Environnement

Devenir végé pour sauver la planète… D’accord, mais comment? 

Hélène Schaff - Collaboration spéciale

Il faut réduire de manière radicale notre consommation de viande pour lutter contre la crise environnementale, affirme le dernier rapport du GIEC. Objectif louable, mais comment y arriver quand on est habitué au steak de bœuf plutôt que de tofu? Nous avons posé la question à quatre Montréalais nouvellement végétariens et à Loounie, créatrice culinaire spécialiste de la cuisine végétale.

Quatre personnes, quatre horizons différents. Une chose en commun: ils mangeaient tous de la viande quotidiennement.

Jocelyne a été «élevée à la viande»; Carl était un «carnivore insatiable»; Théo pensait «impossible» pour lui de devenir végétarien, alors que Golden redoutait son manque d’expérience en cuisine. Malgré les appréhensions et les habitudes culinaires, ils ont franchi le pas du végétarisme par conviction environnementale, pour le bien-être animal ou pour leur santé. Non sans difficultés.

Une culture de la viande

Malgré leurs expériences différentes, ils ont tous rencontré le même défi, celui relié aux changements d’habitudes alimentaires.

Caroline Huard, alias Loounie, le confirme : «C’est une charge mentale, on a des réflexes, des routines en cuisine qu’il faut changer.»

On vit dans une culture culinaire carnée.

Loounie

Carl et Théo ont fait leur transition du jour au lendemain, mais Golden et Jocelyne de manière graduelle. Loounie penche pour la deuxième option. Elle conseille, avant d’éliminer certains aliments, de commencer par en intégrer de nouveaux, pour éviter les carences alimentaires, mais aussi la sensation de privation, et ainsi s’assurer que le changement dure dans le temps.

Carl Grant / Photo: Gracieuseté

Commencer par s’informer sur les bases de l’alimentation végétarienne et essayer des recettes pour trouver celles qui vont plaire apparaissent comme deux étapes essentielles. En ce sens, Golden suggère de tester une recette par semaine. Il explique qu’«à la longue, on se constitue une nouvelle base de recettes suffisante pour le quotidien, et on diminue progressivement les quantités de viande consommées». Selon l’expérience de Théo, au départ, il vaut mieux planifier ses repas avec soin. Mais par la suite, on est capable de faire son épicerie facilement avec de nouveaux réflexes.

Theo Ndereyimana / Photo: Gracieuseté

Les classiques carnés en version végé

Loounie souligne l’importance d’apprendre à traduire ses classiques (par exemple la sauce à spaghetti végé) et à cuisiner de nouveaux ingrédients, comme les légumineuses ou le tofu. Jocelyne trouvait le tofu «insipide avant d’avoir appris à le cuisiner». Mais après coup, il se révèle un ingrédient incontournable qui peut par exemple remplacer le poulet chaud ou froid, dans les salades, sandwichs ou encore les bols-repas.

Caroline Huard alias Loonie / Photo: Gracieuseté, Loonie

Passer du temps à cuisiner est-il alors inévitable? Certes, un investissement personnel est nécessaire au départ. Mais, pour les plus pressés, de nombreuses options végétaliennes sont proposées par les restaurants et épiceries. Parmi la vaste gamme de produits offerts, certains sont toutefois plutôt coûteux et d’autres, ultra-transformés. Après un temps d’adaptation, Golden affirme pouvoir faire un lunch maison très rapidement. Son favori? «Les légumes et houmous dans une tortilla.»

Enfin, «il faut apprendre à repenser son assiette», affirme Loounie. Alors qu’on était habitué à une viande et un accompagnement, une assiette végé pourrait ressembler à un ragoût de légumineuses avec des grains nutritifs.

Le bilan de l’expérience? Au-delà du sentiment de fierté que tous partagent, Carl se sent «plus léger», Théo apprécie l’influence qu’il a sur son entourage et Golden s’est découvert un nouvel intérêt pour la nutrition. Leurs habitudes ont changé et ils ne considèrent pas revenir en arrière.

Jocelyne Lavoie / Photo: Gracieuseté

Seule Jocelyne peine à trouver autant de plaisir à manger qu’avant. En riant, elle se définit comme «une végétarienne avec des rechutes». Loounie, elle, est convaincue que l’alimentation végétale peut être goûteuse, elle en a fait son cheval de bataille et propose deux livres à ce sujet. Quant aux rechutes de Jocelyne, l’important selon elle n’est pas d’être parfait. « Si 90% de la population diminue sa consommation de viande de 30%, ça fait déjà une belle différence», conclut-elle.

Ils recommandent:

La cuisine de Jean-Philippe de Jean-Philippe Cyr, Éditions Cardinal
Loounie cuisine 1 et 2 de Caroline Huard, KO éditions
Les recettes de Ricardo
Simplissime: les recettes végétariennes et vegan les + faciles du monde de Jean-François Mallet, éditions Hachette Pratique
Le documentaire sur l’impact de l’élevage industriel sur l’environnement Cowspiracy: le secret de la durabilité, Netflix, 2014

Définitions:

Flexitarien: personne qui adopte une alimentation réductionniste en viande, avec une majorité de végétaux, mais sans éliminer complètement les aliments d’origine animale
Végétarien: personne qui adopte une alimentation sans chair animale, sans viande ni fruits de mer
Végétalien: personne qui adopte une alimentation exclusivement à base de végétaux, sans viande, ni œufs, ni produits laitiers
Végane: personne qui adopte un mode de vie qui vise à ne pas utiliser les animaux comme une commodité, en plus d’une alimentation végétalienne, en éliminant par exemple les articles en cuir, les cosmétiques testés sur les animaux, etc.

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