TRIBUNAL. Responsable d’un grave accident de la route au cours duquel deux de ses amis ont perdu la vie, Anthony Dumas aura du temps pour réfléchir aux raisons qui l’ont fait ignorer plusieurs avertissements préventifs de ne pas prendre le volant le soir du drame. Le juge Christian Boulet l’a condamné vendredi matin à purger 5 ans de pénitencier pour son imprudence fatidique.
Plus tôt l’automne dernier, l’accusé âgé de 22 ans avait plaidé coupable à deux chefs d’accusation de conduite avec les facultés affaiblies causant la mort. Le magistrat en a tenu compte dans le prononcé de sa sentence. Composée de deux peines concurrentes de 5 ans d’emprisonnement, moins les 20 jours de détention préventive, la peine se complète d’une interdiction de conduire de 4 ans après sa remise en liberté. La couronne représentée par Me Jean-Philippe Robitaille suggérait 6 ans, tandis que la défense représentée par Me Carl Thibault proposait 3 ans.
Dans la nuit du 18 au 19 septembre 2014, après une soirée bien arrosée sur la Grande Allée avec des amis étudiants comme lui en électricité, Dumas s’est entêté à prendre le volant de la puissante Lexus de son père. Malgré les conseils de deux amis aussi éméchés que lui, qui ont suggéré de prendre un taxi comme eux, et de deux passants qui, voyant son état d’ébriété avancé, lui ont même suggéré de le raccompagner, le conducteur téméraire a néanmoins voulu rentrer chez lui par ses propres moyens.
Il a faussement rassuré tout le monde en prétextant qu’il était membre de Tolérance Zéro et qu’il allait appeler le service de raccompagnement. N’en faisant qu’à sa tête, il a conduit la Lexus avec à bord ses amis William Bureau 19 ans et Jean-Philippe Rochette 23 ans. En route, des témoignages rapportent que l’accusé adopte des comportements erratiques et excède les limites de vitesse.
Vers 0h20, le drame se produit sur l’autoroute Laurentienne, à la hauteur du boulevard Wilfrid-Hamel. Sous la force de l’impact, le véhicule est sectionné en deux. Des analyses de vitesse estiment que l’accident s’est produit à près de 200km/h. Le décès des deux victimes est constaté sur les lieux. Dumas s’en tire avec un traumatisme crânien. Il a été conduit à l’hôpital, où il a déclaré en larmes vouloir également mourir en apprenant la mort de ses deux amis.
Analyse
Dans son analyse, le juge Boulet a tenu compte de plusieurs circonstances atténuantes, dont le jeune âge du chauffard, l’absence d’antécédents, son plaidoyer de culpabilité et ainsi que les remords exprimés, ainsi que le faible risque de récidive et son potentiel de réinsertion dans la société. Il a aussi considéré la mort des deux victimes, le traumatisme aux familles, de même que le fait qu’il affichait un taux d’alcoolémie supérieur à 160mg alors qu’il était visé par la mesure «zéro alcool» et a fait fi à quatre reprises de suggestions de ne pas conduire.
Précisant que la sentence se devait d’être juste et dissuasive, le magistrat a rappelé que chaque année les accidents dus à l’alcool causent en moyenne 160 décès, 370 blessés graves et 1900 blessés légers. Le coût des indemnisations aux victimes de la route est estimé à 90M$ par an.
Pour son grand malheur, Dumas avait la conviction que son père ne serait pas content qu’il laisse sa Lexus neuve toute une nuit au centre-ville. Le jeune homme résident de Beauport a pris le chemin des cellules en saluant les membres de sa famille en pleurs.
Québec Hebdo