Avec près d’un an de retard, en raison des défis que cachait cette tâche ardue, la Ville de Québec dresse un premier Portrait des boisés présents sur son territoire. L’outil de référence couvrant l’ensemble du périmètre d’urbanisation vise à concilier la protection de ces espaces naturels avec le développement urbain. Or, cette intention ne veut pas dire qu’il n’y aura plus jamais de coupe d’arbres dans l’avenir, bien au contraire.
En effet, 17% de la superficie boisée dans le périmètre d’urbanisation est actuellement concernée par un projet de développement. Cela représente quelque 562 hectares sur les 3249 que dénombre le Portrait des boisés. Plus concrètement, 30 projets sont envisagés sur environ 50 des 600 boisés urbains répertoriés. Ceux-ci se répartissent en 25 projets résidentiels (cumulant 7528 logements sur 324 hectares) et cinq projets industriels (1,4M de m2 de superficie constructible sur 238 hectares).
«En cours de planification, ils ne sont pas encore approuvés par le conseil municipal et n’ont pas fait l’objet de résolution du côté des arrondissements. Pour chacun de ces projets, trois scénarios de conciliation sont possibles avec les promoteurs, soit la conservation entière, partielle ou nulle. Cette dernière option reste exceptionnelle, par exemple si la Ville identifiait le besoin d’ajouter un parc avec des installations sportives ou récréatives dans un secteur», explique Guillaume Neveu, directeur de projet.
Il précise que différents critères d’analyse sont pris en compte pour orienter le niveau de conciliation, comme la présence de cours d’eau ou de milieux humides, ainsi que la présence d’habitats fauniques ou floristiques protégés. Les fortes pentes, la qualité écologique des boisés, le zonage en vigueur et les besoins en habitation et en espaces industriels sont également considérés.
Préservation vs étalement urbain
«La conciliation entre la conservation des boisés et le développement constitue un enjeu important. Certes, on veut préserver le maximum de biodiversité pour lutter contre les changements climatiques. En même temps, pour freiner l’étalement urbain il faut pouvoir offrir des terrains pour développer et densifier le territoire municipal», indique Marie‑Josée Asselin, vice-présidente du comité exécutif responsable de l’environnement et de la foresterie urbaine.
Saluant le travail transpartisan qui a mené à la réalisation du Portrait des boisés de Québec, elle estime que le nouveau Plan d’urbanisme et de mobilité sera un outil privilégié pour aborder cette nécessaire conciliation. Ce document de planification stratégique doit notamment inclure des orientations et des mécanismes prévus à cette fin. Dans un avenir prochain, les citoyens seront invités à prendre part à la réflexion.
Caractéristiques des 600 boisés identifiés
- 146 boisés sont inaccessibles, c’est-à-dire physiquement déconnectés des réseaux urbains (rues, trottoirs, sentiers piétons et multifonctionnels).
- 166 boisés sont situés dans un parc municipal ou un espace public.
- 288 boisés sont des propriétés privées détenues par des promoteurs immobiliers.