Les prévisions annoncées par MétéoMédia qualifient d’ores et déjà cet hiver à venir de «coriace, tenace et riche en tempêtes».
De la neige en abondance et peu de répit
Québec réunit toutes les conditions pour recevoir une importante proportion de neige cet hiver. En cause, un vortex polaire envahissant et le positionnement de Québec dans «l’axe d’un corridor actif» qui permettent d’anticiper de nombreuses tempêtes.
Le vortex polaire qui se situe normalement sur le dessus du Pôle Nord s’est précocement scindé en deux. Il place ainsi «les anomalies les plus froides à l’écart» tout en conservant «une anomalie douce sur la côte-est américaine». Ce cocktail favorise donc le passage de nombreux systèmes et une abondance de précipitations mixtes. «On ne prévoit pas nécessairement 400 cm de neige pour cette année, mais tous les éléments sont réunis pour parler d’un hiver où il faudra aiguiser sa pelle et la tenir pas très loin», prévient d’emblée Patrick De Bellefeuille, présentateur et spécialiste en changement climatique chez MétéoMédia.
Par ailleurs, les Québécois auront le sentiment d’un hiver long avec peu de moments de répit. «Nos prévisions nous annoncent un hiver qui sera possiblement un peu plus coriace que ceux auxquels nous sommes habitués depuis une dizaine d’années, prévient le spécialiste. Les températures seront froides et on ne prévoit pas de nombreux redoux. À partir de la deuxième semaine de décembre, nous allons nous engouffrer dans l’ère du froid et y rester au moins jusqu’à fin janvier avec des poussées froides que l’on espère moindres, mais que l’on devra subir.»
Le réchauffement climatique déforme le courant-jet
Avec un mois de novembre particulièrement chaud pour la saison, l’hiver a fait une entrée fracassante dans le paysage québécois. «Ce genre de bascule arrive de plus en plus souvent. Durant l’été, à sept reprises, nous avons perdu entre 10 et 12°C en 24h.»
Ce phénomène est provoqué par la hausse des températures au Pôle Nord. «La calotte glaciaire se réchauffe et fond, il y a donc moins de différence de température avec nos latitudes.» Conséquence: le réchauffement impacte directement le courant-jet qui se déforme à cause des températures plus élevées du Pôle Nord.
Pour expliquer cette tendance, Patrick De Bellefeuille compare le courant-jet à une voie altérée par le réchauffement climatique. «Le courant-jet est l’autoroute des systèmes, il se positionne entre le chaud et le froid. Imaginez-vous en voiture, vous roulez sur une autoroute parfaitement droite, vous pouvez facilement atteindre les 130 km/h. En revanche, sur une route sinueuse c’est difficile d’aller très vite. La météo c’est pareil. Quand ce courant-jet se déforme, tout se déplace lentement et peut même entraîner des blocages.»
En raison du corridor actif bien présent dans la vallée du Saint-Laurent, plusieurs tempêtes sont attendues. L’abondance de neige est anticipée au Québec cet hiver, ce qui est une excellente nouvelle pour profiter des activités extérieures.
André Monette, chef de service de la météorologie à MétéoMédia
On estime que le réchauffement planétaire depuis l’ère industrielle se situe entre 1.1°C et 1.2°C. Pour les latitudes qui concernent l’Arctique, ce réchauffement est multiplié par sept. «On parle donc d’une différence de 12°C pour ces zones. Ça reste tout de même le gros hiver, mais nous n’avons plus ces différences extrêmes de températures. En conséquence, le courant-jet devient plus mou, et il se déforme», image-t-il.
Cette déformation est directement responsable des changements météorologiques observés ces dernières années au Canada. «C’est ce qui explique que lorsque nous atteignons des records de chaleur pour le mois de novembre, les prairies canadiennes connaissent des neiges hâtives, en grande quantité et des froids mordants très présents. C’est le courant-jet déformé. Nous étions du côté chaud, eux du côté froid.»
MétéoMédia prévoit pour les prochaines semaines une météo qui évolue rapidement et subitement, elle invite donc la population à consulter régulièrement les bulletins prévisionnels.