TÉMOIGNAGES. Alors que la communauté est toujours sous le choc suite au décès de six Québécois au Burkina Faso, les témoignages d’amis et de collègues continuent d’affluer. Partout l’incompréhension et un grand sentiment d’injustice sont palpables.
«C’est une onde de choc, nous sommes consternés. Il y a un côté irréel rempli de tristesse. Ce matin, l’ambiance très lourde. Nous avons un deuil à faire, car on ne le réalise pas encore. On est solidaire entre nous, explique Nicolas Bégin, porte-parole au ministère de l’Énergie et des Ressources naturelles qui était un proche collègue de Gladys Chamberland. On s’est rencontré hier pour faire le point là-dessus pour ne pas vivre ça chacun de son côté. Ce matin, ce n’est pas évident de rentrer au travail et de voir son bureau vide.»
Son ancien collègue n’avait que de bons mots pour celle qui était plus que passionnée par les voyages humanitaires. «Toujours de bonne humeur, dynamique, pétillante. Elle était appréciée de tous, un véritable rayon de soleil sur deux pattes. Le voyage lui tenait beaucoup à cœur, ça la passionnait et ça l’animait. Elle en parlait depuis longtemps. Nous avions tous collaboré à ses activités de financement. Elle en avait déjà fait un autre voyage du genre en 2013.»
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Pas de mots pour exprimer ce qui se passe
À la municipalité de Lac-Beauport, où la famille Carrier-Chamberland résidait, la communauté est aussi sous le choc selon la mairesse Louise Brunet. «Ce ne sont pas des moments faciles. Nous sommes tous sous le choc. Le terrorisme se passe toujours ailleurs et ça a l’air si loin sauf quand ça nous touche comme ça. Je n’ai pas de mots pour exprimer ce qui se passe.»
Les gens pourront venir rendre leurs derniers hommages à la famille Carrier-Chamberland dès 19h ce soir, au Club Nautique de Lac-Beauport. «On s’attend à beaucoup de monde ce soir. Ils étaient des citoyens de Lac-Beauport depuis trente ans. Maude Carrier a enseigné à une de mes filles. Tout le monde a eu un lien avec l’un des membres de cette famille qui était impliquée et remarquable.»
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Plusieurs institutions touchées de près
Par voie de communiqué sur son compte Facebook, la directrice de l’école Boudreau, où enseignait Louis Chabot, s’est dit consternée par le décès de son collègue. «Nous avons appris, avec consternation, samedi, la mort tragique de Monsieur Louis Chabot, enseignant de mathématique de 4e secondaire, qui figurait parmi les 6 coopérants de la région de Québec victimes des attentats perpétrés au Burkina Faso. Nos pensées se sont immédiatement dirigées vers les membres de la famille de Monsieur Chabot, à qui nous offrons nos plus sincères condoléances.
De plus, toutes nos pensées sont également orientées vers Madame Fannie Carrier, enseignante de français à notre école, qui a perdu une partie de sa famille lors de ce tragique événement. Nos sympathies et notre soutien lui sont acquis.
Dans les circonstances, comme nous sommes en période d’examens de fin de session, nous vous avisons que les épreuves du MEESR sont maintenues à l’horaire tel que prévu, mais que certaines épreuves locales pourront être reportées. En cette journée du 18 janvier, nous prendrons le temps de mettre en place de mesures de soutien pour le personnel de l’école.
Nous sommes également soucieux de prendre soin des élèves qui sont touchés par cette situation. Ainsi les élèves qui ressentent le besoin de se recueillir pourront rencontrer une équipe de professionnels qui les accueillera dès aujourd’hui. Du personnel professionnel sera déployé dans l’école afin de soutenir les élèves et le personnel dans leur démarche.»
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À L’Ancienne-Lorette où résidait Louis Chabot, les drapeaux sont en berne. «Nous déplorons le décès de monsieur Chabot. Il est allé offrir ses services et ça lui a couté la vie. Le terrorisme touche n’importe où. Nous offrons nos sympathies à la famille et respectons l’intimité de la famille. Les drapeaux de la Ville seront en bernes jusqu’aux funérailles de monsieur Chabot», a annoncé le maire Émile Loranger.
Du côté du Centre Amitié solidarité internationale de la région des Appalaches, partenaire du voyage au Burkina Faso, c’est aussi un sentiment de grande peine qui règne aujourd’hui. «C’est avec une immense tristesse que nous avons appris que les six Québécois décédés dans les attentats sont les six personnes qui formaient le groupe parallèle de CASIRA au Burkina Faso.
L’organisme tient à transmettre ses plus sincères sympathies aux familles et les assurer de son soutien.
Ces bénévoles étaient au Burkina pour des travaux sur différents sites, dont une école et un orphelinat. Ils s’étaient investis depuis plusieurs mois pour des levées de fonds et participaient au projet dans un esprit d’entraide et de don de soi hors du commun.»
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