Début d’année difficile pour le couvert boisé dans le parc Robitaille du secteur Champigny à Sainte-Foy. La Ville de Québec doit procéder à la coupe des frênes afin de contrôler l’infestation de l’agrile. Les citoyens inquiets ont déploré l’ampleur de l’opération ainsi que le manque de communication des autorités municipales.
En assemblée du conseil d’arrondissement, les élus ont admis certaines lacunes dans la transmission de l’information. Pour corriger le tir, ils ont invité le responsable de la foresterie urbaine, François Légaré, à participer à la période des questions en plus de rencontrer les citoyens sur place.
L’expert s’est employé à rassurer les résidents qui craignent des impacts environnementaux à long terme sur la canopée, ainsi que sur l’érosion des berges du cours d’eau qui traverse le parc. Il a notamment expliqué en détail l’opération d’abattage de même que la nécessité de procéder promptement, pour des raisons d’efficacité et de sécurité.
«Malheureusement, l’infestation d’agriles est entamée et rien ne pourra l’arrêter. Nos interventions ont commencé dans l’ouest du territoire, à Cap-Rouge, et progressent vers l’est. Des pièges installés dans les sites surveillés démontrent un accroissement de la présence de l’insecte ravageur. La progression est fulgurante, si bien que des arbres en apparence sains se dégradent en moins de deux ans», précise M. Légaré.
Double problème
Dans le cas des frênes, la problématique est double. Ce qui n’est rien pour aider. D’une part, l’agrile est un insecte venu accidentellement de l’étranger qui n’a pas de prédateur naturel en Amérique du Nord. D’autre part, ces arbres appréciés pour leur croissance rapide ont le défaut qui vient avec, soit d’être particulièrement fragiles. Ses branches se cassent facilement et encore davantage lorsqu’ils sont affaiblis. Une visite du parc a permis de constater que déjà d’immenses sections de frênes sont tombées au sol.
«Pour des raisons évidentes de sécurité, tant pour les usagers du parc que pour les cours résidentielles voisines, mais aussi pour ne pas perdre le contrôle de la situation, une intervention immédiate est requise. Nos équipes opèrent dans le respect du programme mis en place par la Ville en fonction des connaissances technoscientifiques actuelles. Nous n’agissons pas de gaité de cœur. S’il y avait une autre solution, nous procèderions autrement. Hélas, l’infestation est irréversible et n’épargne aucun frêne», indique l’expert en foresterie urbaine à Québec, qui dit préférer sauver plutôt que couper les arbres.
Questions en rafale
Voici les réponses de François Légaré à quelques-unes des questions posées par de nombreux résidents inquiets pour la verdure dans le quartier Champigny:
- Pourquoi ne pas procéder par étape, en abattant uniquement les frênes attaqués par l’agrile? «D’abord, une fois débutée l’infestation est fulgurante. En procédant de façon draconienne une seule et unique fois, on empêche d’aggraver la prolifération ailleurs. Et, surtout, on évite de revenir chaque année perturber le site et nuire à sa régénération naturelle.»
- Serait-il possible d’opter pour l’injection de biopesticide pour préserver le maximum de frênes en bon état? «Il existe en effet un produit appelé TreeAzin, qui permet seulement de prolonger l’espérance de vie de l’arbre sans le guérir. En plus d’être très dispendieux, son effet est de courte durée (12 à 24 mois) et les injections possibles uniquement sur les gros arbres doivent être répétées régulièrement. Si bien que cette option est réservée essentiellement aux frênes ornementaux, comme ce sera le cas pour la douzaine qui bordait l’allée principale de l’ancienne propriété de la famille Robitaille.»
- Est-ce que tous les arbres du parc devront être rasés? «Absolument pas. Nous devons abattre environ 350 frênes qui se trouvent dans le parc Robitaille et sa prolongation vers le petit parc Rosée-Nordet. Cela représente environ 19% du couvert boisé et nous allons les remplacer en plantant des arbres indigènes bien adaptés au milieu.»
- Y a-t-il une raison pour procéder à l’abattage massif dès maintenant? «Les normes environnementales en matière de gestion de la prolifération de l’agrile recommandent justement de couper les frênes infestés en hiver. Cela permet de limiter la propagation de l’insecte ravageur ailleurs sur le territoire, tout en limitant les dommages causés au sol grâce au coussin de neige.»
Plus d’information sur le site Internet de la Ville de Québec pour connaître sa stratégie de lutte contre l’agrile et sa vision à long terme.