Suivre une thérapie implique de se centrer sur soi-même pour mieux se comprendre. Mais comment faire pour ne pas tomber complètement dans l’individualisme? On a posé la question à des pros.
Être centré sur soi-même est incontournable lorsqu’on suit une thérapie. Comme le résume la psychologue Janick Coutu: «la thérapie permet de se connecter à soi pour comprendre nos émotions, nos besoins et nos limites. Tout ça, on l’apprend en cherchant en nous».
Et cette nécessité de se comprendre et de se faire comprendre n’est pas acquise pour tous.tes, ce qui peut, oui, engendrer des maladresses auprès de notre entourage: «Si j’ai toujours eu de la difficulté à m’affirmer, nommer mes frustrations et mettre mes limites, c’est sûr qu’au début ça va sortir croche. Je peux avoir l’air centré sur moi», explique Geneviève Beaulieu-Pelletier, elle aussi psychologue.
Parmi ces maladresses, on compte notamment le fait de souvent modifier des plans à la dernière minute sous prétexte de respecter ses propres limites, ou encore accuser une amie de nous faire sentir mal aimé et insecure à son souper de fête parce qu’on n’est pas seule à seule avec elle, si on se fie un récent article du magazine américain Bustle qui traite justement des limites du self-care.
Nos intervenantes nous rassurent: apprendre à partager son ressenti, c’est comme apprendre à marcher : «Cela peut-être maladroit au départ, mais ça s’équilibre avec le temps», explique la sexologue et psychothérapeute Marie-Pier Tanguay.
Outre l’essai-erreur, voici tout de même quelques trucs qui peuvent aider le vivre-ensemble alors qu’on travaille sur soi:
1. Avertir les autres de notre processus
On peut avertir son entourage du travail que l’on fait en thérapie et de nos objectifs: «Dire à son entourage qu’on est en train de travailler à établir ses limites, que ça peut qu’il y ait des maladresses et qu’on pourra faire des retours pour savoir comme ça se passe chez les deux parties», peut créer une plus grande compréhension, explique Janick Coutu. Gardez en tête que ces nouveaux acquis peuvent surprendre votre entourage s’ils ne sont pas habitués d’entendre vos besoins.
2. Prendre le pouls
Justement, faire des retours et prendre le pouls des gens qui nous entourent peut aider : «Si on veut maintenir une relation, on ne veut pas blesser l’autre. C’est donc important de se mettre dans la peau de l’autre», mentionne Geneviève Beaulieu-Pelletier. «On peut dire à l’autre : « n’hésites-pas à me le dire si je te blesse : il faut en parler »».
3. Fixer des objectifs réalistes et respecter ses limites
Faire des plans réalistes, c’est «mettre les meilleures conditions de son côté et être avec des personnes de confiance», résume Marie-Pier Tanguay. Si on a tendance à faire des crises de panique en public, on peut par exemple demander à nos ami.e.s de se voir pour une marche ou à la maison, au lieu d’aller dans un restaurant ou un bar bruyant bondé de monde. Cela peut éviter de devoir annuler des plans à la dernière minute et ainsi créer de la déception ou du ressentiment chez nos proches.
Bien que l’état mental peut justifier des actions, il ne doit toutefois pas devenir un prétexte pour se déresponsabiliser de certains comportements qui blessent les autres, par exemple, ne pas se présenter à une date parce qu’on en a pas l’énergie mentale. «Si ta thérapie te demande 125% de ton énergie vitale, il vaut mieux éviter de dater le temps que ça se replace», mentionne Marie-Pier Tanguay.
4. Faire preuve d’empathie envers soi et envers les autres
Être indulgent.e et doux.ce envers soit, c’est important, mentionnent nos trois intervenantes. Car suivre une thérapie peut être difficile. On a besoin d’être son propre allié.e et que les autres nous épaulent dans ce processus, même si on peut faire des erreurs en cours de route.
Et l’entourage, que peut-il faire?
On peut encourager et valider ce que la personne près de nous qui suit une thérapie ressent ou nomme peut faire du bien, mentionne Janick Coutu: «Ça n’implique pas d’être d’accord, mais plus d’accueillir les besoins et les émotions des autres», explique-t-elle.
Si la relation avec la personne qui suit une thérapie devient trop souffrante, on a le droit de se laisser du temps séparé : «Ce n’est pas parce que je suis contrariée et déçu.e que je ne suis pas empathique. C’est correct de s’écouter là-dedans si la situation est très irritante et que la communication n’est pas possible», mentionne Janick Coutu. On peut toutefois le nommer respectueusement et ne pas couper les ponts du jour au lendemain sans explication.
Et pour tout le monde, Marie-Pier Tanguay conseille de prendre quelques moments dans sa journée pour se demander comme on va, qu’est-ce que l’on ressent et respirer. Cela permet de moins accumuler d’émotions en nous et de mieux se comprendre, afin de se faire comprendre.