À quelques semaines de la présentation du budget provincial, le maire de Québec, Bruno Marchand a présenté ses demandes au ministre des Finances Éric Girard. La Ville fixe ainsi un total de huit grandes priorités totalisant des investissements de 496 M$ dans la Capitale-Nationale, si elles sont toutes acceptées.
Sur les huit grandes priorités soulevées par la Ville, le maire Marchand s’intéresse particulièrement aux enjeux de quartiers abordables et durables ainsi que ceux de mobilité active. Selon ses demandes, la Ville souhaite ainsi que le gouvernement du Québec investisse 100 M$ sur cinq ans afin de permettre à la municipalité de «développer davantage de logements sociaux et abordables, particulièrement dans l’aire d’influence du tramway, afin de répondre aux besoins en logements, d’accueillir de nouveaux travailleurs, d’assurer une mixité sociale et d’éviter l’étalement urbain». Quant à la mobilité active, la Capitale désire obtenir une aide financière de 53,7 M$ afin de compléter la mise en œuvre de sa Vision de la mobilité active. La municipalité investira pour sa part une somme de 41,4 M$.
Toujours sujet du transport, la Ville de Québec demande au gouvernement provincial de lui accorder les mêmes pouvoirs que ceux accordés à la région de Montréal en ce qui concerne la redevance de transport à l’égard du Réseau express métropolitain. «Il est essentiel de développer de nouveaux outils financiers et fiscaux pour permettre aux sociétés de transport d’atteindre leurs objectifs et d’assurer le succès du transport en commun», soutient l’administration. Le maire se veut toutefois rassurant, la situation financière du Réseau de transport de la Capitale (RTC) n’est «pas la même» qu’à Montréal. «On a réussi ici au RTC à boucler nos budgets pendant les années de pandémie. Nos inquiétudes portent sur 2024 et 2025», a-t-il mentionné.
Itinérance et logement
En plus de la demande précédemment énoncée, la Ville souhaite que le gouvernement confirme le financement nécessaire pour la réalisation de 500 nouveaux logements sociaux et abordables par année durant cinq ans à Québec. Elle invite aussi le gouvernement à «mettre en place un nouveau programme de logement social ou de reconduire le programme AccèsLogis Québec» ainsi que «de lui octroyer une contribution financière de 25 M$ sur cinq ans afin de pouvoir effectuer le rachat et la rénovation d’immeubles à logements abordables». Une augmentation du nombre de logements admissibles au Programme de supplément au loyer est aussi souhaitée.
Sur la question de l’itinérance, l’administration municipale désire que «son rôle d’intervenant de proximité en matière d’itinérance» soit inscrit dans la Charte de la Ville de Québec. Elle demande également une contribution financière annuelle de 3 M$, soit 15 M$ sur cinq ans «afin de pouvoir maintenir et bonifier le soutien aux organismes communautaires qui interviennent auprès des personnes en situation d’itinérance ou à risque de l’être».
Infrastructures et main-d’œuvre
En matière d’infrastructure, la Ville de Québec désire résorber son déficit d’entretien accumulé. Elle souhaite donc ajouter un montant de 120 M$ par année pendant 10 ans, à répartir en parts égales entre les trois paliers de gouvernement. De cette façon, elle réclame «un soutien financier adéquat et prévisible du gouvernement afin d’assurer la pérennité des infrastructures municipales».
Dans un autre ordre d’idée, face au taux de chômage de 2,8 % en 2022, soit le plus bas au pays, la Ville soutient qu’elle «doit déployer des efforts considérables afin de répondre aux enjeux liés à la pénurie de main-d’œuvre sur son territoire». Elle désire donc obtenir les mêmes pouvoirs que Montréal en inscrivant à sa charte un «rôle d’intervenant de proximité en matière d’intégration des immigrants et des réfugiés à la société québécoise». Celui-ci permettrait «d’augmenter la capacité d’accueil de travailleurs étrangers afin de mieux répondre aux enjeux actuels de main-d’œuvre et de simplifier le processus de reconnaissance des diplômes et des acquis ainsi que l’accessibilité aux ordres professionnels.
Violence armée et santé mentale
Finalement, Québec demande également des ressources supplémentaires afin d’enrayer les crimes violents. «On a un corps policier qui fait un travail colossal. Maintenant, il y a aussi des contextes qui peuvent venir plus tard ici et on ne veut pas attendre que ce soit le cas avant d’agir», a justifié le maire Marchand. Ainsi la demande de la Ville est d’obtenir un appui financier de 63,3 M$ sur cinq ans «afin de déployer le plan d’action afin de bonifier et diversifier les stratégies ainsi que les capacités de la Ville de Québec dans sa lutte contre la violence armée».
Sur la question de la santé mentale, Québec désire «un appui financier de 13,7 M$ sur cinq ans afin de déployer un plan conjoint avec les organismes communautaires spécialisés œuvrant face aux enjeux en santé mentale sur le territoire de la ville». La Ville justifie sa demande en indiquant que les ressources communautaires spécialisées «sont submergées par l’augmentation des enjeux de santé mentale» et qu’«elles ne disposent pas de ressources suffisantes pour répondre à leur mission psychosociale et pour mettre en place des plans d’interventions durables».
L’ensemble du mémoire présenté par la Ville de Québec est disponible ici.
L’opposition dresse aussi sa liste d’épicerie
De son côté, l’opposition officielle a elle aussi présenté sa liste d’épicerie en attente du budget provincial. Dans un mémoire de cinq pages, on retrouve plusieurs demandes en matière d’habitation et de logement abordable, de culture et patrimoine, de mobilité et transport, de protection de l’environnement, de développement économique et de pénurie de main-d’œuvre, d’itinérance et de soutien aux organismes sociaux, ainsi que d’accessibilité universelle.
Parmi les requêtes, on retrouve «un encadrement plus serré» des logements qui se retrouvent à être transformés en hébergement touristique, une augmentation des enveloppes consacrées à la préservation du patrimoine bâti, la fermeture de la sortie François-de-Laval sur l’autoroute Dufferin-Montmorency «en attendant la transformation de l’autoroute en boulevard urbain».
Il est aussi souhaité par l’opposition que le gouvernement renouvelle son appui financier pour la mise en œuvre du Plan de mise en valeur des rivières de Québec. Elle réclame aussi la mise en place de «mesures urgentes» pour contrer la pénurie de main-d’œuvre et propose «le retour des Certificats de sélection du Québec accordé aux étudiants étrangers». En matière d’itinérance, la formation dirigée par Claude Villeneuve demande «une bonification» de 4,5 M$ afin de soutenir les organismes qui œuvrent auprès des personnes en situation d’itinérance.
L’ensemble du mémoire présenté par l’opposition officielle à la Ville de Québec est disponible ici.