Après une nomination aux Prix Juno et une tournée européenne qui s’achève, le groupe métal-hardcore québécois Get The Shot impose son style à l’international.
Formé il y a près de 15 ans à Charlesbourg, Get the Shot propose «une musique agressive et rapide fondée sur des valeurs communes». Nommé au Juno pour l’album métal/hard de l’année avec son opus Merciless Destruction, la participation du groupe à la cérémonie aura permis de mettre au-devant de la scène leurs compositions. «On n’a jamais fait cette musique pour avoir un succès commercial, mais cette nomination nous a fait du bien, explique Dany Roberge, bassiste et chanteur dans le groupe. Le fait que l’industrie canadienne nous reconnaisse, nous voit et puisse nous entendre, c’est une victoire pour notre art et le collectif.» Le prix sera finalement décerné au groupe originaire de Jonquière Voivod.
Porté par une communauté d’adeptes en Europe, Get The Shot remporte un franc succès outre-Atlantique et parvient à intégrer les programmations des plus grands festivals du genre comme le Hellfest ou encore le Summerbreeze. Bien que populaire au Québec, le bassiste regrette néanmoins le manque de couverture médiatique réservée à son groupe et ses performances. «Nous avons un rayonnement immense à l’étranger, nous allons jouer au Wacken [le plus gros festival de métal au monde qui a lieu chaque année en Allemagne] cet été. Il y a peu de groupes de Québec qui se sont rendus à ce niveau et nous n’avons pourtant pas cette reconnaissance chez nous», déplore-t-il. «Il y a d’autres communautés qui rayonnent à l’international, il n’y a pas que Céline Dion qui fonctionne bien à l’étranger», poursuit le chanteur. Le métal serait-il boudé par les grands médias québécois? «On sait que l’on fait une musique qui est corrosive, je pense que les médias traditionnels au Québec se penchent peu sur les scènes artistiques à contre-courant, plus en marge de la grande culture populaire», regrette-t-il.
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Militantisme et inclusivité
La musique extrême devient ainsi le porte-voix des membres pour condamner les injustices sociétales. «On se bat contre l’homophobie, le sexisme, le racisme, le fascisme, la brutalité policière. Ce sont les valeurs communes qui nous ont unis.» Le bassiste assure que leur composition est «un effort collectif» mais que les paroles sont entièrement assumées par le chanteur, Jean-Philippe Lagacé, également professeur de philosophie au Cégep de Lévis-Lauzon. «Les paroles reflètent son mal-être en société, cette distorsion d’une société davantage basée sur l’individualisme et moins le collectif. C’est cet inconfort que l’on tente d’exprimer en images poussées à l’extrême», avec des références rappelant les trames visuelles des films d’horreur.
Get The Shot rassemble désormais un public plus large et plus diversifié. «On tente d’avoir une scène de plus en plus inclusive. On touche des gens qui se sentent confortables dans cet espèce de chaos. Un concert de Get The Shot c’est de la musique très lourde, très agressive, mais il s’agit d’un chaos qui est un écosystème contrôlé, avec une violence justifiée à l’intérieur de ses murs», décrit Dany Roberge.
Get The Shot se produira pour deux dates au Québec avant de s’envoler pour un concert événement au Japon en mai et une tournée des festivals européens cet été.