Créer des jeans durables, stylés et si confortables qu’on pourrait les porter même en faisant le chien tête en bas? C’est l’idée derrière Yoga Jeans, la marque d’Éric Wazana, grand amoureux de la méditation, de la mode et du denim. Entretien.
Yoga Jeans en chiffres
Année de fondation: 2005
Nombre d’employé.e.s: 33
Croissance annuelle moyenne: 12%
Nombre de jeans vendus chaque année: 500 000
www.fr.yogajeans.ca
Ça fait plus de 15 ans que vous créez et imaginez de nouveaux jeans pour la marque, mais d’où vous vient cette passion créative pour le jean?
«C’est vrai que j’ai toujours adoré le denim depuis que je suis tout jeune. Je pense que ce qui me plaît, c’est que c’est une matière vivante, qui a une âme dans le sens où elle évolue avec vous. Plus vous portez votre jean, plus il devient doux et, selon comment vous vous asseyez, il va prendre certains plis uniques et, avec le temps, il finit par vous ressembler de plus en plus. Aussi, c’est un matériau que je trouve très inspirant parce qu’on peut faire beaucoup de choses pour lui donner de la personnalité.
Il peut être brut, teint ou blanchi, on peut imprimer des motifs et, selon la coupe, on peut exprimer des styles complètement différents. Je dis souvent que quand tu t’habilles, le top reflète comment tu te sens cette journée-là, alors que le jean, c’est qui tu es. Il y a vraiment cette authenticité!
Tout ce qui manquait, selon nous, c’était le confort, donc on est allé chercher des coupes et des techniques pour améliorer cet aspect-là, par exemple en travaillant avec des denims plus élastiques et des coupes qui épousent mieux les courbes.»
Pour l’instant, vos collections sont entièrement féminines. Est-ce dans vos plans de faire un jour des jeans pour homme?
«Je fais mes propres jeans depuis plus de 10 ans et oui, on a déjà pensé à lancer Yoga Jeans pour homme. On voulait le faire juste avant la pandémie, mais finalement ça a pris plus de temps. Donc il n’y a pas de date officielle en vue pour lancer cette ligne pour hommes, mais on travaille très fort sur un modèle qui va changer la donne pour les hommes en quête de confort.
Si on ne l’a pas fait plus tôt, c’est que lorsqu’on a commencé à avoir vraiment le vent dans les voiles, il y a 10 ans environ, l’association entre les hommes et le yoga n’était pas évidente, parce que c’était vu comme une activité pas très virile. Aujourd’hui, tout le monde fait du yoga, donc le marché est plus prêt à embarquer dans un concept comme celui-là.»
En 2011, vous avez fait l’acquisition d’une usine de fabrication de jeans en Beauce pour réaliser une partie de votre production au Québec. Avez-vous l’ambition de produire à 100% ici éventuellement?
«Malheureusement non. Si tout le monde pouvait payer 250 $ ou 300 $ pour un jean, ça ne serait pas un problème, mais la réalité, c’est qu’on essaie d’avoir un prix quand même raisonnable pour un produit de qualité qui est super polyvalent et que la cliente pourra porter souvent et pendant des années. C’est pour ça que la grande majorité de nos jeans ne sont pas faits ici.
La plupart de nos jeans se vendent entre 138 et 168 $, mais si on les fabriquait uniquement ici au Québec, nos prix atteindraient quasiment le double.»
Quand on pense à l’industrie du jean, on a plein d’images de pollution en tête. Comment faites-vous pour vous assurer que tout ça se fait de la manière la plus éthique et responsable possible?
«Un jean, c’est quand même un jean, faut pas se mentir, donc ça coûte de l’énergie et des ressources. Mais pour tout ce qui est des traitements pour le transformer, on fait appel à une compagnie en Espagne qui utilise une technologie laser plutôt que de passer le vêtement dans une machine à laver pendant 10 heures. On arrive donc à économiser beaucoup d’eau et à réduire le coût en GES. On est consciencieux et on travaille fort pour faire la différence à chaque étape de la fabrication.»
Maintenant que la marque est bien connue et établie ici, quels sont vos projets et vos envies?
«Côté design, en ce moment, on a vraiment envie de revenir à des coupes classiques intemporelles avec une petite touche vintage. Toujours confortables bien sûr!
En fait, on veut vraiment améliorer encore la durabilité de nos jeans et optimiser le cost per wear. Et côté business, on est en train de se relancer dans l’exportation vers l’Europe pour 2023-2024. On va aussi continuer à développer notre présence aux États-Unis.»
Votre meilleur conseil pour se lancer en affaires:
«Un jour mon papa m’a dit: “Tu sais Éric, c’est super important de connaître tes forces, mais ce qui est encore plus important, c’est de savoir dans quoi tu n’es pas bon et d’être bien entouré.” Je crois qu’il avait complètement raison. Une bonne équipe, avec une bonne synergie, c’est ce qui fait toute la différence.»
Un.e entrepreneur.euse qui vous inspire:
«J’aimerais rendre hommage à Alvin Segal qui est décédé l’automne dernier. Il était à la tête de la plus grosse compagnie de costumes habillés au monde [Peerless Clothing], qui fournissait les vêtements à une vingtaine de grandes marques comme Calvin Klein ou Ralph Lauren. C’était vraiment le roi des costumes et un homme d’affaires incroyable!»
Votre application favorite:
«Je ne vais pas vous mentir, je ne suis vraiment pas du type “applications”, mais j’adore la musique, ça me rend heureux, donc c’est un peu boring, mais je suis accro à Apple Music.»