TRIBUNAL. Pour avoir abusé sexuellement de sept garçons en début d’adolescence sous sa responsabilité, alors qu’il enseignait au Séminaire Saint-Alphonse de Sainte-Anne-de-Beaupré, la couronne demande une peine d’incarcération allant jusqu’à 4 ans contre le rédemptoriste Jean-Claude Bergeron.
Pour justifier sa suggestion, Me Carmen Rioux a rappelé que l’accusé était une personne représentant la confiance et la sécurité pour ces jeunes plaignants. Profitant de sa situation d’autorité et de la proximité des victimes, Bergeron a abusé d’eux alors qu’il était responsable du dortoir où dormaient les élèves pensionnaires. Il a pratiqué sur eux des attouchements allant jusqu’à la masturbation, dans des situations de nudité parfois complète pour des raisons évoquées de vérification de leur hygiène corporelle.
«L’accusé a usé de faux motifs éducatifs, dont la guérison de problèmes urinaires, pour camoufler ses intentions. Il se donnait ainsi le moyen de tromper les jeunes garçons honteux en cachant ses abus sexuels», plaide Me Rioux. Parmi les facteurs aggravants, elle cite la répétition des délits sur une longue durée, la préméditation, le grand nombre de victimes mineures et l’abus de confiance envers les parents.
En raison des séquelles rapportées par les victimes dans le cadre de leurs témoignages, qui vont de la perturbation de leur vie sexuelle à la dépression, en passant par des sentiments de culpabilité et d’humiliation, elle réclame entre 3 ans et demi et 4 ans de pénitencier. Une interdiction de fréquenter des jeunes de moins de 16 ans durant les cinq ans suivant son retour en liberté devrait s’ajouter.
Excuses
L’avocat de la défense, Me Michel Massicotte, a débuté ses représentations sur la peine contre son client en lisant une lettre dans laquelle Jean-Claude Bergeron reconnaît ses torts. Il y demande des excuses pour ses gestes inappropriés qui n’ont pas leur place et se dit prêt à en assumer les conséquences. À son avis, l’homme de 75 ans sans antécédents judiciaires devrait pouvoir bénéficier d’une peine à purger dans la collectivité.
«Depuis son arrestation, en septembre 2010, le père Bergeron a été largement puni par la société et sa congrégation. Celle-ci a mis fin à ses responsabilités de préparation des futurs prêtres, ainsi qu’à toutes ses activités sacerdotales. De plus, à ses apparitions répétées dans les médias s’ajoute une seconde arrestation en raison de la poursuite civile intentée pour les mêmes faits», a justifié Me Massicotte rappelant que les événements pour lesquels son client a été reconnu coupable remontent à plus de 40 ans.
Le juge Jean-Pierre Dumais a pris les représentations en délibéré et rendra sa décision le 16 mai.
Québec Hebdo