enfants sont mis au courant. «Je ne voulais pas qu’ils ratent leurs examens, je les ai avisées après la fin de l’année scolaire. Je leur ai bien expliqué que je voulais et tenais à m’occuper d’elles. Ma maison et mon cœur ont toujours été ouverts pour mes enfants», confie-t-elle.
La garde des filles est accordée à M. Baillargeon en 1998. «La garde de mes enfants a été confiée à mon ex-mari non pas parce que j’étais inapte ou déchue de mon rôle parental mais en raison de l’âge de mes enfants», explique-t-elle.
L’effroyable nouvelle
C’est par une tierce personne que Suzanne Harton apprend, qu’en 2001, les supposées agressions commises sur sa fille par un voisin. «Lorsque j’ai appris ces faits, de façon directe, crue et sans aucune préparation, j’étais sous le choc. Ça n’avait aucun sens que je ne sois pas au courant. J’aurais tant voulu être là pour l’épauler», regrette-t-elle.
Et ce voisin, elle le connaît. Pas très bien. «C’était un simple voisin. Entre les filles et le travail, je ne côtoyais pas vraiment le voisinage, je n’avais pas le temps. Nous sommes déjà allés souper chez eux et jamais je n’aurais imaginé qu’une histoire comme celle-ci aurait pu se passer», confie-t-elle.
Pour elle, il ne fait nul doute que Marie-Renée dit la vérité. «C’est un menteur et un manipulateur. Il affirme qu’il s’agit d’une maladresse, une maladresse qui a duré quatre mois ? Il n’y a aucune place pour ce genre de maladresse sur ma fille. C’est inacceptable. J’imagine toute la douleur qu’elle a pu vivre pendant quatre mois et qu’elle vit depuis tout ce temps», dit-elle les yeux remplis de larmes.
Et ce qu’elle trouve aujourd’hui le plus dur est de ne pas serrer dans ses bras sa fille. «Quand je l’ai vu, à la télévision, pleurer lors de la conférence de presse, j’ai trouvé cela tellement difficile. Je l’aime tant», lâche-t-elle en mettant ses deux mains sur ses yeux pour cacher ses larmes.
Choquée, outrée
Le ministre de la Justice, Bertrand Saint-Arnaud, a récemment refusé la réouverture du dossier de Marie-Renée. «Je suis extrêmement choquée par les décisions qui ont été rendues par le directeur aux poursuites criminelles et pénales et par le ministre de la Justice qui font en sorte que ce collecteur de fonds que je connais s’en tire sans accusation. C’est tout à fait dégoûtant, lance-t-elle. Je suis choquée que ma fille ait à vivre avec cette injustice. J’ai mal avec elle. Mais elle est courageuse et tenace. Elle démontre une grande solidité et fait preuve de grande maturité.»
Face à la décision du ministre de la Justice qui souligne s’être assuré «que le processus avait été rigoureux et indépendant», Marie-Renée Baillargeon a soutenu que ce dernier n’avait pas entendu le message de la population qui demande «un système de justice plus humain, plus à l’écoute des victimes.»
Cette mère monoparentale de 29 ans n’admet pas cette décision : «Non seulement j’ai été humiliée dans mon petit lit quand j’étais jeune, je le suis encore là, à l’âge adulte. Je trouve ça dur. Malgré la preuve solide et concrète où il dit face à une caméra se souvenir de s’être réveillé à côté de moi, en petite cuillère. On refuse de le confronter même s’il a échoué le test du détecteur de mensonges. C’est un menteur qui est craint. Avec la réponse du ministre, je comprends qu’il ne faut pas s’attaquer aux puissants de ce monde», a confié Mme Baillargeon lors d’une conférence de presse.
Aujourd’hui, quelle que soit la suite que donnera sa fille à ce dossier, Suzanne Harton espère que cette affaire «se réglera en sa faveur.» Elle supplie «l’autre victime de ce collecteur de fonds du Parti libéral de se manifester et de porter plainte contre cet agresseur. Il faut que justice soit rendue.»
Suzanne Harton souhaite de tout son cœur que sa fille puisse un jour tourner la page. «Ça fait 15 ans que cela dure, il faut qu’elle puisse passer à autre chose», conclut-elle.
Groupe Québec Hebdo