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Vignoble, caviste, SAQ: où acheter son vin québécois? 

Dans une boutique spécialisée, à la SAQ, directement chez le vigneron : où devrait-on acheter notre vin québécois? Métro a investigué auprès des principaux.ales intéressé.e.s. 

Peut-être avez-vous remarqué au cours des dernières années que l’offre en vin québécois à la SAQ a grandement augmenté. « On fait une place à tous les vins du Québec. Nous sommes très fiers de cette industrie », indique à Métro Linda Bouchard, agente d’information pour la SAQ. 

Vigneron.ne.s, sommelier.ère.s, cavistes : tout le monde s’entend pour dire que la SAQ fait maintenant de grands efforts pour promouvoir le vin québécois. Mais historiquement, ça n’a pas toujours été le cas. 

Charles-Henri De Coussergues, vigneron et copropriétaire du Vignoble de l’Orpailleur situé à Dunham, vend ses produits à la SAQ depuis 1996. Il se souvient qu’à l’époque ce n’était pas évident pour un vigneron de rentrer à la SAQ. « On avait l’impression qu’on dérangeait », mais les choses ont bien changé aujourd’hui et la société d’État s’est adaptée à la réalité québécoise, estime-t-il. 

« Avant, si tu n’avais pas un certain volume, on ne te prenait pas. Aujourd’hui, la SAQ est même demandeuse de petits volumes, car il y a une grande demande. On n’aurait jamais vu ça il y a quelques années », affirme le vigneron.  

Pour les vigneron.ne.s, la SAQ est une vitrine importante qui offre une belle visibilité à leurs produits. Elle leur permet aussi de rendre leurs produits beaucoup plus accessibles, puisqu’elle livre partout au Québec. « Tu peux commander sur SAQ.com et tu vas recevoir ta commande autant à Rouyn-Noranda qu’aux Îles-de-la-Madeleine », illustre Ève Rainville, copropriétaire du vignoble Domaine Bergeville dans les Cantons-de-l’Est. 

La SAQ semble d’ailleurs vouloir proposer toujours plus de vins québécois, remarque Louis-Philippe Mercier, propriétaire et cofondateur de la boutique La Boîte à Vins, qui se spécialise dans la vente de vins d’ici. « Ils disent oui à tout ce qu’on leur propose et en voudraient toujours plus », renchérit Ève Rainville. 

Pas toujours le meilleur endroit 

Mais comme l’indique la sommelière Michelle Bouffard, certains vins québécois ne se retrouveront jamais à la SAQ. Selon elle, certains petits producteur.trice.s n’ont pas intérêt à vendre leurs produits à la SAQ puisqu’ils n’ont pas besoin de la visibilité qu’elle offre, leurs vins se vendant déjà très rapidement.  

« Le milieu du vin québécois n’a jamais été aussi dynamique et bouillonnant qu’en ce moment, estime la sommelière, mais ce n’est pas à la SAQ que ça va se passer. » C’est plutôt en étant en contact directement avec des vigneron.ne.s et en visitant les épiceries fines et cavistes que l’on peut faire de meilleures découvertes, croit-elle. L’offre dans ces endroits est plus grande qu’en SAQ. 

La SAQ reste donc intéressante surtout pour les gros producteur.trice.s comme l’Orpailleur puisqu’elle leur permet d’écouler de gros volumes, croit Louis-Philippe Mercier.  

Sans compter le fait que la SAQ se prend une importante marge de profit, soit environ la moitié du prix de la bouteille de vin.  

Vente directe et boutiques spécialisées 

À cet égard, les vigneron.ne.s font mieux en vendant leurs produits directement sur leur vignoble ou à travers leur site web où ils reçoivent 100 % du profit. Pour le consommateur, l’achat directement au vignoble est une expérience en soi, alors qu’il peut réellement entrer en contact avec le vigneron et comprendre sa philosophie. 

Les vigneron.ne.s peuvent aussi passer par les épiceries fines ou autres cavistes qui prennent une plus petite marge, généralement autour de 30 %, indique Louis-Philippe Mercier de La Boîte à Vins. 

De plus, il est beaucoup plus simple pour les vigneron.ne.s de faire affaire avec les cavistes qu’avec la SAQ. « Une poignée de main et c’est réglé », dit Charles-Henri De Coussergues, alors qu’avec la SAQ, ils doivent passer à travers un long processus bureaucratique.  

Les employé.e.s des boutiques spécialisées vont aussi offrir un meilleur service-conseil que ceux de la SAQ, estiment les vigneron.ne.s interrogé.e.s par Métro.  

« Ce sont de bons ambassadeurs. Ils n’ont pas autant de produits à gérer. Ils ont du temps à passer avec le client et la plupart sont des mordus de produits locaux qui se documentent bien et nous demandent beaucoup d’information », rapporte le propriétaire de l’Orpailleur, qui vend seulement trois de ses bouteilles à la SAQ. 

Ève Rainville du Domaine Bergeville ne vend pas les mêmes produits en SAQ que chez les cavistes. Ses bulles apéro, un produit plus classique, sont distribuées par la SAQ tandis que ses produits plus nichés sont vendus en boutiques spécialisées puisqu’elle sait que les employé.e.s seront en mesure de bien les décrire. 

Évidemment, rien n’est parfait et une bouteille vendue dans une boutique spécialisée sera toujours plus chère qu’à la SAQ. « C’est une loi, indique Louis-Philippe Mercier. L’épicier n’a pas le droit de vendre un produit moins cher qu’à la SAQ. » On parle généralement d’une différence de deux à cinq dollars. 

Mais comme le souligne le propriétaire de La Boîte à Vins, en achetant dans une boutique spécialisée, «on encourage doublement l’économie locale. Une bouteille de vin locale dans un commerce local, c’est un deux pour un!». 

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