ÉCONOMIE. «Je le sais que c’est une nuisance», admet Luc Massicotte, propriétaire de l’immeuble qui abrite l’ancienne boucherie W.E. Bégin, sur la rue Saint-Jean. Le commerce laissé à l’abandon depuis 2012 est de plus en plus pointé du doigt pour ses problèmes d’insalubrité et de rongeurs qui s’éternisent.
Ces problèmes ont refait surface lors du dernier conseil de ville alors que Jean-François Schoofs, membre de la Société de développement commercial (SDC) du Faubourg Saint-Jean, s’est fait le porte-parole de ses pairs pour se plaindre de cette situation mauvaise pour les affaires, et qu’ils dénoncent déjà depuis un moment. «Je le sais, c’est dégueulasse», a convenu le maire Régis Labeaume.
Un commentaire «gratuit» dont l’avocat Luc Massicotte se serait volontiers passé, lui qui est en négociations avec la Ville de Québec depuis trois ans pour faire avancer son projet de relance. Rachetée en 2010, fermée en 2012 pour rénovations majeures, la boucherie centenaire devait renaître quelques mois plus tard au rez-de-chaussée d’un immeuble revampé qui aurait hébergé des condos de luxe aux étages supérieurs. C’était avant de découvrir de l’amiante dans les murs. «On en aurait eu pour 1M$ à décontaminer», chiffre M. Massicotte.
Ne restait donc plus que l’option de la démolition. Or, un permis de démolition au centre-ville s’accompagne d’une caution d’exécution de 150 000$, «pour éviter la situation qu’un édifice soit démoli et qu’il n’y aurait pas de projet», précise David O’Brien, relationniste à la Ville. Une garantie qui ne fut «rien pour faciliter le financement», de déplorer Luc Massicotte: «Ça prend un entrepreneur qui a les reins assez solides pour la construction.» Si celle-ci se réalise dans les délais fixés, la Ville rembourse la caution versée.
Meilleur scénario
Permis en poche depuis novembre, l’avocat a laissé passer l’hiver avant de se mettre en quête de cet entrepreneur aux reins solides; il a bon espoir de le signer bientôt avec les rencontres qu’il fait ces jours-ci. Dans le meilleur des scénarios: démolition en mai, début du chantier en juin, et livraison avant la fin de l’année.
Chose certaine, «j’y crois, à Bégin», insiste Luc Massicotte. Sous quelle forme? «Difficile à dire, ça va dépendre des partenaires», répond celui qui se verrait bien mettre l’accent sur les charcuteries et les mets cuisinés. À l’instar des commerçants et résidents, il se dit impatient de ramener une boucherie dans le quartier. Et, surtout, de voir «disparaître cette grosse verrue-là» qui fait honte à tous.
(Avec la collaboration de Perrine Gruson)
Québec Hebdo