SPECTACLE. Hommes dans le jour, femmes pendant la nuit, l’univers des drag queens demeure très méconnu. Pendant une soirée, Québec Hebdo a accompagné Lady Boom Boom et Gabry-Elle dans leur transformation.
(Photo TC Media – Marie-Pascale Fortier)
Une nouvelle série documentaire diffusée sur ARTV tente de démystifier, en huit épisodes, le métier de drag queen et s’intéresse à la démarche artistique de six drag queens québécoises.
Henri Delisle Langlois, alias Lady Boom Boom, et Gabriel Meagher-Gaudet, alias Gabry-Elle, deux drags de Québec, y racontent leur histoire et la façon dont ils abordent leur métier.
Henri, âgé de 20 ans, s’habille en femme depuis l’âge de 16 ans, mais pratique le métier de drag de façon professionnelle depuis ses 18 ans. «Tu ne décides pas vraiment de devenir drag, pour moi ça a juste été la suite logique de plein de questionnements. J’ai découvert ça et ça reliait toutes mes passions, c’était comme le chaînon manquant», a raconté le jeune homme avant d’entamer sa transformation.
Gabriel, 24 ans, explique que son chemin est complètement différent de celui de son collègue. «J’ai étudié en comédie musicale, j’ai joué la mère dans la comédie musicale Hairspray et on m’a demandé d’animer des cabarets, ça a commencé comme ça. J’ai passé des auditions et j’ai commencé à travailler ici».
La famille dans tout ça?
Henri se dit satisfait que le documentaire réalisé par Zone3 présente les familles des drag queens, même s’il estime qu’il ne fait qu’effleurer le côté personnel de leurs vies. «Ils ont montré nos familles, c’est déjà bien. Souvent, les gens croient qu’on est en rébellion et sans famille, mais c’est pas vrai».
Le nouveau venu dans le monde de la drag explique qu’il est difficile de montrer la démarche artistique aux gens qui ne s’y connaissent pas. «Pour eux, c’est officiellement un changement de corps, un mal de vivre. Il faut laisser le temps de comprendre le côté artistique derrière tout ça».
D’ailleurs il a été difficile pour lui de parler de son métier à sa mère. «Elle pensait que j’étais transsexuel, je suis pas mal sûr. En en parlant avec elle, je sais que ça ne serait pas un problème si je l’étais non plus», confie le jeune homme.
Aujourd’hui, il comprend toutefois mieux la réaction de sa mère: «elle voulait laisser la chance à mon frère de choisir son chemin par lui-même, sans avoir la pression de son grand frère qui s’habille en femme».
(Photo TC Media – Marie-Pascale Fortier)
La préparation
Les soirs de performance, les drags arrivent dans les loges vers 19h, alors que le spectacle débute vers 22h. Les garçons se gardent une trentaine de minutes pour jaser et commencent ensuite un long processus de préparation, qui dure près de trois heures. Les étapes peuvent différer selon les façons de faire de chacune des drag queens.
- Avant de commencer à se maquiller, les drags effacent toute trace de pilosité pouvant trahir leur masculinité.
- Le début de leur transformation consiste à faire leur teint et le contouring. Ils font d’ailleurs disparaître leurs sourcils pour ensuite leur donner la forme désirée. Il faut savoir que les maquillages de drags sont des maquillages de scène qui exagèrent les traits du visage.
- Vient ensuite le maquillage des yeux. Et le traçage des sourcils. Les drags complètent le look des yeux avec du mascara ou des faux cils. Les brillants sont souvent au rendez-vous.
- Elles maquillent ensuite leurs lèvres, une partie importante de leur maquillage. Souvent très colorées et exagérées, leurs lèvres attirent le regard.
- Avant de monter sur scène, les drags enfilent leurs seins, leurs perruques, leurs bas de nylon et leur costume et la transformation est finalement complétée. Elles sont fin prêtes à brûler les planches.
La série documentaire ILS de jour, ELLES de nuit est diffusé les vendredis soir à 19h30.
(Photo TC Media – Marie-Pascale Fortier)