MONTRÉAL — La Sûreté du Québec (SQ) a procédé mardi à l’arrestation de 63 personnes, tous membres ou proches des Hells Angels à une exception près, soit un policier de Repentigny qui était de mèche avec la bande de motards criminalisés.
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Cependant, 16 autres suspects sont toujours recherchés à la suite de la vaste rafle menée dans plus d’une vingtaine de municipalités du Québec et du Nouveau-Brunswick.
La SQ estime avoir ainsi complètement démantelé trois réseaux de vente de stupéfiants, des têtes dirigeantes jusqu’aux distributeurs. La Sûreté estime que ces trois réseaux ont réalisé un chiffre d’affaires combiné de 10 millions $ sur une période de huit mois.
Les réseaux oeuvraient principalement dans le trafic de cocaïne et de drogue de synthèse. Certaines accusations font toutefois état de trafic de fentanyl ou de cannabis.
Parmi les personnes appréhendées ou visées par des mandats d’arrestation se trouvent quatre hauts dirigeants des Hells Angels à la tête des chapitres South, Trois-Rivières et Montréal, soit Michel Langlois, Daniel Giroux, Stéphane Maheu et Louis Matte.
Les deux derniers sont en fuite, alors que Daniel Giroux a été retracé en République Dominicaine.
Un autre acteur-clé du côté des fournisseurs, Carmelo Sacco, a également été épinglé.
Le policier arrêté est Carl Ranger, 40 ans, du Service de police de Repentigny. Celui-ci a déjà été suspendu trois jours sans salaire en 2015 par le Comité de déontologie policière qui l’avait trouvé coupable, avec deux collègues, d’avoir détenu illégalement un citoyen, en plus d’avoir fouillé son véhicule et saisi une partie de ses biens sans justification, incident survenu en 2011.
Carl Ranger, qui aurait agi comme courrier pour les trafiquants, fait face à des accusations d’abus de confiance et d’usage illégal d’un ordinateur ainsi que de trafic de stupéfiants.
L’ensemble des autres suspects sont aussi visés par des accusations liées au trafic de stupéfiants et, selon les cas, par des chefs de gangstérisme, de complot et plusieurs infractions liées aux armes à feu.
Ces arrestations font suite à des perquisitions menées en janvier et en février derniers dans plusieurs localités qui ont permis aux policiers de saisir, notamment, 21 kilos de cocaïne, 200 000 comprimés de drogues de synthèse, 2,5 millions $ et 34 armes à feu.
L’opération «Objection», qui a mené à la rafle de mardi, chapeautait quatre autres opérations menées notamment au Saguenay, dans l’Outaouais, dans la région de Montréal et sa couronne nord et dans le secteur de Granby et Cowansville en Montérégie.
Cette méthode d’intervention, qui consiste à scinder les opérations et à procéder à la cueillette de preuve afin de compléter les dossiers avant de passer aux arrestations, devrait permettre d’éviter les déraillements causés par l’arrêt Jordan, qui impose des délais beaucoup plus courts pour aller à procès.
Elle permet également de tenir plusieurs procès distincts de manière à contourner les embûches majeures rencontrées par le Directeur des poursuites criminelles et pénales lors de mégaprocès.
Pierre Saint-Arnaud, La Presse canadienne