SOCIÉTÉ. En guise de fin de parcours au secondaire, Éléonore Châtigny a voulu marquer le coup en réalisant un projet d’étude d’envergure. On peut dire qu’elle s’est gâtée en participant à un concours de bourses au prestigieux National Geographic pour la réalisation d’une recherche documentée sur l’influence des femmes de couleur notoires en tant que modèle pour la génération montante issue de minorités.
(Photo Métro Média – François Cattapan)
Au départ, ce qui surprend le plus, c’est que l’étudiante en secondaire V n’est absolument pas concernée par cette réalité. Née dans une famille blanche et plutôt favorisée de Sillery, elle a pourtant été très tôt sensibilisée aux enjeux de l’iniquité. Cela remonte à son enfance, alors que ses grands-parents lui ont raconté leur relation d’amitié privilégiée avec Josephine Baker, considérée comme première célébrité afro-américaine devenue une icône pour ses consoeurs dans les années 1930.
L’histoire de cette pionnière dans la lutte des Noirs en faveur du droit aux mêmes chances et opportunités d’éducation et de carrière a germé tranquillement en elle. Jusqu’au jour où s’est présentée l’occasion d’en faire le centre d’un travail scolaire. Après avoir découvert l’existence d’ateliers de perfectionnement en rédaction offerts par National Geographic, Éléonore tente sa chance et voit son projet retenu parmi les 20 présélectionnés à partir des milliers de présentations envoyées des quatre coins du globe.
«Nous sommes deux du Canada et je suis la seule originaire du Québec. Reste à passer l’ultime étape, qui consistera en la sélection des projets lauréats d’une bourse de réalisation. Je compte faire de mon mieux pour en décrocher une, mais si ce n’est pas le cas ça ne mettra pas un terme à ma démarche. J’irai de l’avant par mes propres moyens», assure l’ado de 15 ans déterminée au point d’avoir budgété l’opération qui s’échelonnera durant toute sa dernière année au Séminaire des Pères-Maristes.
Favoriser l’essor au féminin
(Photo gracieuseté – Benjamin Rusnak)
Après avoir passé une partie de l’été au siège social de National Geographic et sur le campus de l’université Georgetown à Washington, Éléonore est revenue plus motivée que jamais. Consciente de la chance qu’elle a, même si les femmes doivent continuer de lutter pour faire leur place dans toutes les sphères du marché du travail, elle constate que la marche s’avère encore plus haute pour ses congénères aux racines métissées. Persuadée que la société moderne s’enrichit de sa diversité, elle souhaite initier à petite échelle un changement de mentalité.
«Il est préoccupant de constater que de nos jours, les femmes de couleur n’occupent que très peu de postes de gestion. Je sais que les jeunes femmes comme moi ont la possibilité de se réaliser pleinement dans leur carrière, ce qui n’est pas nécessairement le cas pour celles des minorités ethniques. Mon intention est de les motiver à saisir les occasions de développer leur plein potentiel. C’est dans ce sens que mon projet vise à rencontrer des femmes de couleur accomplies dans la société québécoise, pour en faire des modèles inspirants pour celles qui suivent», explique Éléonore en décrivant les détails de son plan d’action qui se déploiera de septembre à mai prochain.
(Photo gracieuseté – Benjamin Rusnak)
Comme elle l’écrit dans le document de présentation rédigé dans un excellent anglais, la cause de l’égalité des chances de réussite pour toutes ses condisciples lui tient à cœur depuis sa prime jeunesse. Imprégnée des réalisations de Josephine Baker, racontées par sa grand-mère, et celles de sa mère, très engagée dans l’Effet Ambition prônant la réussite au féminin, elle veut fournir des sources d’inspiration de proximité aux jeunes d’ici. «Certes, il y a les Michelle Obama et Oprah Winfrey, convient-elle, mais c’est toujours plus efficace de référer à des exemples proches auxquels on peut s’identifier.»
Sans compromis
Durant l’élaboration de son projet d’étude, Éléonore entend mettre à profit les ateliers de formation et les conférences suivies lors de son séjour estival au siège social du National Geographic. Forte de conseils techniques reçus pour attirer l’attention d’un public cible, améliorer sa maîtrise d’un sujet et cerner la pertinence dans sa collecte d’informations, elle s’attaquera bientôt au montage d’une vidéo présentant les témoignages des femmes influentes interviewées.
Appui ou non du National Geograhic, l’étudiante engagée entend concrétiser son projet durant son année scolaire. S’il le faut, elle ira chercher des commandites pour parvenir à le financer. Déjà, elle prévoit bonifier la potentielle bourse pour aboutir à quelque chose de plus élaboré. À terme, elle veut transmettre le résultat de sa recherche lors de conférences dans les écoles primaires et secondaires de Québec. On devrait entendre parler d’elle prochainement…
Plan de travail
-Septembre et octobre: recherche de femmes inspirantes
-Novembre et décembre: rencontres et entrevues
-Janvier et février: montage de la vidéo des témoignages
-Mars et avril: présentation dans les écoles
-Mai et juin: campagne dans les médias sociaux
(Métro Média)