Le Conseil de presse du Québec blâme «sévèrement» l’animateur de radio André Arthur, pour avoir traité les enseignantes de «maudites folles» et pour avoir fait un «amalgame entre les enseignantes et les pédophiles».
(Photo TC Media – Archives)
André Arthur est ainsi blâmé, tout comme la station BLVD 102,1 FM, pour avoir tenu en ondes des «propos méprisants» à l’endroit des enseignantes du Québec.
Au cours d’une intervention en ondes, en avril 2017, l’animateur avait critiqué le fait que les enseignantes au niveau primaire intervenaient, lors du repas du midi, en vérifiant le contenu des boîtes à lunch des enfants.
Il importe de souligner que la gestion des allergies alimentaires dans les écoles relève des commissions scolaires et que celles-ci émettent des directives à ce sujet aux écoles situées sur leur territoire, pour des raisons de santé et de sécurité.
Mais André Arthur s’en est pris aux enseignantes à ce sujet, les traitant 11 fois de «folles» et y ajoutant à plusieurs reprises «maudites» dans l’extrait étudié par le Conseil de presse.
«Les folles à l’école qui empêchent vos enfants de manger ci pis ça, c’est parce que quand il y avait des cours de biologie pis des cours de science au collège, ils l’ont poché. Ils savent pas de quoi y parlent, ils savent pas c’est quoi une allergie. C’est pas la responsabilité d’une idiote d’empêcher tous les enfants de manger du beurre de peanut», avait lancé en ondes l’animateur.
Le Conseil de presse a jugé que ses propos étaient discriminatoires, puisqu’ils visaient une profession, en particulier les femmes qui l’exercent, et qu’ils sont méprisants.
Le Conseil n’a toutefois pas retenu de faute par association pour le journaliste Pierre Blais, puisqu’il n’a pas participé activement aux propos tenus par André Arthur. Une des plaignantes avait soutenu que M. Blais aurait dû interrompre ou corriger André Arthur.
Le tribunal d’honneur de la profession a également retenu le grief pour avoir tenu des informations inexactes, puisqu’André Arthur avait laissé entendre que c’était les enseignantes qui décidaient des interdictions alimentaires.
Pédophiles
Pour ce qui est de l’amalgame qui a été fait entre les enseignantes et les pédophiles, l’animateur de radio avait tenu les propos suivants: «La doctrine de la pédagogie, au Québec, c’est « les parents sont incompétents; nous sommes les personnes compétentes; c’est nous ». Ça c’est la même attitude que les pédophiles. Si tu pognes un pédophile qui a taponné des petits enfants et que tu l’interroges sérieusement, il va toujours finir par te dire ceci: « les parents ne les aiment pas vraiment; nous autres, on les aime pour vrai vos enfants ». Cette attitude comme quoi on est mieux que les parents est partagée dans des domaines d’activités différents, l’autorité ou la sexualité, par les professeurs et les pédophiles.»
Le Conseil de presse le blâme cette fois pour avoir tiré des conclusions hâtives, non fondées et graves. Il retient donc le grief de manque de rigueur dans le raisonnement.
Là encore, il n’a pas retenu le grief de propos méprisants contre Pierre Blais.
Le Conseil de presse souligne, dans sa décision, que Jean-François Leclerc, vice-président de Leclerc Communication, avait «nié vigoureusement» que les propos dénoncés par les plaignantes avaient été tenus sur les ondes de BLVD 102,1 FM. Mais «les membres du comité ont pu l’écouter», souligne-t-il.
Le Conseil affirme avoir pris en compte les récidives d’André Arthur «qui a été blâmé à plusieurs reprises» pour avoir tenu des propos «haineux et méprisants» notamment.
Lorsqu’une plainte est retenue, comme c’est le cas dans la présente, «l’entreprise de presse visée par la décision a l’obligation morale de la publier ou de la diffuser».
La plainte avait été déposée par Caroline Trottier, Kéziah Poirier-Lamothe, Marguerite Charest et Francine Charon.
Lia Lévesque, La Presse canadienne